Combien de morts aurons-nous pleurés au cours de cette longue année 2015 ?
Des illustres qui avaient peuplés notre jeunesse et qui incarnaient à eux seuls une contre culture extrémiste et nécessaire.
Des inconnus dans un car fracassé contre un pylône ou encore dans une rame de TGV.
Bien sûr, les 130 morts de cette nuit terrible du 13 novembre…
Le petit Aylan sur une plage de Turquie…
Pour moi-même, il y en aura un qui comptera plus que les autres, mon grand frère, douanier, mort en service le 23 novembre à 42 ans, en interpellant un trafiquant d’armes à Toulon.
Mais que comptent ces quelques dizaines de morts, au regard des centaines de familles qui auront eu à porter le deuil durant cette année dans l’intimité, parfois dans la solitude et dans les pires des cas dans l’indifférence.
Y a t'il un lien entre la valeur d’une personne décédée et un portrait dans Le Monde, ou un hommage national, ou encore une légion d’honneur remise à titre posthume ?
La mort a perdu son caractère séculaire et rituel, elle s’est pour partie aseptisée, désacralisée, masquée, et de l’autre médiatisée, glorifiée, incarnée.
Autrefois, on tenait la main des mourants, on veillait le défunt, on visitait sa famille, on apprenait dès le plus jeune âge que la vie n’était pas éternelle. Chaque mort faisait sens et était porteur d’un enseignement.
Aujourd’hui, beaucoup ne connaissent de la mort que des images émouvantes, des moments de communion nationale, des drapeaux en berne…
Autrefois, les rois avaient des bouffons pour leur faire oublier qu’ils étaient mortels, la starification est-elle le nouveau leurre inventé par notre société ?
Je voulais juste à travers ces quelques mots que nous pensions aux milliers de familles touchées anonymement par le deuil, parfois dans des circonstances terribles, et que notre pensée ne s’arrête pas à ceux qui auront au moment de leur mort connu un petit moment de gloire… à titre posthume… comme ce fut le cas pour mon grand frère.
Qu’il repose en paix, comme tous ceux qui nous ont quittés en 2015