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Billet de blog 26 avril 2013

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UNE IDÉE GÉNÉREUSE

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La jeune députée Françoise Gallo est une jeune pousse « radicale de gauche par défaut », « élue contre toute attente en juin 2012 dans une circonscription improbable à gauche », comme elle se présente elle-même sur son blog. Cette jeune élue (d’abord élue suppléante) fait partie de ces apparentés réduits aux rôles de figuration dans les grands groupes parlementaires, le groupe socialiste en l’espèce. Généralement invisibles et muets, placés hors champ des caméras dans l’hémicycle, il arrive que ces météores brillent le temps d’un frottement à la stratosphère de l’actualité. C’est le cas avec la tribune qu’a publiée Françoise Gallo dans « L’Écho du Tarn » (17 avril), tribune que j’ai lue au hasard de récentes vacances. Ce texte un peu trop long mérite cependant qu’on s’y arrête, ne serait-ce qu’en raison de son originalité.

Que nous dit-elle en substance ? Consciente de son « impuissance technique » face à une crise qu’elle définit comme « inséparable » de sa propre existence (elle est née sous Giscard), Françoise Gallo tente d’introduire un peu d’imagination dans la « cacophonie monotone » du débat politique actuel. Selon elle, la perte de crédibilité vertigineuse de la sphère politique est essentiellement due au manque absolu de confiance des politiques envers le peuple, peuple qui serait prêt, toujours selon Mme Gallo, à entendre des airs nouveaux. Elle prend soin de préciser que ces notes nouvelles, à défaut d’une symphonie harmonieuse qui reste à écrire, peuvent très bien surgir des « grosses caisses » du populisme, et « qu’il devient urgent (…) qu’un chef d’orchestre retrouve le maniement subtil de la baguette, avec un temps d’avance… » Reste à écrire de nouvelles partitions, et Françoise Gallo, qui compare joyeusement les discours formatés actuels (les « éléments de langage qui creusent leur propre vacuité ») avec de « la musique d’ascenseur », s’essaie à chantonner (« modestement ») une autre ritournelle que les standards qui tournent en boucle dans les « star ac’ » de la politique télévisée.

Sa musique adoucira-t-elle les mœurs politiques ? Françoise Gallo veut y croire. Elle ne voit pas d’autre solution « de sortie par le haut », par exemple dans l’affaire Cahuzac, que de mettre de « l’amour » dans la résolution de cette crise morale. Étonnante proposition dans la bouche d’une politique (rien de sexuel, rassurez-vous – encore que les Bonobos auraient, paraît-il, à nous en remontrer en la matière). Étonnante mais concrète, et qui pourrait séduire des citoyens en mal de société « apaisée », à l’heure où le « vivre ensemble » sonne comme une formule ironique. Voici sa solution : plutôt que de vouer Jérôme Cahuzac aux gémonies, de le bannir, d’en faire le singulier coupable d’une faute en réalité collective, ne vaudrait-il pas mieux utiliser ses talents afin « qu' il expie utilement et retrouve sa dignité d’homme » ? La proposition de Mme Gallo m’amuse car – pure coïncidence – j’y avais songée pour de rire. Notre jeune députée suggère tout bonnement de condamner Jérôme Cahuzac à un travail d’intérêt général (TIG) visant à combattre l’évasion fiscale, une « mission d’intérêt publique qu’il effectuerait gracieusement (…), en utilisant toute l’étendue de son expérience (…) avec tous les pouvoirs nécessaires pour traquer les contrevenants, pourquoi pas une sorte de préfet hors cadre comme il s’en crée parfois pour réduire la criminalité ou bâtir de nouvelles zones urbaines ». J’avais suggéré pour ma part que M. Cahuzac soit condamné à redevenir ministre du budget en TIG, par pure méchanceté ; Mme Gallo présente à peu près la même idée, par simple bonté. Voilà une proposition neuve et généreuse qui mériterait l’attention des pouvoirs publics, autrement plus utile que l’écran de fumée que constitue l’affichage des patrimoines de nos ministres.

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