Pour Didi, cent ans.
Il fait bon en Libye.Je le sais : il ne pleut pas dans mon café.Les Libyens sont gens accueillants.Je le sais : cet homme m’a souri.La guerre en Libye ne s’enlise point, cher Claude Lanzmann.Je le sais : j’ai vu deux hommes ouvrir devant moi un carton bourré d’armesJe ne puis me tromper.Je le sais : là où je suis, là où est mon moi, tout me dit, tout lui dit : « vous avez raison ».Il en va de Bernard-Henri Lévy comme du Fabrice Del Dongo de Stendhal.Un Fabrice Del Dongo qui dirait urbi et orbi : " je fus immergé dans les brumes aveuglantes de Waterloo, je n’y ai vu goutte au-delà de dix pieds : je sais assurément ce qu’était Waterloo".L’expérience pratique du sujet, n’en doutez pas, bonnes gens, tenez-vous le pour dit, censeurs en chambre, est expérience de vérité.L’expérience pratique du sujet éminent, n’en doutez pas, braves gens, gens qui daubez, est expérience éminente de vérité.Il ne saurait accéder au vrai de rien, cet historien qui ne peut affirmer : « j’y étais ».Que sait au juste des croisades celui qui ne s’est pas noyé avec Barberousse, n’a pas porté le fer aux côté de Godefroy de Bouillon, n’a pas délivré Jérusalem ?Que sait des Lumières celui qui n’a pas coudoyé Montesquieu, D’Alembert, Diderot ?Que sait du monde l’austère Montaigne en sa tourelle ?Que sait des hommes et de « l’Etat civil » Balzac à l’écritoire ?Allez sur le terrain, l’on y voit plus clair.Au pied du mur, le mur est plus net.Celui qui sait est celui qui a vu.Celui qui n’a pas vu ne sait point.Celui qui a vu l’oasis sait qu’il n’est point un mirage.De celui qui voit un mirage où il y a l’oasis, l’on peut dire avec sévérité qu’il n’a pas vu l’oasis.Celui qui argue que je me trompe n’a pas vu ce que j’ai vu.Ce que j’ai vu ne saurait me tromper.Je le sais : j’y étais.Enlisement, en Libye ? Mais enfin, Grand Dieu, personne ne s’enlise, où mon moi se promène !Définition problématique du gouvernement légitime ?Mais il est légitime, ce gouvernement-ci qui me reçoit !Son peuple, qui m’accompagne au lieu du pouvoir, je vois bien qu’il lui sourit !Je sais d’expérience que l’expérience est expérience de l’illusion mais parce que je le sais, mon expérience est expérience de vérité.C’est un moi éminent qui vous écris, ne vous y méprenez pas : ce que je vois ne saurait se gausser de moi. Ce que je vois est.Je balade un regard qui sait.Qu’il y a bien une oasis, une résistance, une légitimité, que le temps passe moins vite le soir, qu’il n’y a pas assez de câpres sur cette pizza…Je le sais, j’y goûte.Au monde de l’expérience, il faut élever une statue à Bernard-Henri Lévy, un monument à la gloire de la présence comme condition d’accès au vrai.Je peine à comprendre pourquoi, quand j’évoque cette idée, l’on me suggère ce titre pour cet ouvrage d'Art : « A l’Infatuation »…Billet de blog 21 avril 2011
"A l'Infatuation"
Pour Didi, cent ans. Il fait bon en Libye.Je le sais : il ne pleut pas dans mon café.
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