La hausse de l’abstention
« L’abstention ne peut être interprétée seulement comme un symptôme, comme un manque, comme un déficit. Elle participe pleinement aux transformations des formes contemporaines de politisation et d’expression démocratique »1
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Pour David Van Reybrouck, la démocratie occidentale aurait un sérieux problème de légitimité si ces citoyens n’ont plus plus envie de participer à la procédure essentielle de son fonctionnement : le vote. Selon lui non seulement les européens vont de moins en moins voté mais le vote serait aussi de plus en plus capricieux, même si ceux qui vont voter reconnaissent pour certains encore la légitimité de la procédure, ils montrent de moins en moins de loyauté à un seul et même parti (volatilité électorale).
"C'est un droit le vote pas un devoir, je suis abstentionniste et pour moi ça a du sens et c'est différent du vote blanc"2
Le taux d’abstention en France augmente d’année en année, au premier tour des élections législatives de 2017 l’abstention était de 51,3 % et de 57,36 % au second . En ce qui concerne les élections présidentiel qui mobilise traditionnellement d’avantage la population l’abstention s’élevait à 22,23 % au premier tour des présidentiels et à 25,44 % au second. Désormais les abstentionnistes systématiques représentent 14 % des inscrits. Parmi les 18-29 ans, moins de deux inscrits sur dix ont voté à tous les tours des élections de 2017. C'est généralement dans les démocraties libérales que l'on retrouve des taux d'abstention élevés, le phénomène est croissant, et culmine aux élections européennes au point que la population européenne c’est abstenu à un niveau de 60 %.
Les démocraties et les groupements politiques s'inquiètent des conséquences de cette abstention croissante dans les pays développés et s'efforcent de trouver les moyens de le réduire. En Belgique par exemple depuis 1893 le vote est obligatoire sous peine de sanctions financières
Tout d’abord qu’es ce que l’abstention ? Il y a différentes manière de la calculer, en France c’est la part des individus inscrit sur les listes électorales qui ne se sont pas déplacée pour voter. Les personnes qui ne sont pas inscrit sur les listes électorales ne sont donc pas comptée dans l’abstention. Or il apparaît aussi que de moins en moins de personne par rapport a la population totale font la démarche de s’inscrire sur les listes électorales quand cette démarche est nécessaire et que cela n’a pas était fait de manière automatique. D’autres pays ajoute à l’abstention les votes blancs et nuls, en France ils sont compté séparément sous la mention « non exprimés ». On peut estimé que la démarche n’est pas la même et n’exprime pas la même chose.
L’abstention est le plus souvent présenté comme le résultat d’une citoyenneté en crise, d’un désintérêt des citoyens pour la vie publique, et de l’individualisme. Or les raisons de l’abstention électorale sont multiples, elle peut aussi bien être le reflet d’une passivité ou d’une négligence des citoyens, peu intéressés par la vie publique, qu’être le résultat d’une insertion sociale limitée (jeunes électeurs sans diplômes, femmes au foyer, populations défavorisées, par exemple). Mais elle peut aussi revêtir un caractère actif et militant dans ce cas l’abstention s’apparente d’avantage a un acte politique conscient et motivé. Il exprime alors un refus de choisir, une insatisfaction devant les programmes des candidats, d’où le fait que certains souhaite par ailleurs la reconnaissance du vote blanc. L’abstention peut enfin être le résultat d’une hostilité voir d’un dégoût, envers les hommes et femmes politiques en compétition ou l’ensemble de la classe politique, auquel les abstentionnistes refuseraient de donner de la légitimité par le bais vote. Cela peut aussi être la conséquence d’une désillusion des électeurs persuadés que « voter ne changera rien ». L’abstention électorale peut enfin être l’expression du refus et de la remise en cause de la « démocratie » ou des « règles du jeu » ( fonctionnement de la compétition électorale ou de l’ensemble du régime politique).
Le vote comme processus d’intégration
La classe sociale reste déterminante dans le fait d’aller voter. Ce n’est pas un hasard si les couches de la population qui votent le plus sont celles qui sont le plus intégrées par la société. Les plus pauvres ne votent pas ou peu tandis que les patrons, et les propriétaire se sont largement emparé de cet outils, celui-ci même qu’auparavant ils boudaient. En effet sous le Second empire et la IIIe République, les riches votaient très peu, comme par mépris de la démocratie (élective).
