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Billet de blog 26 mai 2011

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Présidentielles 2012, morne plaine ?

La course présidentielle française en cours et à venir peut intéresser.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La course présidentielle française en cours et à venir peut intéresser.

Elle offre en effet au regard, au coeur, au jugement de l’électeur, une munificente farandole d’êtres, de personnes, c'est-à-dire, au sens strict du mot, de « masques », de figures, de sujets, de postures, d’identités, d’individus, de dignités affichées, d’indignités offusquées, de symptômes retenus ou réifiés.

Elle est le cadre où se meut une richissime floraison d’humanité, où ondule une serre où croissent qualité et variété végétales.

Un plateau où passent des personnages à peinture, des sujets à romans, des densités humaines à croquer, à embarquer dans des caravelles, des dirigeables, des coches : des aventures.

Considérons-les :

Nicolas Sarkozy, livré, corps, nerfs et gouvernement, à cette consomption de l’affirmation de soi qui lui fait comme une âme : Julien Sorel au Palais.

Martine Aubry, anti-Madonne syndicale, bonne à l’Humain, dure aux siens.

Jean-Louis Borloo, archétype platonicien de la persévérance victorieuse en l’être, sorte « d’homme aux rats » freudien revenu de cure, libre fuligineux, punk centriste, indistinction faite homme.

Jean-François Copé, d’autant plus diseur de vrai que diseur de conforme, révolutionnaire truistique : « permettez-moi de dire « permettez-moi de dire » ».

Eva Joly, Antigone en qui tout est pureté, trajectoire et fond de pensée, à qui manque cependant le sens de cette pureté-là, cependant si accorte, de la nuance.

François Fillon, l’économe psychique, entre rétention utile et explosion rédemptrice, Javert et Ayrton Senna.

Dominique de Villepin, Hérault volubile des possibles, Chevalier des Ethers, machine à dimensions, conquérant d’Absolu, poète et architecte, venu dire ici bas ce qu’y disent les autres. Albatros (et point taupe).

François Hollande, façon de mystique, bourrelant les beaux abandons du corps et la distance qui rit pour, se « refaisant l’anatomie » (l’on pense à Artaud), l’essence (l’on pense à Faust), devenir ce qu’il devient plutôt que ce qu’il est : Falstaff à rente Pinay.

Ségolène Royal, la figure du Salut à qui la foule réserve le sort du Salut, la renvoyant, souriante, à un plus tard.

Arnaud Montebourg, dont la créativité n’atteint pas le langage, dans la Geste duquel Bouvard ou Pécuchet le disputent à Kennedy, indéterminé comme en une adolescence. Lucien Leuwen.

François Bayrou, figure de la stupéfaction, du bel isolement du Cynique, de l’absence superbe.

Nicolas Hulot ou la question posée depuis la réclusion hors la Cité, le politique : comment peut-on être politique ? Et qui se consume et se meurt de ne point comprendre que l’homme et sa Polis aient pour ambition éventuelle de se consumer et de mourir.

Marine le Pen, diseuse de ces vérités que la Cité réprime pour faire une Cité, témoin et chantre de ces profondeurs de l’âme qui sont le fond obscur dont sourd le politique, Dioné lâchée en ville.

Jean-Luc Mélenchon, doux au peuple, dur à tous.

Elle peut intéresser, la course présidentielle française en cours et à venir…

Elle peut aussi laisser en l’âme la terrible nostalgie d’un temps de l’effacement de l’affirmation individuelle devant celle de telle « Cité invisible » à édifier ensemble, de tel projet politique éminent, insolent, généreux, candide et grave, scrupuleux et rêveur.

Elle peut intéresser, la course présidentielle française en cours et à venir…elle peut aussi bien chagriner…

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