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Billet de blog 7 avril 2011

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Ghandi bi ?

A un homme d’état, l’on peut reprocher un nombre incalculable de choses, au champ politique. Les sujets ne manquent pas et la fonction du reproche est d’importance. Le débat démocratique est fait pour entretenir un doute utile et raisonné sur les actes des gouvernants. C’est la dignité des minorités démocratiques de créer des perspectives, de faire naître des échos, de faire exister l’acte politique majoritaire comme reflet de lui-même, de lui donner deux sens, de faire à la fois entendre sa dignité et son indignité, d’associer l’idée de politique à l’idée de choix : choix de l’acte, choix de la vérité.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A un homme d’état, l’on peut reprocher un nombre incalculable de choses, au champ politique. Les sujets ne manquent pas et la fonction du reproche est d’importance. Le débat démocratique est fait pour entretenir un doute utile et raisonné sur les actes des gouvernants. C’est la dignité des minorités démocratiques de créer des perspectives, de faire naître des échos, de faire exister l’acte politique majoritaire comme reflet de lui-même, de lui donner deux sens, de faire à la fois entendre sa dignité et son indignité, d’associer l’idée de politique à l’idée de choix : choix de l’acte, choix de la vérité. La dignité des démocraties est d’instituer une vérité majoritaire. Une vérité tangible mais relative, une vérité du plus grand nombre. La démocratie ne croit pas à l’existence de la vérité en-deçà du fait politique. Elle ne croit pas qu’il y ait d’autre vérité que celle que crée la donne politique.

Elle ne prétend pas, comme les totalitarismes, servir la vérité, elle laisse le peuple la déterminer. Aujourd’hui, la vérité peut être que la liberté du marché doit guider les processus économiques parce que tel en a décidé le peuple. Demain, la vérité sera peut-être autre parce que tel en aura décidé le peuple.

La communauté démocratique définit le vrai, un vrai relatif, un vrai temporaire, un vrai d’ordre humain.

Il y a fort à faire pour incarner la vérité.

Il y a fort à faire pour lui opposer une vérité contraire.

Les minorités ont un travail énorme, au strict plan de la contradiction portée à l’action politique des majorités, et l’enjeu de ce travail est énorme, puisqu’il s’agit pour elles de construire une vérité alternative du devenir d’un peuple ou de peuples, dans des contextes multilatéraux redevenus nombreux et centraux.

Il s’agit pour elles de fabriquer la vérité en déséquilibrant la vérité : ce n’est pas rien.

L’on peut donc à bon droit s’étonner de ce qu’elles perdent un temps précieux à quitter le terrain politique, le terrain du débat consacré à la vision du devenir communautaire, pour fouiller les alcôves, renifler l’oreiller.

Que l’on soit ou non partisan de la vérité politique relative incarnée par Silvio Berlusconi, par exemple, l’on ne peut que regretter, au nom du politique, qu’il ne lui soit plus guère opposé par ses contradicteurs italiens que pudibonderie papiste et féminisme étroit.

Et si Ghandi avait été bisexuel ?

Ma foi, la belle affaire : il eût été bisexuel…

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