Emmanuel ROBINSON (avatar)

Emmanuel ROBINSON

Responsable des projets ESS

Abonné·e de Mediapart

14 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 avril 2017

Emmanuel ROBINSON (avatar)

Emmanuel ROBINSON

Responsable des projets ESS

Abonné·e de Mediapart

La post vérité électorale...

Emmanuel ROBINSON (avatar)

Emmanuel ROBINSON

Responsable des projets ESS

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ah ces campagnes électorales ! des trahisons (souvent)... des audaces (rarement)... des redites (tout le temps)...

À chaque élection présidentielle, la France incarnée par un homme providentiel, pense se réinventer, trouver en son corps électoral et politique, la Force de se réinitialiser pour construire des lendemains heureux. Une belle illusion collective nécessaire, bien que source intrinsèque de déception.

"Une campagne inédite", "une situation jamais vue", "un enjeu sans pareil"... 

La "vente" de l'Evénement majeur de la politique française justifie l'abus de ces superlatifs qui contribue à l'impression d'un renouveau même s'il est factice. 

L'émotion inhérente à toutes les élections pardonne les excès de langage ou les raccourcis idéologiques. Et même les vieux routiers qui en ont vu passer et trépasser enfourchent ces phrases vides de sens mais si plaisantes à déclamer où "la grandeur la France" rivalise avec "le plaisir de ressentir le terroir".

On glose du rôle des médias, des réseaux sociaux et autres commentateurs.

On s'interroge sur les pouvoirs occultes de l'argent, des cabinets noirs, de la main de l'étranger.

On écoute d'une oreille distraite les pensées de nos intellectuels qui voudraient atteindre l'exploit de penser et d'expliquer le monde avant qu'il advienne.

Mais quelle est la place de l'électeur dans cette comédie tant de fois contée ?

Le placer en objet manipulé serait la solution la plus simple. Elle le disculperait de toute responsabilité et le placerait en victime.

En faire un simple spectateur qui à la fin du combat abaisserait ou lèverait le pouce aurait l'avantage de la simplicité avec un simple processus de choix binaire, mais la nature humaine est plus complexe que cela.

Pour autant c'est bien à partir de ces 2 éléments, la manipulation et le spectacle, que se cristallise le vote.

La véritable question est de savoir qui manipule qui ? Nous l'avons vu avec les stratégies de certains aux primaires, l'électeur peut être joueur, certains ayant fait le grand chelem en votant aux 3 primaires.

Les sondages qui guident tant nos stratèges de campagne sont parfois complètement erronés ou incohérents quand on prend le temps de rentrer dans le détail.

Et pour le spectacle, qui est dans l'arène et qui s'amuse dans le public à coup de tweets rageurs ou louangeurs ?

La construction de la dramaturgie d'une présidentielle et assurément très codifiée, mais quoi qu'en pensent les candidats et leur armada de militants, sondeurs, conseillers, ils ne sont que des modestes pions dans les mains des 40 millions d'électeurs français.

Et si on tournait la caméra vers eux avant l'élection et non après pour essayer de les comprendre a priori et non a posteriori, étant donné qu'ils tiennent le premier rôle ? Ne serait-il pas utile de les conforter dans la réalité du pouvoir que le vote leur confère ? 

Cela nous éviterait-il de devoir expliquer l'inexplicable dans 1 mois, en inventant de devoir parler de post vérité électorale ?

Ni victimes, ni spectateurs, électeurs !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.