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Billet de blog 4 août 2015

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Corem, Prefon, assurance vie... Même combat ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Par ces premiers jours d'août, alors que la France prend ses quartiers d'été, les français découvrent la complémentaire retraite mutualiste COREM distribuée par l'Union mutualiste de retraite (UMR) avec articles dans la presse nationale, matinales des radios... Celle-ci aurait trompé ses adhérents en leur promettant des rendements qu'elle peine à tenir. 

Timing un peu surprenant quand on sait que la situation est connue des initiés depuis près d'un an, des membres de l'Assemblée Générale depuis novembre 2014 et de tous les adhérents depuis début 2015 ! Mais bon, il faut bien faire de la mousse les jours de grande chaleur...

De la mousse en effet parçe que "l'affaire" n'a rien de surprenant : le mécanisme du Corem, pour faire simple, repose sur une base côtisante suffisamment large et sur un rendement des placements suffisant pour couvrir les pensions. 

Or, il n'aura échappé à personne que les rendements sont aujourd'hui historiquement très bas et que la tendance est à l'épargne ultra sécurisée. De plus, les français veulent continuer à croire envers et contre tout, en leur régime de retraite par répartition actuel que les gouvernements promettent de sauver tous les 5 ans, incitant de fait très peu (en dehors du madelin et autre PERP) à se construire un complément de retraite par ailleurs.

La question devient alors de savoir si lé problème est conjoncturel ou structurel pour ce type de placement. En temps normal, l'UMR aura eu le temps de voir venir et de poursuivre ses efforts pour recruter et optimiser ses placements en espérant un retournement de tendance et une évolution de l'attitude des politiques, ou de changer de modèle économique si la problématique s'était révélée structurelle.

Mais c'est là que rentre en jeu l'Europe, avec sa réglementation solvabilité II, qui modifie les obligations des mutuelles/assureurs en matière de fonds propres. Même si le travail législatif avait commencé en 2006, la crise des subprimes a contribué à durcir les exigences.

Il semble que les créateurs de ces normes aient mal évalué le risque de taux d'intérêt très bas d'une part et d'autre part que la durée particulièrement longue de ces placements (COREM vise principalement des actifs de 30 à 40 ans) conduisent là aussi a une prise en compte maximale des risques encourus par l'UMR. Le besoin en fonds propres devient de fait exorbitant pour ces sociétés, les mettant dès aujourd'hui en danger.

Mais ne nous y trompons pas, si la question se pose aujourd'hui pour COREM, elle se posera demain pour Prefon (autre organisme de complémentaire retraite très prisé dans la fonction publique) et dans une moindre mesure pour les assurances vie (son statut emblématique en France et l'avantage fiscal attaché au produit le protégeant pour partie).

Ce qui semble vraiment intéressant pour un quarantenaire comme moi qui se soucie, quand il y pense de sa retraite, c'est de savoir si un jour une équipe gouvernementale assumera la fin, tout au moins partielle, du régime par répartition (surtout si comme les transhumanistes nous le promettent nous vivons plus de 130 ou 150 ans...) et incite fortement à la création de produits financiers ou de solutions socialement innovantes à même de couvrir nos vieux jours.

Au-delà de la plainte pour tromperie qu'il appartiendra à la justice de trancher (même si à titre personnel je m'étonne que certaines personnes puissent considérer un placement sur 30 à 40 ans sans risque...), profitons de ce moment de l'année où le temps ralentit un peu pour faire, non pas de la mousse, mais de la pédagogie et ne crions pas exagérément sur l'UMR et ses salariés qui ont mis toute leur énergie pour développer ce produit qui dans un autre contexte économique n'aurait certainement pas fait parler de lui.

Attachons nous au fond du problème et non à l'écume !

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