Une duplicité et un machiavélisme admirables. Ceux qui critiquaient l’apparente servilité du chef de l'état face à Poutine, les invitations estivales, les conversations climato-téléphoniques avec des échanges autour de la pluie et du beau temps, des sujets pourtant devenus prioritaires avec le changement climatique en sont pour leurs frais. Ce n'était rien d'autre qu'une stratégie visant à enfumer le maquereau des terres du nord. Camouflé derrière son « # ne pas humilier Poutine » issu de l'école Daladier, la stratégie jupiterienne disposait ses pions. Hier Napoléon le petit parachève le mouvement avec une déclaration de quasi-guerre. Les yaka-faucons, américains et européens ne peuvent cacher leur jalousie derrière leurs bordées de sarcasmes et de moqueries. La France retrouve enfin le rang de puissance belliqueuse et donneuse de leçons qui lui est dévolu et qu'elle n'aurait jamais dû quitter malgré les déculottées subies par notre glorieuse armée entre 1939 et 1963 qui incitaient à adopter une modestie prudente, les états majors successifs en étaient réduits à livrer des combats, certes héroïques mais peu valorisés livrés aux bataillons de fonctionnaires de Bercy dans le but de conquérir un supplément de carburant ou un joujou nucléaire, malgré une opinion publique qui s'interroge sur le gaspillage de fonds manquant cruellement à l'hôpital et à l'école. Grâce au lanceur d'éclairs jupiterien, c'est du passé, la grande muette a retrouvé sa voix à la plus grande satisfaction de mesdames et messieurs Dassault Safran, Thales et DCS. Le réarmement c'est maintenant et ca paye des écoles et des hôpitaux. Alors que le petit père des peuples russes et de ceux qui n'en veulent pas multiplie les excommunications de Hooligans comme le criminel Navalny, son homologue français panthéonise à tout va le criminel qui abolit la peine de mort et un groupe de refuzniks qui multipliait les attentats contre le president maréchal de l'époque et contre les représentants du pays voisin qui venaient en libérateurs d'un pays gangrené par les juifs, les gitans, les homosexuels et les femen. Si ce n'est pas une attitude provocatrice, c'est au moins un manque inacceptable de savoir vivre.
Tout est calculé, tout est prévu, avec une conjonction des planètes remarquable. Quelques exemples. Le salon de l'agriculture servit à camoufler l’acheminement des tracteurs du régiment de tracteurs vers le quartier général de l'Armée Agricole pour une inspection des troupes et une revue d'arguments. Le chef administra une séance de coaching sur l'oblast de la porte de Versailles afin de raffermir les liens avec ses fidèles grognons. Judicieuse décision puisqu’un de ces rudes gaillards se permit de lui tirer l'oreille. Notre prix Nobel du concours d'éloquence (*) poursuivit avec un discours qui permis aux braves à quatre roues de sombrer aussitôt dans un sommeil réparateur. Une fois réveillée, la nouvelle Ministre de la Culture et de la Capitale proposa que ce moment reste dans l'Histoire sous le nom d'appel du 23 janvier pendant qu'à quelques milliers de kilomètres de là, dans une stratégie concertée destinée à prendre le front russe en tenaille, prétextant une imaginaire colère céréalière, les lanciers polonais du régiment de tracteur-légers avançaient en direction de la frontière ukrainienne. Seule alerte de la journée, l'intervention d'un illuminé qui se présenta comme « Napoléon-le-petit ». Grimpé sur un ballot, le jeune cabotin interpella la foule d’un « du haut de ce ballot, sept années vous contemplent » qui ne passera pas à la postérité. Rapidement maîtrisé, l'individu fut ramené aux Invalides voisins où il était soigné.
L’arrière aussi participe à l'effort de guerre. Au nom de l’intérêt national et quitte à perdre les revenus du tourisme, la maire de Paris réserve courageusement l'accès à l'esplanade de la tour Eiffel au stationnement et aux manœuvres des véhicules blindés et aux séances d'entraînement des combattants. Le champ de Mars retrouve enfin sa vocation première, célébrer la guerre.
