On déplore une victime depuis cette nuit après utilisation de taser.
Présentée comme une arme « non létale » et comme une alternative aux armes à feu, le taser serait "l'arme idéale" tant pour la sécurité des policiers que pour celle des des personnes visées.
Rappelons que le Comité de l'ONU contre la torture, un organisme chargé de surveiller l’application de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, est arrivé à la conclusion que l’utilisation du pistolet à impulsion électrique constitue “une forme de torture” et “peut même provoquer la mort de personnes“.
On peut être surpris quand on essaie de rechercher sur quelles études se sont basés les constructeurs et ceux qui ont légalisé l'usage de cette arme : il n'y a eu aucune étude sérieuse sur l'être humain ! Amnesty International signalait dans un document public daté de février 2003 qu’ "aucune étude approfondie, indépendante et impartiale n’a été conduite sur les conséquences médicales des dispositifs à décharges électriques."
Le 23 mai dernier, un décret a rendu possible l'utilisation de cette arme par les polices municipales, sur quels éléments s'est-on appuyé pour justifier cette décision ?
La nuit dernière, un homme de 38 ans est décédé après avoir reçu deux décharges de taser. Le lien de causalité ne pourra être établi sans autopsie mais il ne s'agit malheureusement pas du premier cas d'incident grave lié potentiellement à l'utilisation du taser. Pourquoi le principe de précaution ne s'applique pas ? Pourquoi n'y a-t-il pas d'étude épidémiologique mise en place en France ?
Que l'homme ait été violent et dangereux, seule une enquête pourra confirmer de quelle manière s'est déroulé l'intervention et ce n'est pas le sujet de ce billet. Je m'interroge simplement sur l'opportunité d'une telle arme, sur ses risques potentiels mais aussi sur ses conditions d'utilisation ... Toutes les équipes d'intervention d'urgence (pompiers, ambulanciers, smur) ont été confrontées à des personnes agitées, aggressives, violentes voire armées. Mais ces équipes ne sont pas équipées de taser (fort heureusement !) et gèrent ces situations du mieux qu'elles peuvent et, le plus souvent, sans la police et à 3 ou 4 personnes. Pourquoi 8 policiers auraient eux besoin d'une arme, alternative ou pas, pour maitriser une personne violente ? Certes, la formation de la police et des secours d'urgence n'est pas la même, mais, l'objectif lui devrait être commun : protéger les personnes, fussent elles atteintes de troubles du comportement. Alors oui, je m'interroge, le taser est-il indispensable dans des situations de ce type ???