Selon la définition du dictionnaire, l'entrisme est une "Tactique adoptée par certaines organisations (syndicat, parti politique) et visant à faire entrer dans une autre organisation certains de leurs membres en vue d'en modifier la pratique et les objectifs."
Cette infiltration s'est vue appliquée depuis la révolution soviétique de 1917 et continue de s'appliquer aujourd'hui y compris au niveau de nos bons partis politiques, qu'ils soient gros ou petit.
Rien de nouveau, donc pourquoi en parler ?
Parce que l'entrisme en politique est passé au niveau 2.0 et, surtout, il est pratiqué aussi bien par des infiltrés volontaires que par des militants qui "croient bien faire".
En effet, infiltrer un parti en achetant une adhésion à 10, 20 ou 30 € est très facile, et on est vite sur le terrain avec les autres militants à essayer de les convaincre que leur parti n'est pas aussi beau et honnête que ce qu'ils croient.
Mais aujourd'hui, avec cette adhésion, on a un nouvel outil potentiel : la capacité à faire de l'entrisme 2.0. Sur les réseaux sociaux ouverts comme Facebook ou Twitter mais aussi, pour les partis qui en disposent, sur les intranets.
On voit donc arriver ce que, en langage de geek mais qui est devenu commun, l'on appelle des trolls plus ou moins déguisés.
Consciemment ou inconsciemment, ils détruisent de l'intérieur, petit à petit, les convictions de leurs copartisans en dénigrant quasi systématiquement les actions de la direction, des organes politiques, des comités locaux. Leur façon de faire est assez simple : trouver un dérapage quelconque - et tout le monde en fait - et le monter en épingle. Le publier sur tous les réseaux sociaux, plusieurs fois, dans tous les groupes Facebook reliés, sur toutes les catégories de forum, tous les intranets jusqu'à ce que les camarades du parti se posent aussi des questions. Sachant que pour eux qui voient cette dénonciation, le posteur le fait de manière totalement désintéressée.
C'est d'autant plus facile aujourd'hui que la prolifération de la fachosphère, des blogs plus ou moins aigris, des sites plus ou moins loufoques, a mis en avant des articles qui ressemblent à des informations et que l'on cite allègrement comme source pour dénigrer. Ceci dit, j'en ai vu citer le Gorafi comme source. Lol donc !
Après, il y a aussi les déçus, ceux qui voulaient se faire une place, pas forcément grande car ils pensent que la politique est une sorte de plan de carrière. pas besoin de faire de l'entrisme, ils sont déjà dedans. Mais l'action est la même. La déception entraîne l'opposition systématique, la paranoïa aigue démarre et tout est bon pour cracher sur le parti, la direction, le conseil national ou même le copain qui, bénévolement, s'occupe de photocopier les tracts.
Il convient donc de garder la tête froide, lorsque l'on lit une info, les principes de doute chers à Descartes doivent prévaloir. Je lis une info, je la remets dans son contexte, je vérifie la source, je l'analyse à tête reposée plutôt que de répondre à chaud sur les arguments lancés par le troll entriste.
NB : cet article étant par nature sujet à réaction des trolls et autres entristes, je préfère ne pas laisser commenter ici pour ne pas polluer Mediapart.