
La lecture des éléments intellectuellement alarmants relatifs à l'aggiornamento politique qui animera les rangs du Parti socialiste français en janvier 2023 dit ce qui est : ce parti est devenu aussi indispensable qu'inutile.
Rien là de bien paradoxal : le PS est un parti dont le fond doctrinal historique fait l'objet d'une attente incontestable de remise en exergue de la part de cet électorat qui rêve croissance partagée, démocratie sociale, autorité laïque, parlementarisme tempéré, Europe des coopérations, ambitions culturelle et éducative, représentativité syndicale et respect véritable des corps intermédiaires, décentralisation responsable, écologie de la responsabilité collective, fiscalité "toute gallicane".
L'existence du PS est nécessaire à ce que les aspirations de la classe moyenne ancrée dans des racines populaires et rurales et qui n'a pas honte d'être soi soient bien représentées par un pan du nuancier politique. Le PS a, lui aussi, "son" électorat de toujours qui n'est ni celui du bourgeois parvenu ni celui du prolétaire radicalisé par la misère concertée.
Aussi est-il devenu inutile. Que dit en effet à cette classe moyenne d'essence populaire, provinciale, rurale, cet aréopage falot, tout à sa course de petits chevaux urbains surdiplômés notabilisés par des victoires locales dont la signification proprement politique est illisible ?
Que dit le PS, que va-t-il dire en janvier, que ne disent ni la brute Macron ni la brute Mélenchon ni la brute Rousseau ?
Que dit le PS qui sût redonner le goût de se dire à son public enfermé à double tour dans une salle de spectacle obscure dont la scène est désertée depuis que le fantasme d'élévation du parvenu, couplé au refoulement de ses racines sociologiques, l'a évacuée ?
Rien. L'électeur socialiste est convié à mi-voix honteuse à revêtir un costume d'emprunt mal taillé pour composer cela qu'il n'est pas, qu'il ne saurait être et qu'il ne veut pas être.
Il est convié, confiné dans son théâtre périphérique vide, à observer avec sidération sur petit écran la danse de saint-Guy consternante des fossoyeurs complices de la république sociale, culturelle et internationaliste.
La clé du redressement socialiste n'est plus seulement politique, elle n'est plus essentiellement programmatique : elle est sociologique. La question posée au PS n'est plus celle de la nature de la prestation, elle est bien davantage celle de la libido collective qui l'appelle de ses voeux.
"Qui veut encore du PS ?" : répondre avec sérieux à cette question, c'est rencontrer l'espoir et c'est aussi, sans doute possible, se placer en mesure d'en faire la très luxueuse offrande...