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Décidément, l’Université Libre de Bruxelles porte bien son nom. Pour être libre, elle l'est, au point de l’être aussi avec les droits d’auteur des autres. Grâce à elle, j’ai découvert que le "voleur chinois" était en réalité un Belge et qu'il s'appelle Jacques Duchateau. Au XVIIIe siècle, Qianlong avait condamné le voleur Tchou à la décapitation. Mais de notre système judiciaire profondément décadent, peut-on seulement espérer qu'une amende, même symbolique, soit infligée aux misérables Tchous de Bruxelles? Pourtant, si, à un niveau individuel, le plagiat est déjà une pratique méprisable, révélant à la fois l'infériorité intellectuelle et la bassesse morale du plagiaire, au niveau institutionnel, le changement d'échelle pose un problème extrêmement grave en termes de contrat social. Les institutions acceptant cyniquement de prospérer sur des vols manifestes présentent une forme de corruption systémique qui est une véritable honte pour l’Enseignement supérieur.
Malheureusement, les exemples de ce type d’abus ont commencé à se multiplier. Rappelons un scandale retentissant : il y a deux ans, l’Université de Zurich avait tenté d’étouffer une sordide affaire de contrefaçon. Un médiéviste britannique s’était fait déposséder de son travail par la directrice d’un laboratoire de l'UZH. Découvrant qu’il avait été grossièrement plagié, le chercheur avait émis une protestation, d’abord modérée. En réaction, la soi-disant "directrice" l'avait rabroué avec l'insupportable arrogance que seule confère la conviction de pouvoir voler et tricher impunément lorsqu’on occupe une chaire dans une grande université. C'est cette rebuffade insolente qui a mis le feu aux poudres et qui a réellement soulevé l'indignation générale. Sous la pression exercée par la communauté internationale des médiévistes, l’Université de Zurich finit par céder, et la plagiaire dut finalement quitter ses fonctions. Une victoire pour l’intégrité académique. Mais le problème, quoique identique en valeur absolue, se présente sous un aspect très différent concernant l'Université Libre de Bruxelles.

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Sciences du sport : un milieu éloigné des standards académiques
L’affaire de Zurich touchait le milieu des médiévistes, donc une population académique très intellectuelle, jalouse de son mérite et animée par une solide éthique de travail. Ce contexte favorable a permis l’émergence rapide d’une résistance solidaire face au plagiat. À l’inverse, à l’Université Libre de Bruxelles, le milieu concerné n’est académique que de très loin : il s’agit des "sciences du sport" que personne ne prend au sérieux malgré les budgets très substantiels qu'elles engloutissent. Ces budgets, rappelons que c'est de l'argent public. Il s'agit, autrement dit, des impôts qui accablent cette Belgique qui se lève tôt: l'éboueur de Molenbeek à 1450 euros nets par mois, le commis au comptoir qui gagne à peine plus, l'ouvrier à la chaîne qui trime pour 1500 euros chez Audi Bruxelles (qui tragiquement dépose le bilan le mois prochain), l'infirmière du CHU Saint-Pierre à 2000 euros de salaire... L'ULB ne vole pas que les auteurs. Elle vole aussi la population. Et pour faire quoi?
Les disciplines académiques classiques ne se privent pas de railler les "sciences du sport", tandis que les athlètes eux-mêmes parlent souvent avec dérision ou dégoût des "intellos du sport" (J.-P. Brulois) qui n'auraient aucune notion pratique de ce dont ils parlent avec une autorité usurpée et néanmoins comique. Ce contraste est particulièrement caricatural chez ceux qui, affichant un physique chétif, s'improvisent "spécialistes" du "développement de la force" sans avoir visiblement jamais croisé un haltère de leur vie.
De fait, pour avoir siégé plusieurs années dans le comité de lecture de la plus grande revue américaine de "strength and conditioning", j’ai pu constater que les articles publiés n’étaient pour l'essentiel que des articles mercenaires, c'est-à-dire des publicités déguisées consistant à vanter les vertus exorbitantes de telle substance (comme la créatine) ou de tel procédé sans intérêt (comme l'isocinétique) en fonction des stocks à écouler. Rapidement, il m'est apparu, comme à n'importe quel lecteur objectif, que les intérêts personnels et financiers des rédacteurs interféraient ostensiblement avec leur fonction supposée et que les articles relevant des "sciences du sport" ne contribuaient en rien au progrès de la recherche dans quelque domaine que ce soit. Quand j'ai résilié ma fonction de "peer reviewer", mon opinion était faite : c'était à la racine même que les "sciences du sport" étaient corrompues.
Pourquoi l’indignation est-elle absente face à l’ULB ?
