Washington a déjà annoncé que les USA mettraient leur veto à l'entrée de la Palestine à l'ONU l'empêchant ainsi de devenir d'ici trois semaines environ le 194e Etat membre de l'organisation, mais il est possible qu'elle puisse accéder à un nouveau statut international. Ce qui suffit pour déclancher la colère d'Israël, mais aussi le grand désarroi des Palestiniens.
« La négociation bilatérale qui a, depuis vingt ans, la faveur d'Israël et des Etats-Unis nous a conduits dans une impasse, constate Ghassan Khatib, politologue devenu porte-parole de l'Autorité palestinienne. Les Israéliens sont trop forts pour faire des concessions. Nous sommes trop faibles pour faire autre chose que dénoncer leur arrogance. Pourquoi l'approche multilatérale qui caractérise notre recours à l'ONU les indispose-t-elle ? Parce que la stratégie israélienne, que soutient Washington, est fondée sur une politique de puissance et de mépris du droit international qui s'accommode du huis clos diplomatique. Si elle est exposée aux regards de la communauté internationale, les véritables raisons du blocage des négociations vont devenir manifestes. Ce qui ne manquera pas d'accroître l'isolement d'Israël, de souligner l'embarras et l'hypocrisie de Washington, de révéler les divisions de l'Union européenne et la faiblesse des Arabes. Nous nous serions bien passés de ces dommages collatéraux mais les dés sont jetés. »
De son côté l'Europe est donc divisée, certains sont partisans du vote favorable, d'autres (dont la France) pencheraient pour un compromis. Ainsi Alain Juppé a déclaré récemment : « Notre objectif est d'éviter un échec pour tout le monde, en septembre, à l'Assemblée générale des Nations unies. L'Europe peut et doit jouer un rôle dans la recherche d'une solution. »
L'idée principale serait de concéder à la Palestine le statut d'Etat observateur aux Nations Unies (comme cela a été le cas pour la Suisse pendant des décennies avant qu'elle ne demande à passer membre à part entière).
Il ne serait plus question des Palestiniens, ni de l'Autorité palestinienne mais de la Palestine tout court, avec une portée qui ne serait pas que symbolique car ce début de reconnaissance permettrait à l'Etat palestinien aux frontières encore floues, de participer à toutes les instances de l'ONU , et lui ouvrirait probablement la possibilité de se pourvoir devant la Cour pénale internationale.
L'exaspération de l'Autorité palestinienne est à son comble : « Croyez-vous que nous avions un autre choix que le recours à l'ONU ? Depuis près de vingt ans, nous avons tout tenté pour préserver ou relancer le processus de paix. Tout : rencontres secrètes, négociations directes sous patronage américain, pourparlers indirects avec navette américaine, échanges discrets ou publics avec représentants du Quartette. En vain. Des personnalités israéliennes et palestiniennes ont présenté en 2003, à Genève, une initiative équitable et réaliste. Encore en vain. Obama, à peine élu, a tenté de mettre son charisme dans la balance. Toujours en vain. Et pendant ce temps, Israël construisait impunément en Cisjordanie un mur de séparation de 700 kilomètres, et augmentait jour après jour la population de ses colonies. Au point que, depuis Oslo, le nombre de colons israéliens a doublé. Et qu'ils sont aujourd'hui un demi-million. »
Le 20 septembre, si tout se passe comme prévu, le représentant du Liban, qui préside actuellement le Conseil de Sécurité de l'ONU, présentera au secrétaire général Ban Ki-moon une demande officielle d'admission de l'Etat de Palestine dans les frontières de 1967 (Cisjordanie, Jérusalem-Est et bande de Gaza) aux Nations unies.
Au moins 124 pays sur les 193 membres de l'ONU ont déjà annoncé la reconnaissance de l'Etat palestinien et qu'ils voteront pour son admission. Une vingtaine d'autres au moins auraient, selon le négociateur palestinien Saeb Erekat, promis de les imiter. Le seuil requis des deux tiers de votes favorables (129 Etats) semble largement dépassé. Mais, les dirigeants palestiniens le savent déjà, leur pays ne deviendra pas, après le Soudan du Sud, le 194e Etat membre de l'ONU. Car il y a un deuxième tour, Il faut également le vote favorable de 9 des 15 membres du Conseil de Sécurité, dont impérativement, celui des cinq membres permanents (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine). Et le veto des Etats-Unis ne fait désormais aucun doute !
Pourquoi cette position incompréhensible, si l'on se fie aux déclarations de Obama au début de son mandat ? Selon la version officielle cette initiative créerait un « fait accompli diplomatique » pouvant compromettre une reprise des négociations. En réalité, parce que l'administration Obama épouse désormais la position israélienne, elle refuse de voir le conflit israélo-palestinien internationalisé et exposé dans toute sa rude réalité, devant le forum des Nations Unies. Ce qui fait qu'au mieux, les Palestiniens obtiendront de l'Assemblée générale le curieux statut de « Etat non membre ».
Ce sont les initiatives unilatérales de Netanyahou en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, la passivité de Barack Obama, révélatrice de son affaiblissement face au Premier ministre israélien qui ont précipité le choix des dirigeants palestiniens. « Au rythme où Israël réquisitionne les terres, constitue des réserves foncières pour l'expansion des colonies et construit en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, il n'y aura bientôt plus rien à négocier, constate Khalil Tafakji, ancien cartographe de la délégation palestinienne. En dehors de quatre cantons autour des villes principales, qui représentent moins de 40% du territoire, Israël contrôle la majorité de la Cisjordanie. Dans l'indifférence générale. Et je ne suis pas sûr que notre offensive aux Nations unies puisse y changer quelque chose. »
Billet de blog 5 septembre 2011
La Palestine à l’ONU le 20 septembre?
Washington a déjà annoncé que les USA mettraient leur veto à l'entrée de la Palestine à l'ONU l'empêchant ainsi de devenir d'ici trois semaines environ le 194e Etat membre de l'organisation, mais il est possible qu'elle puisse accéder à un nouveau statut international. Ce qui suffit pour déclancher la colère d'Israël, mais aussi le grand désarroi des Palestiniens.
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