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Billet de blog 6 juin 2011

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L’éminemment politique

Massages de pieds, régime sévère, enfant à naître, troussage ancillaire, partouses marocaines, listings truqués, berline de luxe, prix du mètre carré, alliances partidaires inféodées aux amitiés, aux inimitiés, aux filiations, aux pactes, aux souvenirs courts ou longs, à l'infini nuancier des affects...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Massages de pieds, régime sévère, enfant à naître, troussage ancillaire, partouses marocaines, listings truqués, berline de luxe, prix du mètre carré, alliances partidaires inféodées aux amitiés, aux inimitiés, aux filiations, aux pactes, aux souvenirs courts ou longs, à l'infini nuancier des affects...

L'actualité de France est à l'éminemment politique...

La cité de France vit au rythme de la réduction du politique aux aléas savoureux du devenir individuel ou plus exactement du devenir de l'individuel appréhendé comme « le distinct-même ».

La cité de France règle ses comptes à la vieille querelle de caste qui reproduit depuis des siècles chez elle celle du peuple gaulois et de la noblesse franque ; elle fait la peau à ses aristocraties, ne concevant l'individu en politique que comme « sujet forcément distinct en tant que forcément le même ».

La jouissance politique française contemporaine tient dans le constat que le représentant et le représenté se ressemblent, ayant chacun des vies privées, des fors intérieurs.

L'individu politique fait jouir quand il est le même individuel, à la fois distinct (« il a sa vie ») et le même (« il a beau dire, il est comme nous »).

Il ennuie ou il irrite quand il subordonne, quand il aliène à une téléologie collective la farouche liberté individuelle du Gaulois, quand il fait, en somme, de la politique...

Il ennuie ou il irrite quand il est « autre », quand il est Franc.

Il ennuie ou il irrite quand, ayant été élu, il est devenu autre.

L'enfant gâté démocratique est relayé par ceux-là qui ont intérêt à le cajoler, ceux qui rêvent légitimement de fonctions citoyennes, d'exercices aux mains propres, de transparence, de non-cumul des mandats,d'une stricte équivalence individuelle entre celui qui gouverne et son administré, ceux qui, en revanche, qu'ils le veuillent ou non, font volontiers leur miel, par laxisme pédagogique et conceptuel, d'un tropisme rien moins que politique : celui de châtier les élites en tant qu'elles sont, puisque composées de mêmes, illégitimes à l'heure de prescrire et de gouverner.

L'enfant gâté démocratique œuvre à rapporter à soi celui qui prescrit et gouverne, à le penser même, à le penser « représentant de soi seul », à le dépouiller de cette tunique du politique qui le distingue pour observer la nudité crue du même.

L'enfant gâté démocratique est un petit peu pervers, comme les enfants sont pervers : il construit pour détruire, il vote pour dévoter, il habille d‘écharpes tricolores pour mieux. déshabiller.

Il est indigné que le même dont il éprouve du plaisir à constater la « mêmeté » puisse avoir fait l'objet de son vote.

Cependant, règne au cœur des sociétés une aspiration au devenir collectif, une aspiration au projet commun.

La Tunisie, le Yémen, l'Egypte, l'Espagne, tant d‘autres, sous nos yeux, administrent une leçon à notre espace politique régressif : s'indigner, tout en le désirant, de ce que le politique soit affaire de destinées individuelles parallèles consume, assèche, tarit, déprime, aigrit.

C'est un moment clé de la conscience politique que celui où s'établit l'égalité du mandaté et du mandant au plan individuel, un moment qu'il faut toutefois dépasser en visant une cité invisible, en adhérant à une ambition de vie collective.

Le personnel politique est composé de gens « comme nous » : soit, entendu, noté, dont acte.

Ceci étant acquis, prenons donc modèle outre France, promenant plus loin qu'à l'habitude notre regard, pour considérer que le personnel politique est avant tout fait, notamment à l'occasion d'élections majeures, pour penser l'avenir commun.

Gracias por defender (i dejar defender) nuestro futuro...

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