Ce matin, je suis sorti d'un sommeil brumeux en écoutant notre ministre de la justice justifier les nouvelles sanctions encourues par les personnes conduisant sans permis de conduire.
Il semble que ce soit pour des raisons pragmatiques et "jurisprudentielles" que l'amende devienne la norme en cas de première infraction, la majorité de ces infractions se soldant par une amende moyenne de 108 € après un délai de 10 à 14 mois de traitement.
Cela pose, à mon avis, 3 problèmes :
- la sanction à vocation à dissuader ; en la bridant à priori nous diminuons l'efficacité de la dissuasion ;
- baser une modification législative sur "une moyenne des jugements", revient à mettre en place un gouvernement des juges, ce qui est de mémoire contraire à l'esprit de notre constitution ;
- la place prise dans le débat par cette question somme toute anecdotique au regard de l'ensemble du projet de loi sur la justice du XXIe siècle traduit-elle une France qui a définitivement perdu le sens de l'essentiel et de l'accessoire ?
Pour l'anecdote, nous avons terminé cette brillante interview par un grand moment d'extase intellectuelle avec les calissons d'Annick. Mettons ça sur le dos d'un stagiaire estival un peu trop sentimental et ne renonçons pas tout de suite à notre abonnement à Mediapart pour Automoto !
Plus que jamais la voie de la modernisation de notre société semble étroite, et les ministres sont contraints à jouer en défense et à se contenter de peu. Mais en ne replaçant pas en perspective leurs propositions, en ne donnant pas un cadre intellectuel rigoureux à leur réforme, en ne revenant pas aux fondamentaux de notre société ne sont-ils pas les premiers responsables de cette impasse ?