Le docteur Roisin Astell, médiéviste, vient de publier sur Medieval Art Research, un commentaire d'autant plus flatteur qu'il est très perspicace et met effectivement en lumière une originalité de mon Histoire du Berry, la première à avoir procédé à une interprétation approfondie des mobiles psychologiques et politiques qui ont présidé à l'élaboration du symbolisme de Jean de Berry. Voici la traduction française de ce compte-rendu:
"Une nouvelle étude retrace la longue histoire de la région du Berry, de l'Antiquité celtique à la période moderne, mais c'est la figure de Jean, duc de Berry (1340-1416), qui retient particulièrement l'attention. Réputé pour ses goûts de bibliophile et de mécène, Jean apparaît ici comme un prince de sang royal politiquement mis à l'écart qui a su transformer des ambitions avortées en un patrimoine artistique éblouissant. L'auteur situe ses commandes, y compris les Très Riches Heures, ses nombreux châteaux et la Sainte-Chapelle de Bourges, dans un cadre psychologique de frustration dynastique sublimée en grandeur symbolique.
Selon l'étude, l'utilisation de l'imagerie et de l'architecture par Jean n'était ni arbitraire ni purement dévotionnelle. De ses plans funéraires élaborés à sa devise énigmatique « Oursine, le temps venra », son programme artistique exprimait une revendication voilée de légitimité et de stature royales. La synthèse des emblèmes du cygne et de l'ours résume sa double identité de courtisan mélancolique et de prétendant sans voix. Son parrainage du style gothique international émergent, développé au carrefour culturel du Berry et de la Bourgogne, lui a permis de transcender l'échec politique et de se présenter comme un unificateur de cours divisées.
Ce livre richement détaillé réaffirme l'importance de Jean de Berry dans l'histoire de l'art de la fin du Moyen Âge et offre une interprétation frappante de la façon dont l'art devient le théâtre d'un désir politique, d'une personnalité princière et d'une souveraineté symbolique."

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