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Billet de blog 5 mai 2011

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Nice to be dead/Nice to see

L'exposition Nice to be dead d'Henri Barande qui s'achève ce week-end Quai Malaquais convoque le visiteur à la quiétude paradoxale d'un arrachement.

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L'exposition Nice to be dead d'Henri Barande qui s'achève ce week-end Quai Malaquais convoque le visiteur à la quiétude paradoxale d'un arrachement. Il n'y accède pas, par exemple, sans faire pleinement l'expérience visuelle de l'ivresse de sa soustraction à la promenade qui l'y mène. Henri Barande y a veillé, réévaluant de fond en comble l'espace proposé par l'Ecole des Beaux-arts de Paris, y ménageant, en particulier, une porte, une huisserie nouvelles, susceptibles de conduire l'entrant à vivre l'entrée en exposition comme une aisance, mais inattendue, comme une douceur, mais impromptue, comme une paix, mais inespérée, de l'extirpation au monde.Et le mode d'accès élu par le peintre dit beaucoup de l'oeuvre rencontrée en son delà.Il dit de l'oeuvre qu'y opère une étrange triangulation : celle, en contrepoint musical et en point d'orgue, de l'arrachement, du rayonnement et de la paix.Des figures s'arrachent au fond peint, elle s'en arrachent comme figures, elle font état d'une nécessité puissante de l'étant : celle de signifier. Les figures figurent, elles manifestent, elles laissent entendre, elles veulent dire. Elles ressortissent à la nécessité d'être au temps, d'y vouloir dire. Elles entendent être sujets, elles se soustraient comme sujets, comme produits de la tentation du dire, d'une discipline de l'exemplarité. Elles sont des étants aliénés par l'étant en symboles, en signifiants : elles sont arrachées à une profession de foi de soi. Elles sont du temps.Mais voilà que sous la figure et au coeur de la figure, un double rayonnement travaille, un rayonnement qui n'est point indépendant de la figure mais qui est son indépendance du temps.Sous la figure qui est du temps et de sa nécessité d'advenir oeuvre un double rayonnement de la figure qui en souligne le relatif comme moment du monde, comme étant de l'Art.Ce rayonnement est double, il est un rayonnement de jour, il est un rayonnement de nuit.Il est ce qui demeure de la juxtaposition des instants figurés. Il est le rappel d'une condition une des figures, d'une condition monique du monde, d'une condition de jour et de nuit des choses.La figure est "devisement", partition du jour et de la nuit.Et le jour et la nuit s'entendent pour figurer le temps sous leurs soustractions figurées et en leur coeur.Sous les étants, leurs positions au temps, un être mine et cet être qui mine et qui hésite entre jour et nuit fait entendre qu'est un temps.

Un temps qui du deçà rayonne au-delà et troue la figure et conditionne la faculté d'éblouissement, de sidération.

Un rayonnement dialectique de jour et de nuit signale la trame du monde, signale que le corps est tamis d'un rayonnement double et serein.Le temps, paisiblement, conteste la figure qui vainement tâche d'y échapper et adresse le salut sourd de l'Eternel à l'intention libre qui l'origine.

Le temps bassine des origines, le temps bassine des commencements. Il les châtie, cependant, mais comme tendrement.

Sous l'origine de ce qui est, il est ce qui est.

Et de cette entente étrange du jour, de la nuit et du monde, des choses et de cette aura dont ils procèdent, émane un entendement libre de l'unité en l'être du monde.

Un entendement libre, au coeur du vivant, de la mort bonne qui est abandon à l'Un, c'est à dire connaissance enfin.

Nice to be dead.

Nice to see.

Et depuis cet entendement libre advient chez le visiteur la paix ou la joie d'un abandon au monde et à ses êtres, aux gestes et à la danse immobile du temps qui les fonde.

Au temps comme avènement en soi d'une parole faite de toutes.

D'un Verbe.

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