Pourquoi le tout ou rien dont je parlais
Le mouvement des GJ (Gilets Jaunes) est un véritable mouvement populaire né d'un ras-le-bol généralisé de l'augmentation constante ces 20 dernières années des inégalités sociales, engendrées par le système néo-libéral favorisant les possédants au détriment des travailleurs, et notre soi-disant démocratie empreinte d’intérêts croisés voire de consanguinité entre politiques et élites. De là à parler de corruption généralisée et d'oligarchie qui de façon quelquefois légales mais toujours amorales s'accaparent avec l'aide de nos dirigeants et de leurs lois détournées un peu plus de richesse chaque jour, il n'y a qu'un pas que je ne franchirai pas, par malhonnêteté intellectuelle mais aussi par lâcheté morale (oui je rêve de devenir syndicaliste, alors je m’entraîne).
Bon...ce constat est d'une indigence intellectuelle avérée, mais je suis bien obligé de resituer le débat, et souhaite dans ces lignes non pas parler du fond du sujet, de la nécessité et l'urgence pour cette partie de la France d’être écoutée au nom de tous, ou de la légitimité de chaque revendication même si comme certains le disent il y a autant de combinaisons de revendications que de gilets jaunes, eh bien ils ont raison...beaucoup le feront mieux que moi, bien qu'il faille se méfier des récupérations et manipulations qui dévoient le mouvement.
Je vais donc m’intéresser à la forme, et mon constat aujourd'hui est que ce mouvement a trop de mal à se faire entendre pour plusieurs raisons que je vais évoquer plus loin, et les solutions qui sont données pour sortir de ce conflit sont parfois toxiques pour la nature même de la révolte. Du coup j'ai envie aujourd'hui de trouver les bonnes questions à se poser sur le situation que la France vit et comment sortir de cette impasse qui paupérise la force de travail de notre belle nation.
Pourquoi le mouvement peine à se faire entendre par nos politiques ?
Eh bien tout d'abord nos politiques sont des élites (je précise que je ne suis pas anti-élite par principe, ceci n’est qu'un constat), familles bourgeoises ou influentes, grandes écoles, et vision pragmatique voire cynique de notre société, avec une approche froide et analytique en réponse à des problématiques sociales, et symboliques.
Problématiques dont ils n'ont connaissance que par le biais de statistiques et de comptes rendus et qu'ils ne savent appréhender qu'au travers de règles économiques et de solutions théoriques qui obéissent à un enseignement qui soutient le système (ici néo-libéral) dans lequel ils sont.
Autrement dit, chaque système a son enseignement et chaque enseignement soutient son système, c'est logique, les solutions à un même problème économico-social à l'université d’état de Leningrad dans les années 70 et à l'université d'Oxford, eh bien ces solutions à une problématique identique auraient été bien différentes car ayant été créées et soutenant 2 économies et modes de société bien différentes.
Compte tenu du parcours prestigieux et à peine orienté de nos politiques les solutions passent par l'allègement des charges sur le capital en espérant que le capital joue le jeu et crée des emplois ce qui augmentera le pouvoir d'achat des ménages et fera repartir l’économie, ce qui créera des bénéfices, la croissance augmentera les investissements qui créeront des nouveaux emplois et des recettes fiscales supplémentaires, et ...arrêtez c'est trop on va tous être riches dans peu de temps.
Bon ça c'est pour la théorie. Maintenant quel est le problème de cette théorie qui semble logique...l'homme... il faut que tous les acteurs jouent le jeu, mais aujourd'hui tout le monde sait que ce n'est pas le cas, dès que les charges sont allégées sur le capital et les grandes entreprises, ce sont les bénéfices qui sont augmentés et non les investissements, et les créations d'emplois, bénéfices qui ne sont même pas porteurs de recettes fiscales puisqu'il y a plus de techniques d'optimisation fiscale aujourd'hui (oui !!!! d’évasion fiscale pour les puristes) que de voleurs dans Ali Baba...