Cette variabilité de l’utilisation du vote suivent les catégories sociales peut s’explique par un sentiment d’incompétence ou d’illégitimité, ce qui fait que certain individus se tiennent plus à l'écart. Or le sentiment de compétence varie selon le sexe, l'age et le milieu social ainsi cette situation concerne le plus souvent les femmes, les immigrés, les plus jeunes mais aussi les plus âgés ainsi que tous ceux qui occupent les positions inférieures et moyennes inférieures dans l'espace social. Ainsi la majorité des abstentionnistes sont des pauvres, majoritairement jeunes. « Les inscrits qui s’abstiennent systématiquement aux élections sont plus souvent jeunes (moins de 30 ans) ou âgés (80 ans ou plus), ils sont aussi plus souvent sans diplôme, ils ont un niveau de vie plus faible et sont plus souvent inactifs ou ouvriers que les autres inscrits. À ces âges, le vote intermittent est largement dominant : il concerne six jeunes inscrits sur dix. De la même façon que l’abstention systématique baisse quand le niveau de diplôme s’élève, elle baisse à mesure que le niveau de vie augmente. La part des inscrits n’ayant voté à aucun des tours des élections de 2017 est particulièrement élevée dans les départements d’outre-mer (DOM). Une partie de ces comportements s’expliquent par les caractéristiques des habitants des DOM : ils sont notamment plus jeunes, plus souvent parents de famille monoparentale et leur niveau de vie est plus faible en moyenne qu’en métropole. »3
Pour Francis Dupuis-Déri, « l’abstention n’est pas le résultat d’une incapacité personnelle ou d’une erreur politique de la part des personnes pauvres ou marginalisées »4, les milieux privilégiées « affiche un taux de participation plus élevé parce que les gens qui y évoluent ont intériorisé les normes dominantes d’une société qui sert leurs intérêts, même si les membres des classes privilégiées nourrice la forte conviction que leurs préférences culturelles et politiques, entre autres, relèvent d’un libre choix individuel, y compris lors du vote. L’importance d’aller voter par devoir, par intérêt, par loyauté envers leur régime va de soi. »5 « Bref l’abstention serait une pathologie anormale dont souffrent les pauvres et laissés-pour-compte. A l’inverse voter, serait un comportement sain et naturel qui va de soi »6
Les sociologue Frances Fox Piven et Richard A. Cloward, expliquent que: « les gens moins éduqué votent moins aux Etats-Unis parce que le système partisan tend à les ignorer, et non parce que moins d’éducation mène nécessairement à moins voter. L’apathie et le manque de compétence politique sont la conséquence et non la cause de l’abstention. »7
Vote ou tais toi !
« Tout ce que tu fais pour moi, sans moi tu le fais, contre moi »
Si on se questionne peu sur la politisation ou l’exercice de la citoyenneté pour des personnes qui se contentent de voter a chaque scrutin depuis des décennies, comme l’on fait leur parents avant eux, pour le même parti politique et cela sans même s’intéresser ni aux personnalités qui se présentent ni aux programmes politiques, on ne s’interdit pas de reprocher aux abstentionnistes leurs prétendu égoïsme, ou leur manque de civisme. En effet comment, justifier ne pas être aller voter quand on nous rétorque que :« des gens ce sont battu et sont mort pour le droit vote », que : « le vote n’est pas seulement un droit mais un devoir », que :« si tu ne vote pas tu n’a pas le droit de te plaindre », que « ne pas voter c’est jouer le jeu du FN ». Ou encore que nous avons la chance de vivre dans une démocratie et non dans une dictature et que par respect pour ceux qui vivent dans des régimes bien moins démocratiques, il faut faire usage de notre droit de vote. Ainsi l’abstention est souvent présenté comme le fait de « fainéant », d’« ignorant », ou comme relevant d’une posture d’individu « privilégiés » n’ayant rien a craindre de l’issue du scrutin, alors même que comme on l’a vu plus haut ceux qui vote le plus sont en générale ceux qui ont le plus intérêt à ce que rien ne change (étant donné le peu de chance que des partis véritablement révolutionnaires puisse ne serai-ce que se présenter a des élections et encore moins d’en sortir gagnant.)
En effet le vote fait l’objet d’une solide pression sociale voire morale et cela dès l’enfance. Ainsi dans les lycée l’élection de délégués de classes quand elle ont lieu faute de candidature, s’apparente bien plus a une formalité qu’autre chose. Les élèves élus n’ont en générale aucun pouvoir et leur rôle et bien souvent à sens unique afin de faciliter la transmission des informations de la direction de l’établissement, ou des enseignants vers les élèves, rarement l’inverse. En effet les élèves n’ont que peu leur mot a dire au seins dés établissements pourtant il ne serait pas difficile d’organiser des assemblées délibératives par classe ou des assemblés générales comme dans les facultés. Mais le but n’est pas d’initier a la démocratie direct mais bien a l’élection, au vote.