L’inauguration du village des athlètes participe de la construction d'un élan national de patriotisme. Grâce à la propagande télévisée (en temps de guerre …), l’opinion publique se familiarise avec une des grandes réalisations du pouvoir et peut admirer ce qui servira à la fois d'hôpital de campagne et de centre de repos où les vaillants pioupious revenant du front, pourront profiter de quelques jours de permission en visitant la capitale de la « patrie des droits de l'homme, de l'olympique et du paralympique".
Même l'augmentation du prix des billets de train et l’annonce de grèves est de la patrie en obligeant l'état major à garantir l'acheminement de matériel et le transport de troupes pour faire sécher leur linge sur la ligne Poutine. L’appel d'offres a été remporté par la société Uber et ses célèbres « Taxis de la Volga » à la fois pour des raisons de coût et pour leur connaissance des contrées lointaines et hostiles du nord de l'Europe.
Une information qui réjouira les plus pessimistes. La jeunesse des quartiers s'engage à son tour dans le mouvement patriotique en rejoignant les faisceaux les flambeaux des comités de la flamme. Souhaitons toutefois qu'il ne s'agisse pas d'un simple feu de paille.
Enfin, puisqu'il faudra franchir le Dniepr, la ministre de l'écologie réquisitionne les piscines privés et les bassines paysannes afin que les véhicules amphibies et les troupes du génie français puissent s'exercer à franchir les fleuves et à construire des ponts.
L'enthousiasme qui accompagne la déclaration de quasi-mobilisation générale rappelle l'atmosphère qui régnait sur les quais de gare en septembre 1914 mais reste est fragile. Pour conjurer le risque que le moral de nos vaillants pioupiou soit en berne (en France aussi) chacun doit participer à l'effort de guerre et notamment les privilégiés. C'est pourquoi l'exercice du droit de grève est désormais suspendu (pas interdit, on est en démocratie...) les jours de départ en vacances, de fêtes de fin d'année, de fêtes des grand-mères, d'anniversaire du président et les jours de travail.
Malheureusement, l'union sacrée est loin d'être acacquise et pour un syndicat paysan aux prises de positions pourtant jusque là violemment opposées au gouvernement qui apporte son soutien au chef en se rendant sous l'arc de triomphe et l'oeil des caméras pour rallumer la flamme du soldat inconnu, combien de traineurs de sabre de la TNT s'inquiètent de la nouvelle dimension de ce jeune homme ’un président faible, versatile et irrésolu. C'est un fait, l'ennemi de l'intérieur reste tapi, notamment dans l'ombre des ondes de Radio Lepen dont l'émission "Je montretout » (et demain je dévoile le reste) révéle que l’acheminement de missiles « Pesticide » vers la capitale faisait partie d'un plan visant à renverser le P'tit Meunier à la barre du pédalo tricolore. Tête haute et mains propres, la franchise « Staline et fils » s’adresse à l'égoïsme naturel de la population pour justifier de l'arrêt de sanctions pourtant timides et possiblement peu efficaces, prises à l'encontre de leur financeur de campagne électorale qu'autrement ça aurait été un scandale qu'ils ne participent pas.
Un visionnaire qui voit. Quand la victoire aura été acquise, le temps des débats télévisés et des commémorations devant les monuments aux morts rendra justice au Grand Réarmateur de sa vision d’un indispensable réarmement démographique et port de l'uniforme dès le plus jeune âge. Comme le rappelle le proverbe, "Soldat un jour, soldat toujours et même avant". Dans ces heures difficiles où les sirènes de l’approvisionnement en gaz nous tendent les bras, écoutons l'homélie de vingt heures de Frère Delahousse, et ses prières à Notre Dame des Pièces Jaunes pour la soutenir dans sa mission de soutien et de réconfort au Détonnant en chef.
N.B. l'Elysée aura peut-être publié un démenti pour annuler la mobilisation générale, prétextant l'incompréhension d'un stagiaire ou le piratage du prompteur par les services secrets russes.
(*) Il succède à messieurs Castro et Poutine, atteints eux aussi de la diarrhée verbale, une maladie incurable. Il coiffe JL Mélenchon et ses zozologrammes d'un épi.