Sur le thème des inégalités sociales de santé, la politique de déremboursement menée depuis quelques années est significative.
Les raisons évoquées pour dérembourser partiellement ou en totalité un médicament sont soit le manque d'efficacité (service médical rendu insuffisant) soit un glissement facilité pour l'automédication.
Automédication
Tout principe actif peut entraîner des effets secondaires connus ou inconnus. A partir de ce principe, l'automédication ne peut donc reposer que sur des médicaments dont les effets secondaires sont quasi-inexistants. De plus, l'automédication nécessite d'une part que les symptomes et/ou la maladie soient diagnostiqués et que la personne soit suffisemment informée. Dans un contexte ou l'éducation n'est plus, loin s'en faut, une priorité du gouvernement, comment proposer de développer l'automédication ? C'est la première des contradictions.
Qui dit automédication dit médicament non remboursé. A partir de là, on assiste à une autre contradiction, la santé étant un droit fondamental reconnu pour tous, ceux qui pourront payer leurs traitements seront donc privilégiés, en terme de santé, par rapport aux autres.
Enfin, le risque évident du principe d'automédication est que pour ceux qui ne pourront utiliser cette nouvelle forme de médication, le risque d'aggravation des symptomes est évident avec pour conséquences un recours au système de soins via les urgences (qui n'arrivent déjà plus à fonctionner), avec une pathologie aggravée par le retard de traitement (donc un coût plus élevé de la prise en charge) et des conséquences plus lourdes en terme d'arrêt de travail, d'inconfort voire de sesquelles. L'argument économique utilisé pour mettre en avant l'automédications semble donc bien limité ...
Enfin, même si c'est politiquement incorrect de le dire, l'automédication sous entend les soins ou traitements dits "de confort".
Voici quelques exemples pour expliciter mes propose.
1) Plusieurs antiseptiques sont déremboursés dont la Bétadine ®. Soit on considère que cet antiseptique n'a pas démontré son efficacité et je souhaiterais alors que l'on m'explique pourquoi c'est l'antiseptique de référence en milieu hospitalier ? Ou alors, c'est que l'antisepsie ne sert à rien et/ou qu'il est moins couteux de traiter une infection ?
2) Les myorelaxants sont également déremboursés (coltramyl®, myolastan®). Qui n'a jamais souffert d'un torticoli ? d'un lumbago ? Soit on a déremboursé ces traitements par manque d'efficacité (je laisse juger ceux qui ont été traité pour un torticoli par exemple de la non-efficacité de ces traitements), soit parce que ce type de traitement n'a pas sa place dans l'index thérapeutique, mais à ce compte là, par quoi peux-on les remplacer ?
De nombreux autres exemples existent.
L'augmentation des inégalités sociales est en route ...