
La constitution élaborée en 1958 par Michel Debré fut conçue, article par article, et en congruence avec la continuité paternaliste et libertaire du pays, c'est à dire avec sa schizophrénie de long temps, pour faire pièce à la logique parlementaire tribale qui le cantonnait en médiocrité stérile. Elle ne fut pas le moins du monde pensée comme l'outil d'instauration en France de telle autocratie ou, a fortiori, de cette oligarchie technocratique dont rêvaient les dystopistes d'X-Crise dans les années 30. Il y a donc, dans l'esprit et la lettre du bloc constitutionnel originel, l'idée qu'une nation qui ne doit son unité qu'à la loi ne peut donner toute sa mesure que sous un régime où elle peut prévaloir depuis un équilibre du dialogue libertaire et de la décision paternaliste.
Emmanuel Macron n'est pas le premier à être aveugle à cette logique d'équilibre fondée en longueur de temps anthropo-historique mais il en est le fossoyeur le plus caricatural, le plus inepte.
Ainsi, en quelques semaines d'outrage, a-t-on pu voir, mortifié, au nom d'une légitimité tronquée par l'abstention et la nature de la configuration de second tour des élections présidentielles, un article 47.1 réifié sans aucune justification à l'assemblée nationale, une série de détournements opportunistes inappropriés des règlements sénatoriaux (articles 38, 44.1, 44.2 ) et, pour finir, l'imposition capricieuse d'un 49.3 qui traduisait une absence coupable d'appréciation sérieuse de la relation de confiance entre élus et population, l'article valant certes pour trancher le noeud gordien des conflits entre parlement et exécutif mais pas pour trancher celui d'un conflit majeur entre population et pouvoir.
En somme, ne manque plus à l'oligarchie inculte, forcément inculte, que de promulguer l'article 16 pour changer de peuple.
Il en va de la constitution de 1958 comme du peuple français, en ce mois de mars : elle a tort devant celui qui n'a pour mandat que son service...
La question que pose incontestablement Emmanuel Macron est celle de l'enfance reine au pouvoir...