Les médias font du vote et des élections en générale une obsession et organisent une véritable propagande en sa faveur, ils s’acharnent à convaincre les abstentionnistes d’aller voter en les culpabilisant. L’abstention est une catastrophe, un fléau, il est l’origine de tous les maux de nos démocratie .... Le traitement de l’abstention dans les médias est tellement caricaturale la plupart du temps que les témoignages et micro trottoirs diffusés a ce sujet illustre bien la honte et la tendance à se justifier des abstentionnistes :« j’avais oublié », « je m’y suis pris trop tard », « je n’étais pas inscrit sur les listes électorales » ... Les rares arguments en faveur de l’abstention sont vite moqués ou utilisés par les chroniqueurs, journalistes ou politiques pour insister sur la responsabilité de tel ou tel médias, parti ou personnalité politique en particulier. L’abstention est tellement décriée que les médias on tendance a censurer toute légitimation ou simple dédramatisation de celle-ci, comme si l’abstention était une maladie qui risquerait de contaminer toute la société la conduisant a un désastre civique. Pour l’auteur l’endoctrinement est telle que : « entre 70 et 95 % des personnes qui votent au Canada, au Etats-unis et en France considère qu’il s’agit d‘un « devoir » »8.
En France la chronique de l’humoriste Pierre-Emmanuel Barré sur France inter dans laquelle il évoquait l’abstention : « On a gagné ! Eh oui, 10 millions d'abstentionnistes, premier parti de France », lui a valu si ce n’est la censure, au moins la désapprobation de la production, il a d’ailleurs démissionné par suite. Nagui animateur et producteur de l'émission dira d’ailleurs a ce propos : "Sur le coup, je lui ai simplement dit qu'il n'était pas clair sur l'abstention. Qu'il casse Macron ou Le Pen, OK. Mais qu'il encourage l'abstention, c'est faire le jeu du FN. Mais il a préféré ne pas venir à l'antenne. Après l'émission, je lui ai finalement proposé de faire sa chronique demain (jeudi 27 avril) sans changer une ligne. Et moi, j'aurais ajouté un mot pour dire d'aller voter. Au lieu de ça, il a préféré le faire sur internet. Libre à lui". 9
Si a chaque nouveau scrutin lorsque l’abstention crève le plafond, les politiques font le tour des plateaux télé la main sur le cœur pour solennellement en appeler à la responsabilité individuelle. En réalité, l’abstention n’a que peu d’effet sur le monde politique, il continue de tourner comme à son habitude sans se soucier d’avantage des population les plus pauvres ou marginalisée. Bien que les abstentionnistes peuvent espérer miner leur légitimité et/ou les sanctionner symboliquement en refusant d’exprimer leur vote aux élections, pour Francis Depui-Déris cela reste symbolique et n’a aucune influence sur leur pouvoir, « Jamais aucune élection n’a était invalidée en raison du taux d’abstention, en revanche ça arrive régulièrement lorsqu’il y a des suspicion de fraude. », de plus « un État n’est pas plus ou moins puissant selon le taux de participation électorale »
Pour autant les États se préoccupent grandement de l’abstention montante, il n’est pas rare qu’ils est recours à des organismes privés, des associations ou encore qu’ils sollicitent des personnalités publiques, sportif.ive.s, acteur.ice.s, influenceur.se.s pour faire du « marketing électorale » auprès de la populations. Plus choquant certains États encouragent a voter en échange de cadeaux. D’autres vont encore plus loin, il existe des lois qui condamne quiconque critique les élection et/ou appel au boycott. Des pays décident de rende le vote obligatoire (Comme en Belgique, au Luxembourg, en Australie, au Brésil, au Pérou, au Chili ) ainsi ne pas voter c’est aller contre la loi donc être un délinquant. Si certains envisage cette solution de bonne fois non pas seulement pour conforter le système mais dans le bute que s’exprime d’avantage les populations les plus éloignées du vote, cela reviens a infantiliser et a nier l’intelligence de ces citoyens qui sont aussi légitimement les plus déçus de la « démocratie » représentative. De plus pour Francis Dupui-Déris se sont bien souvent des gouvernements conservateurs ou réactionnaires qui imposent le vote obligatoire, vote obligatoire qui favoriserait par ailleurs ce même type de régime, alors qu’a l’inverse les pays où le taux d’abstention est assez élevé ( Finlande, Norvège, Suède ) nous avons a faire à des régimes plus progressistes. Enfin cela n’a aucun effet sur l’écoute qu’accorde les politiques aux populations. Des politiques qui par ailleurs sont loin de montrer l’exemple bien qu’ayant bien d’avantage de poids dans les prises de décisions politiques que de simple citoyen, ils sont aussi nombreux à s’abstenir régulièrement (parfois quasi systématiquement) que se soit a l’assemblée nationale ou dans d’autre institutions.
