
Il est saisissant de constater à quel point les contributions, textuelles ou verbales, des partis constitutifs de la NUPES, et notamment de feu le Parti "socialiste", ignorent la praticité quotidienne des gestes individuels et collectifs du travailleur de France.
Il semble que la nécessaire disjonction organisationnelle et politique entre le monde syndical et le monde partisan ait conduit ce dernier à ne plus envisager la chaîne de valeur productive que de façon perfective, oubliant avec une ardeur suicidaire l'humanité métrique modeste de ses conditions de mise en branle.
Or, la gauche, qu'elle y ramène ou qu'elle en émancipe, c'est le travail, pas son produit : le travail comme processus. La défaite morale de la gauche, sa dérive bourgeoise, vient sans aucun doute de la distance considérable que, telle une parvenue, elle a pris avec cette sociologie laborieuse à qui elle devait proposition générale et dignité.
Refonder la gauche, c'est sans nul doute la ressourcer au militantisme syndical, à la pleine conscience des enjeux humains millimétriques qu'affronte la chaîne de production, des raisons, aussi, pour laquelle elle exclut ceux que jadis elle incluait, empêche ceux qu'elle assistait (comment travailler dans le Paris sous gestion socialiste d'aujourd'hui, par exemple ?), outrage ceux qu'elle consacrait.
Les questions relatives à l'affranchissement individuel in abstracto achèveront la gauche qui y est philosophiquement balourde, pour des raisons historiques, ce champ demeurant l'espace d'expertise du libéral. Il s'agit pour elle de recouvrer son expertise propre, qui ressortit à une éthique du développement individuel par l'effort collectif quotidien de production de l'inédit.