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Même à distance j’aurai réussi à blesser cette fille.
J'ai comme au cœur une très légère oscillation. Quelque chose qui n’est pas de la tristesse bien que cela y ressemble. Quelque chose de résigné, comme un chagrin d’après les larmes. Cela fait mal mais il n’y a rien à combattre. Après s'être excusé, il n'y a plus rien à dire.
La distance n'empêche plus de se meurtrir. Et le silence devient hostile, au milieu de toutes nos connexions.
Je suis allée fumer mon aversion pour le silence sur le balcon. En écoutant 'Pass This On' de The Knife. La musique a toujours été le meilleur remède pour ça.
Je ne sais pas si je vais réussir à passer une bonne journée, une de plus à tourner en rond chez moi… J’ai envie de VENT. De sentir l’extérieur qui s’engouffre.
Sur le petit balcon, il n'y a pas de soleil. Le change la date de mon attestation de sortie et fais un rapide tour de mes placards. J'ai encore du frais, je ferai les courses demain.
Je croise quelques promeneurs, leur adresse un sourire oblique. Un père et son fils, d'une dizaine d'année se disputent.
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J'ai vu les gens, masqués, glaner entre les rayons. Personne à qui parler véritablement.
Les nouvelles me font peur et je n’ose pas me pencher sur les chiffres. L’Asie, l’Europe et maintenant l’Afrique, les Amériques. J’essaie d’imaginer, ces femmes, ces hommes, ces quelques enfants, sur des lits d’hôpital, branchés à des machines dont leur vie dépend. Je vois les images de ces chambres d'hôpital surpeuplées.
Je suis en colère. Je suis en colère et je voudrais que ça s'arrête. Je me sens dépassée, comme si je perdais la notion du monde.
Sur les écrans, dans les discours, ils disent "la NATION". Je n'ai aucun sur la nécessité des mesures qu'ils prennent. Mais je n'aurais jamais pensé qu'ils seraient capable de mettre un pays en berne en quelques jours. L’État a les moyens de la dictature.
Tout ça ressemble à une mauvaise histoire.
Je ne sais plus si je me sens effrayée ou révoltée. Impossible de me concentrer, il faut que je communique. Malheureusement je choisis mal mes interlocuteurs. Ils ne me disent pas ce que j'ai envie d'entendre et, comme je suis têtue, je suis contrariée. Comme je suis contrariée, je fume.
Et l'après-midi passe à toute vitesse entre nicotine et rognures d'ongles.
Minuit. Je n'arrive pas à dormir. Je n'arrive pas à garder mon rythme d'avant la crise. Je me tourne dans mes draps, je me lève, je parle seule, je m'emporte et je ris. D'un rire qui ne me ressemble pas, je ris. Entre mes quatre murs.
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