Enfin on peut même parler d’un véritable « Dogme électoraliste mondialisé », puisque partout l’élection est présentée comme l’essence de la démocratie. « Dans des territoires en guerre où le gouvernement contrôle que quelques villes, où des bureau de scrutin sont incendié et des candidats assassinés. On ne s’empêche pas pour autant de déclarer que le peuple à parler et que le gouvernement est légitime. ». « L’obsession du vote est telle que des voix ce sont élevée en occident pour justifier l’invasion militaire de l’Afghanistan en 2001 en alléguant qu’il fallait permettre aux afghanes de voter (...) parmi les gens morts pour le droit de vote, il faut compter ces milliers de victimes civiles en Afghanistan, y compris des enfant soufflés par les bombes occidentales au nom de la « démocratie » ! ».10
La tradition abstentionniste :
Dans les courants anarchistes, l'abstention volontaire est une position dominante et exprime le refus du principe de représentation politique, et donc d’accorder de la légitimité a une classe gouvernante qui confisque le pouvoir et la parole des individus. On peut aussi estimer que s’abstenir résulte de la volontés de ne pas se rendre « symboliquement complice des décisions prises, même si le fait de voter ne rend pas réellement plus responsable puisque cela ne change pas grand-chose a notre impuissance a contrôler les décision du pouvoir en place. »11 Pour autant, même si on peut défendent l’abstention comme un acte politique, on peut aussi considérer que ne pas aller voter est une attitude aussi passive et résignée que d’aller voter, et n’exprime pas toujours une conviction ou même une réelle opinion.
L’abstention est aussi souvent le fait des populations colonisées, celle-ci s’élève a plus de 50 % en Guadeloupe en Guyane, à Mayotte et en Polynésie et monte en à plus de 80 % pour les élection européennes. Aussi les populations aborigènes Mohawks de Kahnawàke, prés de Montréal ont un taux d’abstention absolument volontairement et revendiqué qui a frôlé les 100 % en 2014, elles ne veulent pas se rendre complice d’un régime coloniale et vont parfois au delà de l’abstention refusant de payer des taxes, de recevoir des soins de santé ou des prestations d’aide sociale de la part de l’État. En Israël le taux d’abstention des arabes est plus importante que pour le reste de la population, un comité populaire appel même au boycott de toute les élections tant que ne sera pas mis en place un parlement arabe séparé du parlement israélien, et ceux malgré les pressions et les discriminations redoublées envers les abstentionnistes. Des voix afro-américaines se sont aussi exprimées en faveur de l’abstention refusant d’être complice des guerres menées à l’étranger, de la criminalisation des noir américains et du traitement policier qui leur est réservé, célébrant par la même occasion la mémoire des esclaves et affirmant leurs soutien aux communautés autonomes et aux modes de vie plus égalitaires des peuples autochtones. « Je ne vote pas, car le moindre mal reste un trop grand mal selon moi (...) Si nous continuons à accepter le moindre mal, nous acceptons d’oublier la possibilité du bien. »12
En ce qui concerne les femmes, si il est que les suffragettes se sont battu pour obtenir le droit de vote, les anarchistes comme Louise Michael ou l’américaine Emma Godmann restaient critique de l’élection et du principe de représentation. Si en tant que féministe elles étaient favorable au droit de vote des femmes et à la possibilité d’être élus elles doutaient que cela produise un bouleversement et privilégiaient l’action directe : « je serais très heureuse de voir que les femmes renoncent à leur désir de se mobiliser pour les lois du gouvernement, et commencent à regarder vers une éventuelle abolition du gouvernement »13
En France une affiche du MLF affirmait : « Dans un État capitaliste, impérialiste et patriarcal, voter c’est renforcement le pouvoir. Les ouvriers votent pour les patrons. Les noires votent pour les blanc. Les femmes votent pour les hommes de droite, de gauche. Nous sommes des femmes nous ne votons pas. »14
Si on évoque bien volontiers le sacrifice de nombreuses personnes au nom du droit de vote non seulement on déforme l’histoire, puisque les enjeux qui ont été ceux de la révolution Française, d’autres révolution ou mouvement sociaux dépasse largement celui de l’élection et de la représentation. De plus la construction d’une République, et le principe de l’élection non pas était adopté sans débat et sans conflit loin de là. Et ceux que l’on nomme aujourd’hui « les pères fondateurs » de la démocratie sont en réalité des misogynes qui avaient en horreur la démocratie. Leur modèle n’était pas Athènes mais bien Rome ce n’est que plus tard que le mot démocratie fut utilisé a des fins électoralistes. De plus on oublie que les régimes parlementaires sont aussi responsable de l’emprisonnement, de la torture et l’assassinat de gens du peuple qui tenait a s’organiser de manière autonome sans chef ni parlement. Dans bien des pays il existe des exemples de massacres de personne, parce qu’elles se sont organisées par elle même hors du système et du gouvernement officiel, seul autorisé a décider.
