Avez-vous vu le film Divergente 2 – L’insurrection ? Plébiscité particulièrement par les jeunes générations, c’est un succès phénoménal en DVD et VOD après avoir dépassé plus d’un million d’entrées à sa sortie dans les salles françaises.
Je l’ai regardé récemment. Pourtant pas vraiment fan de science-fiction, cette fois j’avoue m'être laissée entraîner dans la saga écrite par la jeune auteure Veronica Roth. Ce n'est pas le film de l'année et on est à l'opposé du cinéma d’auteur que j'affectionne habituellement… mais j'ai été interpelée par le personnage de Tris, qui se démarque par sa complexité. Ne rentrant dans aucun cadre, elle est comme beaucoup d’entre nous…
Au-delà de l’histoire futuriste, je veux croire que les jeunes générations ont pu lire entre les lignes en regardant les deux films.
5 points pour expliquer en quoi nous sommes tous un peu des divergents et en quoi une grande force sommeille en nous.
1. Personne ne rentre et ne veut rentrer dans un moule
Pour ceux qui n’ont pas vu les films (1 & 2), rapidement pour comprendre mon propos : l’histoire se déroule dans un monde apocalyptique. Les citoyens survivants sont regroupés par factions. Audacieux, Altruistes, Sincères, Fraternels et Erudits se répartissent les membres qui ont des traits de personnalité bien marqués. Parfois certains évoluent et changent de groupe s’ils ne sont plus en phase avec le leur. Mais surtout, une petite frange de la population est constituée de membres dotés de toutes les caractéristiques des autres groupes. Elle rassemble des atypiques qui ne peuvent rentrés dans aucune catégorie…Pour cette raison, elle est inlassablement traquée par les dirigeants, identifiée comme une menace pour cette société dont l’équilibre des forces est fragile.
Le film montre bien comment l’être humain semble enclin naturellement à mettre les gens dans des cases. C’est sûrement plus rassurant de coller des étiquettes et de mettre des œillères plutôt que de se poser les bonnes questions et d’essayer de regarder les autres selon différents points de vue. Dans le film comme dans la réalité, chaque individu est unique mais nous n’avons pourtant pas l’habitude d’être entendu comme tel. Car vous et moi avons des combinaisons de caractères qui font la richesse de nos êtres, la question n’est donc ici pas pourquoi mais comment avancer avec notre complexité dans un monde de plus en plus difficile à comprendre. A commencer à l’école où les différentes intelligences ne sont pas identifiées pour un meilleur apprentissage de chaque élève. Heureusement la pédagogie évolue (on parle de plus en plus de pédagogie positive). Ensuite dans le milieu du travail, même si le management prend lui aussi un nouveau tournant dans certaines entreprises, on est loin de considérer chaque salarié pour ce qu’il est. Bref, comment permettre à tous les talents d’émerger ? Comment canaliser toutes nos forces qui ne rentrent dans aucun moule pour au final que tous soient gagnants, y compris la société ?
2. A la fois altruiste, fraternel, érudit, audacieux et sincère
Prenons un exemple, Vous. Comment vous voyez-vous ? Altruiste ? Les études psychologiques montrent que nous le sommes naturellement même si après, en fonction du vécu de chacun, l’homme devient un loup pour l’homme. De son côté, Tris n’arrive pas à penser qu’à elle-même, même quand il s’git de sauver sa peau. Elle est liée aux autres quoi qu’elle fasse.
Vous êtes fraternel et sincère? Malgré des comportements individualistes que nous avons tous à un moment ou à un autre, vous aimez entretenir des liens authentiques, vous sentir utile, avoir des relations fortes avec ceux que vous aimez, n’est-ce pas ? Notre super-héroïne Tris aime les siens jusqu’au bout même quand ils la trahissent comme son frère.
Vous êtes érudit ? Là, beaucoup plus épineux comme sujet. En France il n’est pas très convenu de dire qu’on est doué, on préfère rester modeste. C’est culturel il paraît. Alors passons sur ce point. Il n’est pas très important à mes yeux, persuadée que nous avons tous des intelligences multiples.
Vous êtes audacieux ? Peut-être pas dans tous les domaines de votre vie mais à coup sûr vous êtes capable de lâcher vos peurs, de foncer par passion ou par nécessité. L’audace est un moteur pour aller de l’avant et quand j’observe mon entourage, les réseaux sociaux, les projets qui se montent de toutes parts pour faire bouger les lignes (dans le développement durable, dans l’entreprenariat, dans la défense de certaines causes et bien d’autres domaines encore), je vois beaucoup d’audace ! Pas besoin d’être un être supérieur comme Tris pour être audacieux.
