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Billet de blog 13 mars 2024

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Laissez les avorter tranquille ! 4 jours en mars 2024

C’est le titre du documentaire que nous avons réalisé, il y a 10 ans, avec Alima Arouali et qui est diffusé par le Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir, mais jamais nous n’avions envisagé, rêvé ? qu’un jour nous fêterions , l’inscription de ce droit dans la constitution.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Jeudi 7 mars 2024 nous étions place des droits humains à Paris pour regarder sur grand écran les débats des parlementaires en congrès à Versailles avant le vote qui allait inscrire dans la constitution le droit à l’avortement. Nous guettions, le passage à l’image de nos amis féministes, qui assistaient au débat depuis la tribune, observatrices d’une unanimité qui n’aurait pas pu s’imposer sans leurs luttes, les plafonds du château de Louis XVI (dernier occupant des lieux) ne se sont pas encore remis de l’hymne des femmes, chanté au moment de la proclamation du scrutin, 81 ans après le 30 juillet 1943, date à laquelle  dans la cour de la prison de la Roquette à Paris, Marie-Louise Giraud, 39 ans, s’approchait de la guillotine  près de laquelle l’attendait le bourreau. Son crime ? Avoir pratiqué 27 avortements illégaux en Normandie à. Cherbourg (Manche)  Les ancêtres de Madame le Pen, les collaborateurs Pétainistes des occupants nazis, avaient rétabli la peine de mort pour celles qui pratiquaient l’avortement. La loi du 15 février 1942 faisait de l’avortement un crime contre la sûreté de l’État relevant de tribunaux d’exception : « Tout individu contre lequel il existe des présomptions graves, précises et concordantes qu’il a de manière habituelle, ou dans un but de lucre, procuré ou tenté de procurer l’avortement d’une femme enceinte ou supposée enceinte, indiqué ou favorisé les moyens de se procurer l’avortement » pourra être déféré devant le Tribunal d’État et passible de la peine de mort.

Vendredi 8 mars 2024 nous étions une petite centaine dans les rues d’Évreux, préfecture de l’Eure à manifester à l’appel de plusieurs syndicats (CFDT, CGT, FO, Solidaires et FSU) à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes scandant « Nous sommes femmes, nous sommes fières et féministes et radicales et en colère ». Dans ce département de Normandie, qui compte le moins de médecins par habitant en France, selon une étude de l'association des maires de France (AMF) On y dénombre 94 médecins pour 100 000 habitants. Une situation qui affecte bien sur aussi la situation de la prise en charge de l’avortement et de la contraception dans ce département, et qui se cumule avec la fermeture de 150 maternités (et oui les femmes qui avortent sont les mêmes qui mettent des enfants au monde ) territoire où même le Mouvement Français du Planning familial , n’a pas réussi à s’implanter pour palier aux carences de l’État. Peut-être cela est il à mettre en relation avec le fait, que dans l’Eure sur 5 circonscriptions législatives, 4 sont occupés par des élus Fhaine ?

Samedi 9 mars 2024, nous participions à l’Assemblée générale de l’association Nationale des Centres d’interruption de Grossesse et de Contraception (l’ANCIC) qui a été fondée en 1979 à l’occasion du vote définitif de la loi sur l’avortement en France.

Elle rassemble des professionnels travaillant dans les Centres de planification et d’éducation familiale (CPEF), les Centres d’interruption volontaire de grossesse (CIVG) et les Établissements d’information de conseil conjugal et familial (EICCF) :
médecins, conseillères conjugales et familiales, infirmières, sages-femmes, psychologues et toute personne participant à la défense des droits des femmes, à la réflexion et aux recherches théoriques et pratiques concernant la sexualité, la maîtrise de la procréation et l’éducation sexuelle.

Les adhérent.es de l’ANCIC, sont les héritier.es du manifeste des 331, une pétition, parue le 3 février 1973 dans le Nouvel Observateur, et signée par 331 médecins revendiquant avoir pratiqué des avortements malgré l'interdiction de la loi française.

