J'ai été vacataire chargée d'enseignement à Lyon 2 entre 2009 et 2014. Il ne s'agissait pas de mon seul emploi, mais il constituait ma principale source de revenus. J'ai multiplié les petits boulots, jusqu'à assurer quatre fonctions en parallèle à certaines périodes : chargée de cours, intervenante en école primaire, télétravail, travail sur la thèse. N'étant pas financée pour mon doctorat, ces revenus m'étaient essentiels. En cinq ans, je ne compte plus le nombre de déceptions et problèmes rencontrés avec l'Université... Deux exemples, les plus récents : L'année dernière, alors que je travaille depuis deux mois sur la préparation d'un CM et que le cours est entamé depuis plus d'un mois, j'apprends que la DRH risque de refuser le paiement de ces cours car en tant que vacataire je n'ai pas le droit d'être en charge d'un CM. La personne qui se charge du traitement des salaires des vacataires au Département m'affirme être optimiste quant à la possibilité de "contourner" les réticences de la DRH. La nouvelle m'atterre : voilà trois ans que je donne des CM et c'est la première fois que j'entends parler de ce problème. Pour préparer mon cours, j'ai dû stopper la rédaction de ma thèse, je me suis impliquée à fond afin que ce cours soit pertinent pour les étudiants et voilà que ma rémunération est remise en question ??? Afin d'être payée, j'ai dû établir de fausses déclarations tout au long du semestre : déclarer que je donnais des TD au lieu des heures de CM. L'année dernière toujours, je demande une avance sur salaire, étant complètement dans le rouge financièrement en partie parce que je viens de payer mes frais d'inscription (je croyais être défrayée puisque j'avais effectué une centaine d'heures de vacations administratives, mais il manquait *deux heures* de vacations admin. à mon effectif pour obtenir le remboursement des frais). Je téléphone aux RH afin de savoir comment procéder pour cette demande d'avance. Mon interlocuteur me répond qu'il est très rare que des avances sur salaire soit faites en faveur du personnel vacataire. Je lui demande pourquoi. Il me répond qu'il s'agit de la politique de l'Université. Il ajoute que les vacances de la Toussaint approchent et que mon dossier risque d'arriver trop tard dans tous les cas. Là, je m'indigne : les vacances sont dans deux semaines, je ne vois pas pourquoi ma demande ne pourrait être traitée à temps. Il rétorque que le personnel des RH ont des enfants et qu'ils prennent donc souvent leurs congés plus tôt, pour s'aligner sur le rythme des écoles primaires. En d'autres termes, il me demande de faire preuve d'empathie à l'égard de ces employés de Lyon 2, tandis que lui m'envoie sur les roses... Bien sûr, il ne me demande pas si je suis moi-même maman et ne s'inquiète à aucun moment de la situation dans laquelle je me trouve. Il me renvoie vers l'aide sociale de l'Université puisque je lui rappelle de nouveau que ma situation est vraiment problématique. Je demande où contacter ce service, les sollicitations que je peux adresser à l'aide sociale. Il me dit sèchement : "regardez sur le site de l'Université". Là, j'ai pas tenu, j'ai raccroché. Le doyen de la Faculté a ensuite plaidé en ma faveur afin que j'obtienne une avance et ça a marché. Avance qui, au final, correspondait au versement fin novembre de 80 pour cent du salaire relatif au travail effectué au mois de septembre/octobre !!! Il est vraiment temps que ça change.
Billet de blog 19 février 2015
Témoignage : « Il est vraiment temps que ça change. »
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