Dans un article paru dans le numéro de septembre/octobre 2010 du magazine canadien anglophone "Briarpatch", Ian Lordon fait le point sur une curieuse maladie, réputée extrêmement rare il y a seulement 20 ans, qui commence à faire des ravages en Amérique du Nord.
Ci-dessous le lien avec le site internet de Briarpatch, avec l'article original de Ian Lordon :
http://briarpatchmagazine.com/2010/09/09/breeding-disease/
Briarpatch est une publication qui se veut engagée dans la guerre contre l'erreur ("war on error" est son slogan), en référence et opposition aux prétentions de Bush à son époque. Briarpatch se déclare également anti-néolibéralisme.
Cette maladie que l'on appelle fasciite nécrosante (pour en savoir plus, un lien avec un site officiel canadien : http://www.hc-sc.gc.ca/hl-vs/iyh-vsv/diseases-maladies/flesh-chair-fra.php ) a eu son heure de gloire médiatique, lorsque en 1994 Lucien Bouchard futur premier ministre du Québec (en 1996) est amputé d'une jambe, et passe à deux doigts de la mort à cause d'elle.
La bactérie responsable de cette maladie, fut alors appelée improprement "mangeuse de chair", mais ça y ressemble beaucoup. Elle produit des toxines qui détruisent les tissus sous-cutanés et le muscle, sans traitement la maladie se propage au sang, et le patient meurt d'une septicémie.
De rare, cette maladie est devenue plus commune dans les années 2000, aussi bien au Canada qu'aux USA. Cette affection apparaît généralement chez des malades ayant un système immunitaire affaibli par des streptocoques, alors le SARM (Staphylocoque doré résistant à la Méthicilline) peut proliférer.
Canada Surveillance a enquêté sur les maladies nosocomiales, il s'avère que le nombre de malades infectés directement ou colonisés par le SARM a été multiplié par 17 entre 1995 et 2007 ! Aux USA, dix huit mille personnes en meurent chaque année, soit plus que les morts liées au SIDA !
Mais d'où peut provenir cette explosion de SARM en Amérique du Nord ?
Tout simplement des élevages industriels de bovins, porcs, volailles, gourmands en antibiotiques (12000 tonnes aux States soit 70% de la production annuelle), parce-que l'on traite de manière préventive. Les bestiaux sont gavés d'antibiotiques à priori, cela évite d'améliorer les conditions d'élevage, où la densité, le manque d'hygiène sont une source continuelle de maladies devenant vite des épidémies. Mais le SARM, le fameux "staphylococcus aureus" résistant à l'antibiotique appelé Méthicilline, se sent alors comme un poisson dans l'eau et il prolifère !
An Canada, une enquête a été effectuée en 2007 dans les élevages de porc de l'Ontario, il a été montré que 45% des exploitations visitées étaient infectées par le SARM, 25% de la population porcine étant concernée.
Mais les Pays-bas sont aussi touchés par le SARM, une étude a montré que les producteurs de porcs étaient 760 fois plus porteurs de la bactérie que le reste de la population, et que 12% de la viande présente en supermarchés était infectée.
Plus récemment, en Iowa, une étude a donné des résultats voisins de l'Ontario, 45% des agriculteurs et 49% des porcs étaient porteurs du SARM !
L'OMS a tiré la sonnette d'alarme en 2004, en indiquant que la preuve était établie du lien entre l'utilisation extra-humaine des antimicrobiens et la prolifération de bactéries résistantes. Elle a qualifié la situation de "crise qui menace le monde, nous enlevant la possibilité de traiter ou guérir de nombreuses maladies infectieuses", et a recommandé aux gouvernements de légiférer afin d'interdire l'utilisation non-thérapeutique des antibiotiques dans l'agriculture. En 2006, L'Union Européenne prenait une directive dans ce sens.
Pendant ce temps au Canada ? En 2009, le gouvernement fédéral a dissous le Comité Canadien sur la résistance aux antibiotiques (PICRA) !
Aux USA, ce n'est pas mieux, la politique de l'autruche et du profit maximum sont la règle.
Au Canada, les autorités ne nient pas le problème, mais indiquent cyniquement que la santé de la population est moins importante que l'avantage concurrentiel donné ainsi aux élevages industriels !
On reste pantois devant une telle négation de la vie humaine !