Parmi les médecins, membres du Groupe d'information santé, qui parurent devant la presse pour rendre compte de cette initiative, figure, Annie Bureau,( Une des premières présidente de l’ANCIC) . Dans la mobilisation en faveur de la liberté d'avorter pour les femmes, le manifeste des 331 fait écho au manifeste des 343 (1971), signé par 343 femmes déclarant avoir avorté, il demeure un exemple notable de désobéissance civile en France. Aucune des signataires n'a été poursuivie. Martine Chausson, conseillère retraité, signataire du Manifeste des 343, est toujours membre du Conseil d’administration de l’ANCIC, L'année précédente (1970), la première démonstration de l'avortement par la "Méthode de Karman" en France avait eu lieu dans l'appartement de la comédienne Delphine Seyrig en août 1972 en présence de militantes du MLF, de Pierre Jouannet , et de Harvey Karman, psychologue et militant pour la liberté de l'avortement en Californie depuis les années 1950. Les médecins du Groupe information santé vont ensuite permettre à d'autres femmes de l'utiliser illégalement.

Ce samedi l’ANCIC, fêtait l’événement, pour la première fois au monde un grand pays, la France inscrivait le droit à l’avortement dans sa constitution "C'est un symbole important" pour les associations féministes. "Inscrire l'avortement dans la Constitution c'est envoyer un message d'espoir aux féministes du monde entier. Car en France et à travers le monde, le droit à l'avortement est encore gravement menacé", estime dans un communiqué le Mouvement Français pour le Planning Familial

Mais, car il y a toujours des mais , les adhérents de L’ANCIC publiaient un communiqué de presse qui annonce d’autres combats, pour défendre cette liberté, mais aussi pour défendre les associations qui sont maltraité par ce gouvernement et dont ils/elles parleront à l’occasion des 26èmes journées nationales qu’ils/elles organisent à Tours les 14 et 15 juin 2024 journées de réflexion, de formations et de débats et que nous reproduisons ici.

6 mars 2024 : Inscription de l’IVG dans la Constitution

L’ANCIC se réjouit de voir l’IVG inscrite dans la Constitution française après un vote historique, à un large consensus, des parlementaires réunis en congrès à Versailles ce lundi 4 mars 2024.

Il s’agit d’un signal positif fort, universel, dont nous sommes fier.ère.s à l’ANCIC, association qui œuvre, depuis 1979 à :

  • L’évolution de la législation autour de la santé sexuelle, l’IVG et la contraception,

  • L’organisation de journées de formation et de réflexion pour les professionnel.le.s en lien là aussi avec l’IVG la contraception et la santé sexuelle,

  • L’amélioration de la prise en soin des femmes en demande l’IVG en France.

La déclaration du chef de l’Organisation Mondiale de l’OMS : « Nous saluons la décision de la France de garantir les droits des femmes et de leur sauver la vie » ajoutant, « l’avortement sans risque fait partie des soins de santé » résume pleinement notre point de vue.

Pour garantir le droit, la liberté de réaliser une IVG , il est indispensable que toutes les femmes, sur l’ensemble des territoires métropolitain et ultramarins :

  • Aient accès à l’IVG les 5 jours et

  • Puissent choisir les différentes méthodes l’IVG

  • Avec une qualité d’accueil et de soins optimale
    Ce n’est toujours pas le cas en France en 2024 !

Trop de difficultés existent, perdurent, apparaissent (Nous pouvons citer la valorisation insuffisante de l’acte d’IVG la fermeture de nombreux centres d’IVG difficulté pour les sages femmes d’être reconnues dans le secteur de l’IVG , le poids des anti IVG ....).

La résolution de ces difficultés passe par :

  • Une meilleure et véritable formation des professionnel.le.s de santé à la santé sexuelle et à l’IVG dans leur cursus universitaire

  • Une réelle attractivité des statuts de ces professionnel.le.s

  • Des centres dédiés avec les moyens nécessaires à leur bon fonctionnement

  • Une reconnaissance de l’activité d’IVG au même titre que les autres champs de la gynécologie et de l’obstétrique

  • Des moyens aux associations qui œuvrent pour les Droits des femmes, associations sans lesquelles l’accès à l’IVG , la contraception et la santé sexuelle n’en serait pas là où elle en est aujourd’hui

L’application concrète du droit à l’IVG reste notre cheval de bataille et comme Simone de Beauvoir, nous savons que « nous devons rester vigilantes notre vie durant » et que ce vote ne suffira pas à garantir le Droit constitutionnel à l’avortement.

Le CA de l’ANCIC

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