Il serait vain d'espérer face aux plagiats de l'ULB une indignation similaire - ou pour être exact: d'une origine analogue - à celle suscitée par l’affaire de Zurich. D'abord, comme nous l'avons vu, l’intelligentsia universitaire partage un sentiment de répulsion instinctive envers les "sciences du sport" qu’elle perçoit comme grotesques et dépourvues de sérieux académique. Elle juge donc dans l'ordre des choses que leur fonctionnement soit mêlé à des agissements sordides, à des conflits d'intérêts, à de la contrefaçon sans complexe et ne tient aucunement à s'y intéresser. D'autre part, l'indignation ne peut venir des acteurs internes aux sciences du sport : ceux qui évoluent dans ce milieu préfèrent protéger leurs intérêts, bien loin des préoccupations liées à l’intégrité académique. C'est donc plutôt vers les citoyens eux-mêmes qu'il faut se tourner pour les interpeller et leur apprendre où passent leurs impôts: dans le vol, camarades, et la fausse "recherche"! Et je l'illustre ici par mon exemple: voici ce qu'ils font de votre argent.

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Le parallèle Peter Kidd - Emmanuel Legeard : un révélateur de corruption académique
Anthropologiquement parlant, il est très instructif que j'aie reçu le même type de réponse exactement que Peter Kidd quand j'ai rapporté le plagiat de l'European Journal of Applied Physiology à l'éditeur de cette revue prédatrice (id est: Springer Verlag, fondé par le sympathique nazi Axel Springer, ardent volontaire dans les années 1930 du Nationalsozialistisches Kraftfahrkorps et mari comblé de la fille du général SS Werner Lorenz).
Ainsi, quand Peter Kidd saisit la maison d’édition qui publie ses travaux plagiés, la secrétaire qui l'éconduit, menaces de procès à l’appui, lui jette à la figure : "Personne ne s’intéresse à votre blog !" ("Nobody cares about your blog!" - sic!) De même, quand j'avise Springer du plagiat des imposteurs Jacques Duchateau, Séverine Stragier, Stéphane Baudry et Alain Carpentier hébergé par l'European Journal of Applied Physiology, c'est une certaine Federica Polverosi (federica.polverosi@springer.com) qui me répond avec cynisme et arrogance qu'il "n'y a aucun problème parce que mon travail n'est pas protégé par un copyright" (re-sic!) Il n'y a pas de notion de "copyright" en droit français, Madame Polverosi. Il y a la notion de DROIT D'AUTEUR établi premièrement par L'ABSOLUE ORIGINALITÉ DU 3/7 et deuxièmement par la MULTIPLICITÉ DES SOURCES ÉCRITES ET AUDIO-VISUELLES ANTÉRIEURES AU PLAGIAT. Et ce droit m'est acquis sur cinq continents. Vous voulez demander au Suisse Jean-Pierre Egger, à Roger Bilé, entraîneur de l'équipe nationale du Cameroun? Aux Américains Bud Charniga et TC Luoma? Mais vous vous en foutez, n'est-ce pas, Madame Polverosi? Vous êtes une spécialiste de la prévarication au service d'une revue prédatrice, non une juriste soucieuse du droit d'auteur.
En tout état de cause, ces deux femmes sans imagination semblent tenir a priori pour acquis, l'une que Kidd n'est qu'un simple blogueur amateur dont on peut impunément voler le travail et qu'il est loisible à n'importe quelle pécore de le traiter comme un malpropre, et l'autre, que je serais quelque chose comme un obscur petit prof de sport isolé et sans défense qu'on est libre de piller à son gré. Hélas pour ces dames visiblement aussi honnêtes qu'aimables, Peter Kidd - malgré l'aspect peu reluisant de son blog Google - est une sommité réputée parmi les médiévistes, ancien conservateur des prestigieuses Bodleian et British Libraries, et auteur, publié par les universités d'Oxford et Cambridge, de nombreux articles et conférences.
Quant à moi, Madame Federica Polverosi, je ne suis ni obscur, ni petit, ni prof, ni de sport, et surtout: je ne suis pas sans défense - mais au contraire très résolu - face aux voleurs sans scrupules qui, par leurs agissements, ruinent la réputation de l'Enseignement supérieur. Mais Madame Federica Polverosi doit certainement penser - si seulement elle est allée jusque là! - que l'Emmanuel Legeard auteur du 3/7 est seulement un homonyme de l'Emmanuel Legeard dont les ouvrages reçoivent les éloges de Gouguenheim et sont ajoutés au fonds de référence du Getty Research Institute sur la recommandation de Ginzburg. Sous-estimer les gens est décidément un grand classique des imbéciles. En général, ça ne leur porte pas bonheur.