Ensuite nos politiques sont de très mauvaise foi, il faut bien le dire. A des problématiques réelles de pauvreté croissante, à une indignation généralisée, ils répondent par une fin de non recevoir macroéconomique, ainsi on justifie le retrait de l'ISF sous prétexte de favoriser l’investissement et on taxe un peu plus les démunis à la place, l'assiette est plus large, ça rapporte plus. C'est mathématiquement exacte alors le facteur humain on s'en fou.
A la question de Jean-Jacques Bourdin "êtes vous prêts (politiques) à baisser votre train de vie" comme symbole de la compréhension de la colère du peuple, notre cher Premier ministre a répondu: "Je peux parfaitement l'entendre........" CQFD (lien de l'entretien : https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/edouard-philippe-face-a-jean-jacques-bourdin-en-direct-1120910.html )
Je ne vais pas citer d'autres exemples ou situations qui me poussent à penser que le politique est de mauvaise foi, on y passerait la semaine, non le but est de comprendre que compte tenu des origines sociales, de leur formation, de leurs intérêts propres et croisés avec leur entourage, nos représentants ne peuvent qu'avoir un regard malveillant sur les gilets jaunes, qui sont aujourd'hui un caillou dans la chaussure du gouvernement.
Pourquoi il est aujourd'hui difficile de trouver un représentant des GJ (Gilets Jaunes) ?
En fait le deuxième problème pour la comm' des GJ c'est le souci de représentation. Le GJ c'est tout le monde et c'est personne, comme on le disait il y a autant de combinaisons de revendications qu'il y a de GJ. Du coup quel que soit le représentant il ne représentera qu'une partie du mouvement et cela créera des sécessions et un affaiblissement du mouvement à terme.
Quant aux solutions que clament certains leaders d'opinions, elles devront être boudés et c'est naturel : ils vivent de ce système par lequel les GJ sont étranglés au quotidien. Je préfère volontairement ne pas m'attarder sur tous ces parasites qui font volontairement de la récupération par calcul politique, dans le but d'affaiblir le mouvement ou par ego mal placé à la recherche d'une place éphémère sous les projecteurs.
En réalité ce mouvement n'a pas besoin de leader, c'est un mouvement populaire qui traduit un malaise commun à toute une tranche de population, un malaise alimenté par une réalité sociale affligeante et des solutions politiques hypocrites, et ce depuis des années, ce mouvement n'a pas besoin d'un porte-parole, les faits parlent d'eux même, pas besoin d'un négociateur, on ne négocie pas la misère.
Voilà pourquoi la discussion s’avérera probablement infructueuse, et si un accord est trouvé il ne sera que temporaire, le temps pour eux d'amasser un peu plus et pour nous d'être plus nombreux.
Et pourquoi le "tout ou rien" et plutôt "rien"
Aujourd'hui les GJ ont pris conscience de notre condition humaine et demandent un changement radical, certainement inacceptable en haut lieu, rappelons qu'un changement structurel qui puisse à long terme contenter le plus grand nombre ne s'inscrit pas dans le modèle économique que nous connaissons, il faudrait innover, mondialement, et ça, ça prend du temps alors on se retrouvera dans une autre vie...
Le même phénomène à plus court terme serait une révolution, que le gouvernement écraserait harmonieusement sous des vagues de CRS au nom de la République et du rétablissement d'une sécurité nécessaire au développement de la "Démocratie".
La dernière éventualité reste la plus plausible : de manipulation politicarde en rendez-vous manqués, et après quelques promesses floues qui n'engagerons que ceux qui y croient le mouvement s'essouffle par manque de moyens financiers, les responsables politiques le savent et en abuseront, eux ont le temps...
Je fais confiance à nos arrière-arrière-petits-enfants pour s'indigner sur leurs livres d'histoire en découvrant le fonctionnement de notre époque comme nous même avions été choqués en étudiant la période de l'esclavage.
bordel ça m'a déprimé ça.
Jean.