« Bref, si certain affirment qu’il faut voter pour honorer la mémoire des personnes qui ont donné leur vie pour le droit de vote ont peut aussi opter pour l’abstention par respect pour d’autres qui comme Ostwald15 on sacrifié leur existence pour défendre la révolution et la véritable démocratie directe. »16, « Rendre hommage avec insistance aux personne mortes pour le droit de vote contribue souvent a occulter la mémoire de ceux et de celles qui défendaient et même exerçaient à petit ou grande échelle l’autogestion, l’autonomie, l’anarchie, ou la démocratie (directe) peut importe le terme choisi et que des policiers, soldat, miliciens, ou bourreaux à la solde du parlement ont massacrées pour s’assurer que le pouvoir reste entre les mains des parlementaires ou d’un parti politique »17
Enfin il faut rappeler qui si l’abstention est aujourd’hui tant décrier, hier les élites parlementaires se sont bien longtemps contenté d’un corps électorale restreint qu’il refusaient d’élargir pour assurer un certaines stabilité et limiter les revendication sociales. Les mineurs n’ont toujours pas le droit de vote ainsi que les personnes incarcérée dans certains pays.
Entre réappropriation du processus électorale et critique radicale :
Outre l’abstention il existe aussi des pratiques tel qu le « sabotage », le détournement ou la dégradation des affiches électorales. D’autres vont jusqu’à former des partis ou de candidatures électorales, qui souvent par l’humour, expriment une critique du régime électorale, mais aussi parfois encore un espoir de « changer les le système de l’intérieur ».
Certains vont jusqu’au « sabotage » des élections que ce soit en volant l’urne, comme cela fut le cas en 1081 où un anarchiste néo-zélandais acceptait de restituer les bulletins de vote que si les salaires du pays étaient doublés. D’autre comme la Edible Ballot Society (la société du bulletin de vote comestible), invite les personnes a ingérer leur bulletin de vote, trois personnes à Edmond (Canada) ont même étaient accusés d’être en infraction avec la loi électorale considérant que cela revenait a dégrader du matériel électorale. En 2004, dans la même ville, un certain Leah Handeler est allé jusqu’à faire bouillir son bulletin de vote dans de la sauce au chocolat, et le mangeant sur le lieu du scrutin. La plateforme anarchiste A-Infos News Service invite aussi a manger son bulletin de vote ou à le vendre sur internet, car « les politiciennes et politiciens vendent tout le temps leurs votes aux donateurs des grandes firmes privés, pourquoi n’en profiterions pas aussi ? »18
Il y aussi les Entartistes dont le but est de ridiculiser les personnalités politiques ainsi que leur garde rapprochée, ils ont aujourd’hui cessé cette activité à la suite de condamnation par les tribunaux mais aussi à cause du contexte de panique terroriste.
Il existe aussi des partis « cocasses » comme le parti rhinocéros au Canada qui affirmer vouloir profiter du réchauffement climatique pour réintroduire des rhinocéros. D’autres lie l’humour a des revendication sérieuse ainsi certains partis militent ouvertement et spécifiquement pour la légalisation du cannabis, d’autres comme le PPP (parti populaire des putes) à Montréal, vise l’obtention de droit pour les prostituées et la décriminalisation du travail du sexe.
Francis Dupuis-Deri donne aussi l’exemple des partis nul ou partis blanc, dans ce cas le but est d’offrir une alternative au différentes propositions électorales, sans forcément remettre en cause le principe même de l’élection ou de la représentation politique. En France il existe par exemple, le mouvement blanc lancé en 1989, ainsi que l’association pour la reconnaissance du vote blanc fondée en 1994. Si le but de ces infinitives est qu’un jour le vote blanc puisse être reconnu indépendamment des bulletins nul ou de l’abstention comme étant l’expression du refus de choisir parmi l’offre électorale proposés, certain vont même jusqu’à réclamer l’existence sur le bulletin d’une case « annulation », ainsi on reprendrait l’élection depuis le début avec si possible de nouvelles candidatures.
