Alors que paraît, depuis quelques mois, un de mes derniers livres en date, en autopublication ( temporairement avant qu'il ne soit publié chez un éditeur traditionnel ), sur Amazon, mon second récit autobiographique sur la schizophrénie et l'écriture,
" Quelques saisons en enfer ", je pense à ces quelques lignes :
" Je voudrais tellement oublier ces vicissitudes. Maladie de l’être, maladie psychique, maladie de l’écriture et vous tenez par les médicaments. Ne pas se plaindre, ne pas se lamenter. "
et qu'auparavant, j'avais publié il y a presque cinq ans " L'homme qui entendait des voix "
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aux éditions Unicité, récit dans lequel j'avais
évoqué ce que j'avais connu en 1993-1994 c'est-à-dire : le harcèlement moral, psychologique, physique au bout du compte, dans une société de marketing , de la part de certains collègues de travail.
Un extrait : " Quelques années, auparavant, je travaillais dans une société de marketing direct à Créteil. Employé de bureau, j'étais devenu, les derniers temps, la tête de Turc de certains de mes collègues, une victime toute désignée d'un bizutage intempestif. Rien de méchant, apparemment, pas de violence physique ni sexuelle, ils me considéraient comme un "ami ", qui fait rire, certes, un pitre dépressif, mais un "ami". Ils m'aimaient à leur manière et bizarrement, je les aimais. On passait même des soirées ensemble, le week-end, souvent. Pourtant, avec amour, ils m'humiliaient dans leurs jeux sadiques. Ils pouvaient chaparder ma carte d'identité, momentanément, en y inscrivant "Petite bite", cacher mon sac à dos dans les buissons du parking de la boîte, à l'extérieur, me scotcher dans l'entrepôt, avec du gros ruban adhésif, qu'on emploie dans les entreprises, pour emballer des paquets, sur un plateau tournant, qui filme les palettes. Ça a commencé comme ça, sans doute. J'y pense tout le temps. Mais, à l'époque, je fuyais cette réalité, j'essayais de l'escamoter, je ne parlais à personne, à l'extérieur, ni à mes proches, ni à mes amis. "
Je me dis que je n'en ai pas fini avec cette histoire qui va jusqu'à hanter mon sommeil et mes rêves. Les faits sont prescrits, je ne peux pas porter plainte, je crois, alors que faire ? Toujours témoigner sans nommer précisément mes bourreaux ? Il y a quelques années, dans mon premier récit, j'écrivais que je pardonnais. Mais je pense qu'il est préférable que les gens concernés s'excusent réellement auprès de moi. Ces événements n'ont pas été étrangers à la maladie qui s'est déclarée, deux ans plus tard en 1996, la schizophrénie, par une hospitalisation en psychiatrie. Je suis depuis quelques années stabilisé mais je garde au fond de moi des souvenirs malaisants. Je n'ai pas fait la paix avec mon passé.
Eric Dubois