Alors que ce 27 mai nous a rappelé la création du CNR par Jean Moulin, il y a 72 ans, je me pose la question de la compatibilité de notre 5ème république avec le système de partis français. (un très bon article, écrit avec Isabelle Attard et Joseph Boussion : http://www.marianne.net/agora-si-nous-revivions-jours-heureux-100233856.html )
J’ai fait partie de 3 partis politiques, pour chacun, j’y suis allé de bon cœur, plein d’espoir. J’y ai occupé des postes plus ou moins importants mais plus les postes étaient hauts, plus la chute était dure.
Au PS d’abord, j’ai suivi Arnaud Montebourg dans la création du mouvement Rénover Maintenant. J’ai créé RM38 et en ai assuré la présidence jusqu’à la fin. Mais que ce soit Montebourg ou n’importe quel cadre du PS, ces gens-là ne sont plus connectés au réel. On n’y parle que de stratégie de conquête. Mais pas de conquêtes sociales, humaines, écologiques, non, on y parle de conquête de fédérations, de circonscriptions, de postes au Bureau.
Le PS est un vieux parti politique, il a 40 ans mais il en accuse 100. Il n’a aucun intérêt à prendre le pouvoir pour changer la vie des français et des européens, il n’a d’intérêt que pour les siens.
L’abandon de la primaire par Arnaud au profit de Ségolène Royal en juillet 2006 fut le déclencheur qui m’a fait quitter le PS quelques mois plus tard.
Après 2 ans sans engagement, la création du Parti de Gauche, derrière Jean-Luc Mélenchon m’a redonné espoir. J’étais donc à l’Ile St Denis fin 2008, ayant retrouvé des copains du PS. On s’est démené comme des beaux diables et ça a fonctionné, mieux que prévu, jusqu’en 2012. J’étais au Conseil National et j’ai levé mon carton pour voter la désignation de Jean-Luc Mélenchon à la candidature à la présidentielle. Super campagne, géniale jusqu’au bout et les pleurs en voyant le résultat de Marine Le Pen.
Mais juste après, j’ai vu le prix de cette candidature. Un Front de Gauche dans lequel le PCF réclamait toutes les places payantes aux législatives qui suivaient. Aucun député pour le PG, tout pour le PCF. A partir de là, le PG n’a plus représenté pour moi qu’un parti piloté par le PCF par des méthodes honteuses.
L’arrivée de Nouvelle Donne fin 2013 m’a fait enfin croire à quelque chose de nouveau, une charte, des points de programme précis, une méthode de communication qui me parlait. J’ai tout donné à Nouvelle Donne, j’ai fait des pieds et des mains pour améliorer la participation des adhérents au travers des outils numériques. Aujourd’hui, le forum interne de Nouvelle Donne compte plus de 3500 participants dont un millier de réguliers. Et lors de l’Assemblée Générale, mon action a été transformée lors de mon élection au poste de Secrétaire National. Comment exprimer la fierté ressentie ce jour-là, je n’étais qu’avec des amis, j’étais avec Pierre et Isabelle sur l’estrade de Montreuil. Tout allait être génial… mais pas pour longtemps…
4 mois plus tard, je démissionne de ce poste et je quitte Nouvelle Donne. J’ai voulu être un lanceur d’alerte sur les incohérences déjà générée dans un parti tout gamin. J’ai essayé de pointer les erreurs et j’ai proposé des solutions. J’ai surtout découvert qu’une organisation autant centralisée cristallise l’immobilisme.
Je ne pense pas que les partis politiques sous leur forme actuelle soient les tenants de la solution démocratique.
Emmanuel Chaumery - Ancien Secrétaire National de Nouvelle Donne