Rodolphe Salis (célèbre patron du cabaret du chat noir dans le quartier de Montmartre) aurait était le premier en 1884 à se porter candidat et à lancer une campagne d’affichage dans le but de faire rire et du même coup faire de la pub à son commerce. Il récidivera en 1889. Il y a aussi l’exemple des candidatures animales, dont le but est de tourner a la dérision le processus électoral, et qui remonteraient à loin, Francis Dupuis Déri donne notamment l’exemple de la candidature proposait par des anarchistes d’un âne blanc baptisé Nul en 1898. Il fait aussi référence à la candidature d’une femelle rhinocéros à Sao Paulo au Brésil en 1969 lors des élections du conseil municipale et qui avait obtenue des dizaines de milliers de suffrages (15%), en signe de protestation contre la corruption des élites, ce qui a conduit les autorités à invalider l’élection et a en organiser une nouvelle. Quelque jour plus tard à Porto Alegre, c’est une chèvre et un taureau qui sont inscrit comme candidat au élections. Lors des élections présidentiel de 1968 les Yippies( Youth international Party ou parti international de la jeunesse) ont annoncé la fausse candidature d’un cochon, et ont exigés qu’il lui soit affecté un service de protection et qu’il soit reçu à la maison Blanche. Cela a déboucher sur la saisie du cochon et l’arrestation de certains membres des Yippies accusé de conspiration et d’incitation à l’émeute. Ces à la suite de ces éventements que c’est dérouler le procès des « Huit de Chicago ». Dans certains cas c’est même la candidature de plante qui ont étaient portée a des élections.
Or cette culture du détournement des candidatures par l’humour est désormais aussi mobilisée par les adeptes du régime électorale, donc sans que cela mobilise la moindre critique à l’égard du système électoral ou du principe de représentation. Dans le cas des candidatures animals de fausses élections mobilisant volontairement que des candidatures d’animaux sont même organisées pour soulever des fonds pour les municipalités par exemple ou dans le but de rendre l’élection plus ludique aux yeux des enfants.
Des humoriste se sont aussi parfois porté candidat à des élections afin de se mettre en scène et parfois aussi de sensibiliser à une véritable critique des élections. Il donne notamment l’exemple de la candidature de Gracie Allen en 1940 (État unis) à l’occasion des présidentiels , qui encourageait les Américain à être fière d’avoir la plus grosse dette nationale au monde. En France, il y a eu le cas de Francis Blanche et Pierre Dac dans les années 50 qui ont présenté le programme du parti d’en rire dans lequel ils ont formulé un ensemble de propositions absurdes comme : « Réconcilier les œufs brouillés ! » ou « exiger que que tous les volcans soient ramoné une fois par an ». En octobre 1980, c’est humoriste Coluche qui se présente alors comme un abstentionniste professionnel, qui annonce sa candidature pour l’élection présidentielle en affirmant voulant faire voter les non-votant : « Depuis trente ans, ils votent pour des gens compétents et intelligents qui les prennent pour des imbéciles. aujourd’hui je leur propose de voter pour un imbécile. »
Avis aux électeurs : « j’appelle les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les taulards, les gouines, les apprentis, les Noirs, les piétons, les Arabes, les Français, les chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus, tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques à voter pour moi, à s’inscrire dans leu mairie et à colporter la nouvelle. Tous ensemble pour leur foutre au cul avec Coluche, le seul candidat qui n’a pas de raison de mentir. »19
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Alors que 16 % de sondés affirmaient envisager de voter pour l’humoriste, et que sa candidature commence à être prise au sérieux, les médias refusent de lui offrir des tribunes pour s’exprimer et les pressions et menaces fusent. Et alors que son régisseur, est retrouvé mort, deux balles dans la nuque, Coluche abandonnera l’idée d’être candidat, et appellera même à voter pour François Miterrand, dont il fêtera la victoire au siège su parti. Par la suite, Danielle Blondel conjointe du régisseur avouera être à l’origine du meurtre car il la violentait.
