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Billet de blog 4 mai 2015

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Lordon à la CNT

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Chers camarades médiapartiens,

Je suis tombée hier sur une perle, un enregistrement audio d'une intervention de Lordon à la CNT. Ne disposant pas de temps en ce moment, je ne peux vous faire un résumé complet de cette intervention, que j'aurais peur par ailleurs de trop simplifier, n'ayant pas le bagage conceptuel ni la culture philosophique suffisants. Je vous invite donc à l'écouter.

Ayant moi-même été sympathisante de la CNT et de la mouvance anar pendant des années, j'ai trouvé que ce débat éclairait bien les apories de la pensée anarchiste, ses "impensés" justement. Lordon vient les combler par la pensée de Spinoza, entre autres, et par des auteurs comme Sibertin-Blanc.

Tout d'abord concernant la façon de penser l'individu comme un être possédant un libre-arbitre, et comme n'étant "mauvais" que par les conditions concrètes d'oppression qu'exerce le Capital. Comme si, si l'on suspendait l'oppression capitaliste et le rapport salarial, ne se reconstitueraient pas immédiatement de nouvelles formes de domination. Lordon pense la domination et les rapports de pouvoir comme consubstantiels à l'être humain, ce en quoi je le rejoins. Le tout est de trouver des moyens de régulation et de contention de ces rapports de domination par la mise en place d'institutions (au sens le plus basique du terme) les limitant le plus possible.

Et c'est là qu'intervient une réflexion sur l'Etat. L'Etat tel qu'il est dans sa forme actuelle, c'est-à-dire obéissant à la logique du Capital, et régulant la violence par la violence "légitime". Lordon ne croit pas en la possibilité de l'absence totale d'Etat. Il propose d'en revenir au concept d'Etat dans sa forme la plus épurée (donc en dehors des actualisations qui se sont déjà fait jour), comme une forme d'organisation dont le tout transcende les parties qui le composent, et comme actualisation ou émanation d'une souveraineté populaire (par opposition à des organisations transnationales type OMC, FMI, qui ne reposent sur aucune base concrète). On peut penser l'Etat en dehors du Capital, comme forme d'organisation d'entités plus petites, ces unités pouvant être des collectifs de travail autogérés par exemple. Mais on ne peut pas échapper à la constitution d'un tout venant réguler les parties. Le tout est de savoir comment penser cette forme d'Etat de façon à en limiter la violence intrinsèque, et le potentiel énorme d'oppression auquel on ne peut échapper.

Une partie de l'entretien est dédié à la notion de souveraineté, non pas comme "souverainisme", mais comme principe de décision collective et de capacité à agir, c'est-à-dire en un sens spinoziste (de ce que j'en ai compris). Il explique aussi en quoi nous sommes mus par des forces sociales qui nous dépassent, et en quoi ces processus sont irréductibles à notre volonté, si "bonne" soit-elle.

Bref, j'espère ne pas avoir trop dénaturé son propos, que je vous (ré)invite à écouter. En plus, comme ça se passe à la CNT, les échanges ne sont pas convenus, et l'ambiance est beaucoup plus libre que lors de certaines conférences ou colloques universitaires.

En espérant que cela amènera à des débats fructueux...

Coline.

ici : http://www.cnt-f.org/intervention-de-frederic-lordon-lors-du-festival-cnt-2014-a-la-parole-errante-a-montreuil.html

ou là...

Frédéric Lordon, La Parole errante, Festival CNT 2014, Montreuil, 1 de 2 © littlebigfred

puis là : 

Frédéric Lordon, La Parole errante, Festival CNT 2014, Montreuil, 2 de 2 © littlebigfred

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