Un journaliste-éditeur indépendant de Rennes, Bertrand Gobin: (cliquer sur le nom pour avoir accès à son blog) est poursuivi en diffamation, suite à une plainte déposée par Édouard Leclerc contre les révélations récentes qu'il a publiées, sur son douteux passé en 1944. Il est convoqué à Paris le 7 avril prochain, en vue de sa mise en examen, par le juge d'instruction Quentin Dandoy.
D'une famille catholique ultra de quinze enfants, Édouard Leclerc tout d'abord séminariste devient épicier puis un poids lourd de la grande distribution, il est accusé d’avoir dénoncé des résistants pendant la guerre. Il a pourtant été décoré de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy en décembre 2009, malgré semble t-il l'avis contraire du préfet du Finistère, qui connaissait les graves reproches qui lui étaient faits.
Comme le craignait le préfet, cette distinction a eu pour effet de bien remuer le passé. Et dans Landerneau la vieille histoire s’est réveillée, notamment pour Bertrand Gobin, qui estime qu’il n’y a pas assez d’honneur dans cette Légion-là. Il publie sur Internet l’histoire d’un Édouard Leclerc, âgé de bientôt 18 ans, rendant trop de visites à l’adjudant Schaad au siège de la Gestapo.
Quelques mois plus tard, toujours en 1944 à la libération, Leclerc est emprisonné à Quimper. Sa famille, convaincue qu’il va être fusillé, mobilise l’aide d’une relation, Pierre Branellec, qui connaît des membres du comité de la libération du Finistère. Branellec confirme : les faits sont si graves que Leclerc risque la mort.
Tout s’arrange quand on conseille au jeune homme de jouer le fou. Il ne sera pas jugé car « irresponsable de ses actes », sur la foi d'un certificat médical de complaisance sollicité par sa mère auprès d'un médecin, c’est ce qu’écrit la cour de justice au père de François Pengam, un résistant fusillé à 19 ans, qui estime Leclerc pas clair du tout. Depuis, chaque fois que l’épicier a demandé une décoration, elle lui a été refusée, mais avec Nicolas tout est possible !
Notons qu’Antoine Veil, le mari de Simone, présent lors de la remise du ruban à son vieil ami, joue de malchance. Dans le passé, Antoine a déjà été confronté à un douteux compagnonnage au coeur du conseil d’administration d’Union de Transports Aériens, celui de Jean Leguay, adjoint du préfet René Bousquet, et représentant de la police de Vichy auprès des Allemands.
Ces faits étaient connus, mais ce que révèle Bertrand Gobin est beaucoup plus lourd encore, il a pu consulter le procès-verbal de l'interrogatoire de l'adjudant Schaad chef du Kommando Landerneau, chargé de faire la chasse aux mouvements de résistance, dans les archives de l'armée. Deux extraits de la déposition de Schaad recopiés par le journaliste sont particulièrement révélateurs :
« Un soir, le jeune Édouard Leclerc, qui m’avait auparavant fourni des renseignements, est venu me trouver à la Kommandantur pour me signaler une liste de personnes de Landerneau qui s’absentaient fréquemment la nuit et qui devaient faire partie de la Résistance. »
« Ce n’est pas Mme Liserin mais Édouard Leclerc qui nous a signalé que Lucien Liard était communiste et faisait partie de l’association « Les Faucons Rouges ». A cette occasion, Édouard Leclerc nous signala également que M Hourdet, Directeur Général de l’Office Central avait touché du blé en supplément et nous a laissé entendre que cela lui permettait de ravitailler le maquis. »
Charmant jeune homme, cet Édouard, qui à l'automne de sa vie a peut-être cru malin de se payer la peau d'un journaliste indépendant un peu trop curieux, mais il est vraisemblable que cette histoire se retournera contre lui, et mettra définitivement en lumière son ignoble passé !
Un comité de soutien à Bertrand Gobin a été créé :
http://www.soutienbertrandgobin.com/
Je vous invite à y signer la pétition.