Des campagne tournant en dérision l’élection ont aussi était menée par des anarchistes, c’est le cas notamment du mouvement autonome contestataire des Provos qui en 1966 décide de déposer une candidature aux élections municipales de Amsterdam. Le but était de faire rire, mais également de faire connaître des propositions sérieuses, tel que le désarmement de la police ou la restriction de l’automobile. Ils espéraient aussi que de participer a l’élection municipal permettrait de faire cesser un temps la répression policière mais cela n’a pas était le cas. Grace au 2,5 % des suffrage en leur faveur il parviennent même a obtenir un siège au conseil municipale. Siège qui a été occupé par différente personnes selon un principe de rotation pour limiter le risque d’accaparement du pouvoir par un seul individu. L’expérience a était reproduite en 1970 sous le nom de Dutch Kabouters (Gnomes néerlandais), l’idée développée était de s’attaquer au système simultanément de l’intérieur et de l’extérieur. Cette fois ci ils obtiennent 11 % des suffrage donc 5 sièges au conseil municipale. D’autres villes ont par la suite également élu des Gnomes comme la Haye, Arnhem et Leiden. Or l’effet n’a pas était celui escompté, le mouvement agissant de l’extérieur perdit peu à peu son esprit ludique, radicale, ainsi que son autonomie, la voix des gnomes élus était présenté par les médias comme étant celle de l’ensemble du mouvement, alors même que celui-ci avait toujours refusé l’idée de portes paroles. De plus par contraste l’activité des gnomes au conseil, bien qu’ils étaient volontairement provocateur de par leurs tenus et leurs comportements, accentuait au yeux du public la réputation turbulente et irresponsable des « Gnomes des rues ». Les gnomes du conseil sont même allés jusqu’à lancer une boule puante en plein conseil, pour protester contre l’embourgeoisement, avant de présenter leurs démissions. Roel Van Duijn qui était à le principal membre du mouvement a défendre l’idée de se présenter aux élections et qui était en tête de liste lors de la seconde élection, se désolidarisa de cette action et se présenta à diverse élections par la suite (autres que municipales), entamant une carrière politique, bien qu’il a longtemps défendu la thèse que les anarchistes ne devaient jamais se présenter aux élections fédérales.
Francis Dupuis-Déri donne aussi l’exemple de Terrence Smith, alias Joan Jett Blakk une drag-gueen noir qui en 1991 accepte de se présenter à l’élection municipale de Chicago comme candidate sous la sollicitation d’un groupe de militant indépendant Queer Nation Chicago (proche du mouvement Act Up), afin d’offrir d’avantage de visibilité à leurs idées et valeurs, et ainsi de formuler un programme politique bien que conscient qu’ils n’avaient aucune chance de gagner. Ici le but était d’avantage de choquer, en ayant recours à l’imaginaire sexuelle voir à la vulgarité volontairement provocatrice pour questionner et tenter de faire évoluer les mentalités, y compris des gays et lesbiennes assimilationnistes, en valorisant la marginalité et l’extravagance. Mettant également l’accent sur des enjeux qui touchent les minorités, les population pauvres, les minorités sexuelles et raciales. Cette expérience fut d’ailleurs réitérée en 1991. Si la seul médiatisation de ses idées radicales et transgressives peut être considérée comme une victoire, Francis Dupuis-Déri fait aussi mention du fait que cela a contribué a faire émerger des tensions et des scissions dans le groupe, conduisant Queer Nation Chicago a se dissocier du comité de campagne. Certains membres considérant que la diffusion de ces idées ce sont arrêtée au public queer alors que l’objectif était une diffusion plus générale dans la société. Par ailleurs les prises de décisions concernant la campagne aurait était majoritairement prises par des hommes blanc sans que soit consulté le reste du groupe. Enfin certains estimaient que la nomination en tant que colistière de Miriam Ben Shalom, (qui fut la première femme expulsé de l’armée en raison de son homosexualité) était en contradiction avec les idées du groupe c’est à dire la dénonciation de l’assimilationniste et l’affirmation des valeurs pacifiste.
Pour Francis Dupuis Déri, même lorsque l’idée de portée une candidature part d’une bonne intention, que le but est soit de médiatiser des idées nouvelles, radicale ou de tenter réellement par cette voie de faire bouger les choses, il est toujours risqué de rentrer dans le jeu des institutions. Et même s’il a toujours un débat entre les défenseurs de la démocratie directe et ce qui sont adepte du régime électorale ou prêt a prendre le risque afin que leur voie soit entendue, voir qu’ils est la possibilité en investissant les institutions de faire changer le système de l’intérieur20 Pour lui, une campagne électorale même pour rire, « aura rapidement subi l’influence d’un système électoral qui encourage l’individualisme, le culte de la personnalité, la division inégalitaire du travail et les compromissions sous prétexte d’ « efficacité » »21.
