La mort a encore frappé à la frontière.
Au moins 27 personnes*, qui dans la fleur de l’âge, ont vu leurs espoirs s’envoler dans l’eau glacée de la Manche. 27 personnes…
Il n’y a pas de mots pour dire notre horreur, et notre honte aussi.
Notre horreur face à cette information crue qu’on nous jette au visage. 27 migrants nous dit-on, comme pour cacher qu’il s’agit de personnes pleines de vie, de projets, d’espoirs, de souvenirs…
Et notre honte. Honte de vivre dans un pays dirigé par des hommes et des femmes qui n’ont de cesse de rendre la vie des personnes exilées impossible, qui n’ont de cesse de créer un environnement si hostile à ces personnes que leur unique espoir reste la fuite, qui n’ont de cesse de barricader la frontière et ainsi jeter ces personnes dans les bras de passeurs qui, eux, n’ont que faire de la vie humaine. Honte, sans doute aussi, de ne pas réussir, un tant soit peu, à faire changer les choses.
Ces politiques tuent. Les personnes qui les décident et les mettent en œuvre ont une responsabilité écrasante.
Il n’est plus l’heure de nous cacher derrière notre petit doigt. Les traitements infligés aux personnes exilées à la frontière franco-britannique sont inhumains et dégradants, et ils causent des morts. Nous ne cessons de le dire, et pourtant dans une fuite en avant indigne, la réponse qui nous est apportée, n’est que toujours plus de mépris et de violence. Cette violence et ces traitements inhumains et dégradants sont mis en œuvre par des hommes et des femmes à Calais, Grande Synthe ou Ouistreham, et sont décidés par d’autres dans des bureaux calaisiens, arrageois ou parisiens. Ces politiques tuent, et il y a des responsables.
Nathanaël Caillaux
Chargé de projet "migrations" - Secours catholique Hauts-de-France
Engagé depuis plus de 10 ans en soutien aux personnes exilées bloquées à la frontière franco-britannique.
*27 personnes à l'heure où je publie ces lignes (à la publication de l'article, l'information indiquait 31 personnes d'où la modification dans le texte)