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Billet de blog 2 juin 2015

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Querelle de clocher au pays des French Tech

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mi-juin, la secréataire d'état au numérique annoncera les nouvelles agglomérations qui obtiendront le label "French Tech", censer favoriser la croissance des startups.

Lors de la première vague de labellisation en 2014, 9 villes avaient obtenu le premier sésame, dont Nantes, capitale régionale des Pays de la Loire. 11 étaient à nouveau candidates jusqu'à hier, et une douzième vient de faire son entrée avec Angers (http://www.my-angers.info/06/01/angers-veut-devenir-french-tech/48906)…

En effet, la capitale de l'Anjou va accueillir la cité de l'objet connecté qui sera inaugurée par le Président de la République dans quelques jours et se dit, pourquoi pas nous…

Nous retrouvons là 2 symptômes bien connu des politiques d'aménagement du territoire en France : le soupoudrage et une certaine persistance du modèle féodal qui a organisé notre pays depuis le Moyen-âge…

Le saupoudrage, tout d'abord. Aujourd'hui, quel territoire en France peut se permettre de ne pas investir dans le numérique, alors que nous sommes en train de vivre une (r)évolution sans précédent depuis la révolution industrielle ? Le véritable enjeu est que cette fois-ci le terrain de jeu est mondial et non limité à 2 continents, voir à une dizaine de pays, comme se fut le cas il y a un siècle. Il faut donc face aux GAFA américains ou à la puissance économique de la Chine ou démographique de l'Afrique, être capable de mobiliser des sommes conséquentes sur certains secteurs prometteurs. Mais non, comme à l'accoutumé nous dispersons quelques millions d'euros entre aujourd'hui 9 territoires et demain une quinzaine, rendant l'initiative au mieux symbolique sinon inopérante.

Le féodalime, ensuite. Nous avons l'impression que chaque collectivité a aujourd'hui besoin d'un certain nombre d'ornements pour avoir le sentiment d'exister : une gare TGV, une ou plusieurs autoroutes, un tramway, un pôle universitaire (ou tout au moins quelques département d'IUT), un CHU (a minima un CHR), un pôle de compétitivité (ou d'excellence) et demain ce label French Tech. Il en va de l'honneur du régent, euh pardon, du Maire, d'obtenir ces signes extérieurs de notabilité délivrés par l'Etat tout puissant. Mais l'économie moderne fonctionne-t-elle vraiment ainsi ?

Dans ce cas précis, l'enjeu me semble plutôt que Nantes joue enfin sa carte de capitale régionale et joue collectif avec l'ensemble des agglomérations des Pays de la Loire. Nous avons la chance d'avoir à Laval, un véritable savoir faire dans la réalité virtuelle, à Angers dans les objets connectés avec 2 acteurs importants au niveau mondial (Eoloane et Withings), au Mans dans le domaine de l'automobile avec les futurs voitures connectées, mais aussi en Vendée avec sa Locomotive numérique. A Nantes, nous bénéficions d'un terreau de startups impressionnant, une vitalité économique réelle mais qui doit encore se structurer et d'un workshop à vocation internationale, le web2day, qui ouvre ses portes ce mercredi.

La région qui sera demain avec la loi NOTRe, le moteur de notre politique économique, doit prendre ce dossier à bras le corps, jouer le rôle d'arbitre entre les collectivités pour que chacune s'y retrouve, inciter et même organiser les collaborations, faciliter les rapprochements…

Nantes, pour sa part, doit assumer son rôle de capitale, sans volonté d'hégémonisme, ni prétention, fière de ses succès, mais consciente que seule elle ne peut rien. Un moteur pour le numérique dans les Pays de la Loire, mais pas un ogre renfermé sur son trésor…

En ce début de journée, je vais continuer à rêver un peu…

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