Par ailleurs, « l’idéologie électoraliste a pour effet de délimiter et de réduire les aspirations et les possibilités de transformation de la société, imposant aux mouvements sociaux et populaires des priorités politiques, économiques et culturelles définies, discutées et débattues par les partis politiques en particulier selon des calculs électoraux. Bref l’électoralisme nuit à l’engagement politique et social hors de la joute électorale ; il nuit à la politique, à la vie commune et au bien commun. »22 Pour lui, au contraire, « l’action politique prends tout son sens lorsque des personnes s’organisent hors du jeu électoral »23 et même si l’on peut penser contre productif de se priver d’un moyen de faire évoluer les choses (si tenté que ce soit vraiment le cas), qu’il serait raisonnable et pragmatique de combiner exercice du vote et militantisme, l’élection relève de la logique du pouvoir. Pour l’anarchiste Sébastien Faure, militer de manière autonome d’un côté et concéder a voter de l’autre, « ce n’est pas une addition, c’est une soustraction »24
« D’autres anarchistes rappelaient aussi qu’on ne peut se convaincre à la fois qu’il est bien de voter pour favoriser le bien le juste, mais que notre vote ne cautionne pas des décisions politiques terribles, par exemple celle d’entrer en guerre. Les élections entraîne nécessairement de la domination, des injustices et des inégalités, et voter consiste a accepter une part de responsabilité dans un régime injuste, inégalitaire, dominateur et destructeur. »25
« Les expériences anarcho-électoralistes, comme on peut le constater, révèlent à la fois le potentiel et les risques de ces manœuvres de détournement et d’infiltration des institutions électorales et parlementaires. Si ces campagnes électorales permettent souvent de rigoler un bon coup, tout en offrant de nouvelles tribunes pour se faire entendre, elles s’avèrent aussi contre-productives pour des mouvements de contestation qui rêvent de démocratie (directe): elles contribuent à légitimer un système électoral profondément inégalitaire, nécessitant beaucoup de temps et d’énergie pendant la campagne électorale et représentent par la suite une source de différents et de conflits, voire de clivages et de ruptures, et minent la capacité du mouvement à faire entendre la multiplicité de ses voix. La présence de représentant officiels va à l’encontre des principes, pratiques et objectifs de la mouvance anarchiste, qui réclame la création d’institutions et d’espaces autogérés de façon collective ou s’exerce une démocratie (directe), sans chefferie ni prise de pouvoir. »26
1 Anne Muxel, 2007
2 Entretient étudiant rennes 2, en L3 de sociologie
3 Statistique et analyse de l’Insee, article : Élections présidentielle et législatives de 2017 : neuf inscrits sur dix ont voté à au moins un tour de scrutin Guillemette Buisson et Sandrine Penant, division Enquêtes et études démographiques, Insee.
4 Francis Dupuis-deris, Nous n’irons plus aux urnes, Lux 2019, cit. p.58
5 Ibid, cit. p.61
6 Ibid, cit. p.59
7 Piven et Cloward, Why Americans Still Don’t Vote, op. Cit.,p.43
8 Francis Dupuis-deris, Nous n’irons plus aux urnes, Lux 2019, cit. p.38
9 https://www.francetvinfo.fr/elections/presidentielle/l-humoriste-pierre-emmanuel-barre-quitte-france-inter-pour-un-sketch-pro-abstention-refuse_2164118.html
10 Francis Dupuis-deris, Nous n’irons plus aux urnes, Lux 2019, cit. p.32
11 Francis Dupuis-deris, Nous n’irons plus aux urnes, Lux 2019, cit. p.32
12 Francis Dupuis-deris, Nous n’irons plus aux urnes, Lux 2019, cit. p.131
13 He Yin Zhen, La revanche des femmes, Toulouse, l’Asymétrie, 2017
14 Francis Dupuis-deris, Nous n’irons plus aux urnes, Lux 2019, cit. p.103
15 Jonh Oswald écossais est mort pour défendre la révolution française, il était favorable a un système fondé sur la démocratie directe, pratiqué à l’échelle locale.
16 Francis Dupuis-deris, Nous n’irons plus aux urnes, Lux 2019, cit. p.86.
17 Francis Dupuis-deris, Nous n’irons plus aux urnes, Lux 2019, cit. p.18.
18 Janathan Oppenheim, « Canada help from the Edible Ballot Society », A-Infos News Service, 23 octobre 2000
19 Texte apparaissant sur l’affiche de campagne de Coluche, rédigé avec la participation des membres du journal satirique de Charlie Hebdo
20 Francis Dupuis-deris, Nous n’irons plus aux urnes, Lux 2019, cit. p.157.
21 ibid, cit. p.161.
22 ibid, cit. p.176.
23 ibid, cit. p.169.
24 Sébastien Faure, dans Vilette, « Introduction », loc. cit. p.120
25 Francis Dupuis-deris, Nous n’irons plus aux urnes, Lux 2019, cit. p.175.
26 ibid, cit. p.167.