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Billet de blog 16 décembre 2024

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Médecine du monde moderne

Faites tourner la machine Pas assez d’humains pour les soins Voilà ce qui se passe à l’entrée des urgences :

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Médecine du monde moderne

Faites tourner la machine

Pas assez d’humains pour les soins 

Voilà ce qui se passe à l’entrée des urgences :

1) Avant de se retrouver à l’hôpital, les patients avec les symptômes qui les inquiètent (Le plus souvent des douleurs, mais aussi des fatigues) auraient dû les faire évaluer par la médecine libérale (de la sécu conventionnée de base mais sans les moyens de l’hôpital), c’était ainsi le millénaire dernier.

A nuancer en cas de grossesse où l’urgence peut être dramatique (le réseau de maternité fera l’objet d’un autre article). C’est évidement aussi en cas d’urgence vitale, appelé aussi détresse vitale. Dans le sujet présenté, le patient entre aux consultations aux urgences debout sur ses jambes.

Une fois le patient arrivé à l’hôpital, ses symptômes deviennent déjà plus proches de devenir des maladies. Les machines sont là prêtes à servir :

  1. a) le laboratoire d’analyse est tout d’abord sollicité : la consécration fut pour les « test covid », chacun jugera de leur utilité pour la santé de tout le monde, car il n’y a eu aucune leçon tirée pour savoir si ces milliards de tests avait changé l’évolution de millions de personnes dans le monde, vu leur entrée tardive dans la confirmation d’un diagnostic devenant évident, et sans traitement confirmé.
  2. b) l’imagerie médicale se place en seconde position. Il est impossible de dire du mal de l’échographie qui est un miracle technologique, sans aucune nocivité et avec un contact entre le médecin et le patient, mais il y a le problème de la disponibilité de ce médecin !

Et voici le scanner X avec des performances incontestables, devenu la routine, une production d’examens littéralement à la chaine. Plus la machine est rapide, plus la cadence augmente, et la cadence a été multipliée par plus de 400 % en 40 ans ! Le problème n’est pas tant l’irradiation (qui n’est récusée sans excuse que pendant la grossesse), mais de l’absence de tout discernement dans le soin au patient.

2) Faire un examen sans discernement en urgence, ne change en fait rien de ce qui se passera ensuite : le radiodiagnostic (quel que soit le diagnostic) ne sera jamais une « radiothérapeute » comme l’irradiation soigne le cancer ; l’angoisse d’un symptôme passe un peu si les radios, le scanner X a été fait, mais les soins restent à faire, c’est-à-dire pour le plus pressé pendant l’attente aux urgences puis dans le service hospitalier.

3) Il n’y a plus de freins à faire tourner la (les) machines (amortissements...très coûteuses). Sans problème car la fibre internet est maintenant opérationnelle, comme toutes les technologies informatiques, qui permettent à des groupements de télé-radiologues libéraux (avec des contrats de « services » rendus à l’hôpital) de faire exécuter les examens confortablement à distance (pas encore sur le smartphone, mais l’intelligence artificielle y travaille : il n’y aura plus qu’à valider -  la touche humaine et son facteur de risque d’erreur – ce qu’à algorythmé la machine).

Voilà ce qu’iels en disent le personnel qui fait en pratique ces examens (manipulateur.ices en radiologie) : l’inflation d’examens à réaliser est évidente, à une heure prêt lorsque le frein des médecins radiologues de l’établissement est levé, le feu passe au vert et cela peut s’étendre dans la nuit d’examens prémédités des heures avant. Cette pénibilité a-t-elle été évaluée ? Pas connu. Y a-t-il une rémunération pour ce personnel correspondant à l’augmentation de la productivité ? NON ; S’agit-il d’une productivité : OUI, il y a les profits à l’acte. Un contrat est-il négocié entre le privé et le public : OUI, déjà dit. Le personnel en reçoit-il une partie : NON, catégories inflexibles, pas d’indexation du pont d’indice. Bonne volonté des soignants, on applaudit.

Quelle est l’explication de ce phénomène de tolérance de cette consommation de ces examens irradiants (et facturés) ?

4) Pour un.e urgentiste (et les spécialistes hospitaliers), les symptômes ne permettent pas un diagnostic objectif, il lui faut des examens complémentaires pour aboutir à l’hospitalisation, à l’acte, et plutôt en vain (cela ne changera rien au stress du manque de médecin traitant disponible et capable de prendre le relai sans ces examens d’imagerie devenus des priorités- L’examen est un instantané, qui ne coure que le temps de cet examen !). Le ressenti du patient ne permet pas de le classer dans une facturation, le laboratoire d’analyse biologique un peu, mais l’imagerie fait le jackpot : l’objectif du séjour hospitalier pour le diagnostic X.

Les places en hospitalisation sont chères, l’imagerie permet un tri, un devis. Hospitaliser ou pas avec le manque de place. La preuve : en cas de résistance d’un radiologue hospitalier et non « à distance » de faire l’imagerie, la personne pourra être hospitaliser une nuit, en attente d’échographie...plutôt bien. ! (Le scanner X ne fait pas tout, il y a l’échographie mais aussi l’IRM (rendez-vous très difficile à avoir car la machinerie est encore très lente)).

5) Ceux qui ont investis dans ces technologies pointues s’y retrouvent ; c’est acheté, ça s’amortit à fond la caisse), cela rémunère, mais ne change pas grande chose à la santé à ce niveau de consommation. Le personnel se demande si cela est utile et il a bien raison, car ce n’est pas que du travail en plus et non rémunéré mais la raison de faire tourner sans cesse la machine (qui ne s’usera pas plus vite car il s’agit de niveaux de performances techniques évoluant sans cesse) mais juste par ce c’est la nouvelle norme moderne pour les patients qui se présentent aux urgences. Certain.es pateint.es auront 10 scanners en 10 ans pour la même maladie, parce qu’ils repassent aux urgences…. Facile à comprendre, la maladie est encore là, l’irradiation aussi est là.

6) Est ce que la nécessité des examens baisse lorsque cela est devenu une routine d’accès facile ? Insidieusement, l’examen devient prépondérant au patient réel. L’examen fait une pèche au hasard, au cas où on verrait quelque chose. Mais toutes les maladies ne sont pas toutes visibles avec toutes les machines.

Que faut-il produire : des soins ou des examens ?

D’un autre côté, ces examens peuvent être nécessaires et cela fera hospitaliser les patients dans des services d’attente. Ce type de service : celui nommé UHCD (en fait une prolongation de l’hospitalisation aux urgences) est alors bien utile, car les services traditionnels spécialisés n’aiment pas recevoir une personne sans diagnostic au risque de mauvaise orientation, il faudra organiser un transfert dans un autre service (Certes les médecins se déplacent d’un service à l’autre). Il y a aussi des services polyvalents qui ne serons pas réticents à un séjour augmenté du temps du diagnostic. Il peut arriver lors des périodes de téléradiologie, et/ou de régulation des entrées aux urgences, qu’un transfert dans un autre hôpital sera organisé, cela au détriment du patient qui n’imaginait pas cette prise en charge. Ce qui est appelé « la régulation » (des pénuries de personnel) organise l’accumulation de problèmes et de difficultés. Mais avec des scanners copiés collés de confirmations comme autant de « prises de sang » pour vérifier que le groupe sanguin n’a pas changé (pour info, c’est impossible), l’image du patient est devenue télétransmise, virtuelle, algorythmique.

Premiers pas vers l’IA en médecine ? Non, la poursuite de l’IA, son chemin technocratique.

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