S’il est un sens empirique de l’Histoire, en quelque sorte « subidéologique », « submoral », « subphilsosophique », un sens que l’Histoire des hommes, drapée dans sa superbe téléologique, dans sa foi en un progrès issu du vouloir, peine à confesser, s’il est un sens de l’Histoire après déconstruction de la raison historique, c’est peut-être celui en quoi consiste la marche des corps et des âmes vers une moindre fatigue à vivre, la victoire sur le conatus, le travail sur soi et le monde pour l’être et l’avoir.
Et s‘il n’y avait de « raison dans l’Histoire » que ce pas universel vers le « moins endurer » ? Le philosophe Hume aurait vu juste : ne point souffrir constituerait l’horizon éthique de la marche des hommes. Et pourquoi pas, ne point mourir…La forme politique quotidienne prise par cette aspiration universelle au moindre effort est un alliage observable d’aspiration farouche à la liberté individuelle du sujet politique et à son assistance par l’Etat. Souffrir moins, c’est refuser l’exigence de l’Etat et dans le même temps en convoquer la providence. C’est demander son aide à un pouvoir public privé de pouvoir par l’affirmation libre de soi. Car il n’y a de main secourable étatique que produite par un effort du citoyen. L’Etat n’est pas un corps disjoint du sujet politique, il est le produit de son effort. Il est vain, par exemple, de refuser l’imposition et de faire appel à ce qu’elle finance. Il est vain de refuser l’endettement de l’Etat et de prétendre au recours de ce qui crée cet endettement. Santé, éducation, sécurité endettent. Le moindre effort du singulier et du collectif est conséquence de leur effort continu. L’accomplissement du désir politique, le désir d’accomplissement politique ne sont pas sécables du désir et de l’accomplissement de leur contradiction : la sujétion . L’être libre ne saurait l’être que comme sujet. La liberté ne s’invente que dans l’aliénation. Le sens de l’Histoire est nourri d’absurde : progresser vers la liberté, c’est y renoncer.Tous les gouvernements occidentaux démocratiques souffrent de cet absurde : aucun d’eux n’emporte une élection intermédiaire. Au « Yes we can » succède en effet toujours un curieusement inadmissible « Yes we must ». Le tragique du politique est là : le rêve politique doit tout à la veille, Utopia est un quartier de Sodome.Obama un jardin d’Eden…Billet de blog 10 avril 2011
Yes we must
Pour Eric BrissetS’il est un sens empirique de l’Histoire, en quelque sorte « subidéologique », « submoral », « subphilsosophique », un sens que l’Histoire des hommes, drapée dans sa superbe téléologique, dans sa foi en un progrès issu du vouloir, peine à confesser, s’il est un sens de l’Histoire après déconstruction de la raison historique, c’est peut-être celui en quoi consiste la marche des corps et des âmes vers une moindre fatigue à vivre, la victoire sur le conatus, le travail sur soi et le monde pour l’être et l’avoir.
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