Certes il y a de nombreux résignés. D’ailleurs les factions représentées dans le film sont composées d’une majorité de résignés. Oui mais… il y a aussi cette minorité qui y croit, qui ose et bannit de son vocabulaire le mot « impossible ». C’est là encore le cas avec Tris et son compagnon. Dépassons le fait qu’ils sont des sauveurs, ils sont surtout des empêcheurs de tourner en rond par l’action.
Au final, nous composons donc tous plus ou moins avec tous ces traits de personnalité.
Faisons là encore un parallèle avec notre monde de plus en plus formaté dans lequel nous suffoquons. Pour inventer une nouvelle société qui se cherche depuis trop longtemps, sortons du rang, en faisant un pas de côté, en affirmant nos différences. Il devient vital d’embrasser comme Tris, tous les aspects de notre être. Peu importe le jugement des autres. Soyons des divergents chacun à notre façon.
3. Les audacieux gagnent du terrain !
Cette curiosité insatiable, cette envie de changer le monde aussi, qui frôle parfois l’idéalisme, cet enthousiasme optimiste, cette capacité de résilience (le fait de surmonter les épreuves en devenant encore plus fort), tout comme le courage et le besoin d’authenticité, je la retrouve dans beaucoup d’individus. Bien sûr, au côté face il y a toujours un côté pile car le doute et l’anxiété font tout autant partie du package « Divergente ». Le parallèle avec Tris (et son amoureux Quatre) a peut-être ses limites, à chacun d’en juger : elle est accablée par ses peurs et son manque de confiance en elle et ses doutes l’emportent sur les rares moments de bien-être qu’elle pourrait connaître. Mais au final ses forces l’emportent sur ses fragilités. Grâce à l’audace.
A en croire le succès de la saga (le 3 et le 4 arrivent dans la foulée), je ne suis visiblement pas la seule à aimer ce récit. Je viens rejoindre les rangées des ados fascinés par le jeu d’acteur de Shailene Woodley mais mon regard n’est peut-être pas le même que le leur…
Pour ma part, je vois dans cette approche caricaturale et romanesque la métaphore de la période que nous traversons.
4. Atypique ou simplement humain ?
Beaucoup ne croient plus ni en la religion, ni en la politique, ni en l’économie, ni en la famille qui se disloque. Vers quoi peut-on alors se tourner ? Car de plus en plus perdus dans un quotidien où tout et son contraire sont dit à longueur de journée, où l’on ne sait plus vers quel saint se vouer (en tant que consommateur, en tant que citoyen, en tant que téléspectateur et internaute, en tant que patient aussi…), nous ne savons plus comment nous définir. Pourtant nos ressources peuvent être notre meilleur atout.
Ne sommes-nous pas chaque année plus nombreux à croire en autre chose ? Loin de vouloir baisser les bras, nous pensons que la crise difficile que nous traversons est un formidable moyen d’inventer autre chose. Derrière le mur (pour reprendre l’image du film) se dresse un nouvel horizon, inconnu, mais où tout est possible. Si nous osons y croire et nous donnons les moyens d’y arriver, si nous changeons notre regard sur nous-mêmes avant tout, en nous disant que notre complexité revêt des forces insoupçonnées, en étant à l’écoute de notre petite musique intérieure, créative et nécessaire pour innover, alors la complexité ne sera plus le problème mais la solution !
C’est ce que montrent les conférences TedX qui mettent sur le devant de la scène des créateurs, inventeurs et défricheurs en tous genres.
5. Nous ne sommes pas le problème mais la solution
Désormais j’ai envie de croire qu’avec les traits qui nous caractérisent (optimisme, résilience, fraternité, altruisme et autre), en les assumant et en nous unissant nous pouvons soulever des montagnes.
Nos individualités rassemblées prennent ainsi tout leur sens.
Et Divergente 2 – L’insurrection est en quelque sorte un voyage initiatique qui aborde des thèmes universaux pour au final s'émanciper et s'épanouir. Je pense alors à l’ouvrage de référence de l’anthropologue américain Joseph Campbell, Le héros aux mille visages : l’auteur nous invite à nous inspirer des grands mythes pour trouver le héros qui est en chacun de nous…
Ces derniers temps, malgré les mauvaises nouvelles et les messages anxiogènes venus de toutes parts, ne sentez-vous pas quelque chose qui gronde en sourdine, comme une force qui voudrait se faire entendre dans le chaos actuel ? Si vous y êtes réceptifs, nul doute que vous êtes… Un divergent !