Depuis quelques jours, Claude Guéant, théoriquement Ministre de l'intérieur, multiplie les déclarations chocs. Après «Les Français veulent que la France reste la France», la «Croisade», son nouveau cheval de bataille est l'interdiction des signes religieux dans les hôpitaux publics «Les agents des services publics évidemment ne doivent pas porter de signes religieux, manifester une quelconque préférence religieuse, mais les usagers du service public ne doivent pas non plus».
Le deuxième tour des élections cantonales dans moins de 72 heures ne saurait expliquer ces déclarations, on ne peut imaginer qu'un Ministre de la République profite de sa fonction pour influer sur des élections locales. De même, comment pourrions nous imaginer qu'un Ministre de la République, représentant du peuple, appele ainsi les électeurs du Front National à sauver ce qui reste de l'Ump.
Non, ces déclarations n'ont qu'un objectif tout à fait judicieux et républicain, renforcer la cohésion au sein du pays, ce qui correspond d'ailleurs aux missions du Ministre de l'intérieur.
Si on en revient aux déclarations sur l'hôpital, je ne peux m'empêcher de me poser un certain nombre de questions, en raison de mon expérience professionnelle mais également en tant que citoyenne fière jusque là de notre système de santé.
Les professionnels de santé ne doivent donc pas porter de signes religieux ... mais alors que vont faire tous les professionnels qui portent une croix ? Ils vont démissionner, être révoqués ?
Pour justifier ses propos, Mr Guéant explique que "Par exemple, on sait qu'à l'hôpital il y a un certain nombre de personnes qui refusent, pour des femmes, des soins prodigués par des hommes. Eh bien ce n'est pas admissible"
Naivement, je pensais que lorsque l'on évoquait des faits, dans des domaines aussi graves, on argumentait à partir de chiffres, or de chiffres, Mr guéant ne parle pas. Aurait-il des "statistiques" secrètes sur ce "phénomène inadmissible" ?
Combien de soignants ont vu des personnes (femmes puisque c'est de ça dont parle Mr Guéant) refusé des soins prodiqués par des hommes ? Combien de fois ?
Par ces propos, Mr Guéant salit une nouvelle fois les valeurs de la république mais aussi tous les professionnels de santé et l'hôpital public dans sa globalité. Il fait également l'impasse sur les principes éthiques et déontologiques. Il ne veut d'ailleurs même pas légiférer sur ce sujet puisqu'il suffit, d'après lui, "de décrets parfois ou d'instructions".
De simples "instructions" limiteraient donc les soins que toute personne est en droit d'attendre d'un service public, par ces mêmes instructions, il supprime le droit aux professionnels d'exercer leur profession en respect avec leurs valeurs.
Alors, je confirme, Mr Guéant, cette France là je n'en veux pas et cet hôpital là je n'en veux pas non plus. Vous avez, vous et vos collègues de l'ump réduit de façon drastique les moyens alloués à l'hôpital public, vous avez détruit la qualité des soins en psychiatrie, vous remettez en cause cette fois la libre éthique des professionnels, à partir de "simples instructions", sans débats donc, sans consultation des professionnels et comités d'éthique.
Vous jouez que le terrain du Front National, votre nom restera ainsi célèbre dans l'histoire politique de ce pays, nom pas comme Ministre mais comme défenseur de l'idéologie du Front National.