
Agrandissement : Illustration 1

La Conversion de Marie-Madeleine, vers 1546-1548, huile sur toile, 117,5x163,5 cm, Londres, The National Gallery
Voici des essences à qui l’on intime de voir et qui ne voient pas, à qui l’on intime d’adopter la station du spectateur et qui ne l’adoptent pas, n’y voyant goutte, et qui veulent quitter le radeau, proprement, mais dont le regard aveugle, dont le regard dans quoi l’on a coulé une poix, un goudron noir est à quia, à la tête d’un corps qui, s’il sait que son salut est dans un vide, dans le vide, ne le rencontre pourtant pas et s’affole, ne le rencontre pas parce qu’il est en lui, ne le rencontre pas, en bref, parce qu’il l’a rencontré…
On se souvient de l’autoportrait de Paul Caliari, trente ans, peut-être un peu plus… On se souvient de la superbe animation de son expression, de cette mobilité, ente aménité sévère et épouvante outrecuidante. On se souvient de l’hospitalité de ce visage à un regard…celui du spectateur, celui du sujet peint.
Rien n’était plus plein, plus occupé, plus hanté, que ce sujet-là…rien ne disait plus l’écart entre phusis habitée et tel phénomène pur, vide de contenu d’essence, vide de sang, de jour, d’âme…
Rien ne disait mieux l’épouvante et le mépris de l’habité pour son diamétral opposé, le pur appareil phénoménal sur de la nuit, le foisonnement d’apparitions sur rien, la dénégation objectale de rien, le songe du vide, l’expectoration prodigue du néant…