ERIC NOIRE
Abonné·e de Mediapart

10 Billets

0 Édition

Billet de blog 29 août 2015

ERIC NOIRE
Abonné·e de Mediapart

Les Mensonges du Capital (1) : Les charges sociales trop élevées

ERIC NOIRE
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans une série de billets (si j'en suis capable), je vais essayer de démonter quelques mensonges capitalistes distillés comme des vérités premières par la classe économique dominante.

Régulièrement, on entend les patrons par la voie du MEDEF pour les grands ou de la CGPME pour les petits se plaindre de la lourdeur des charges sociales, qui « nuisent à la compétitivité et à la relance ». C'est entièrement faux ou du moins pour être précis, c'est vrai pendant un très court laps de temps pour quelques rares entreprises. Démonstration :

* NB : le prix de vente moyen, le coût de production moyen et le profit moyen sont calculées en fonction des techniques de production en vigueur dans une économie à un moment donné. Ils ne tiennent pas compte de techniques de production archaïques ou obsolètes.

Imaginons des entreprises en concurrence sur le marché de l'offre d'une marchandise dont le prix de vente moyen est de 10€ et dont le coût de production moyen est de 6€ (soit un profit moyen de 10-6=4€).

L'une d'entre elles bénéficie (peu importe les raisons) d'une baisse des charges sociales - qui font partie du coût du produit - qui va tomber pour cette entreprise à 5€ (contre 6€ pour les autres). Cette entreprise pourra vendre son produit moins cher que ses autres concurrents, à 9€, tout en préservant son profit de 4€.

La conséquence immédiate sera un afflux de demande du produit fabriqué par l'entreprise en question (on n'imagine pas le consommateur continuer de payer 10€ quand il peut se contenter de n'en payer que 9). Ses concurrents devront s'adapter, c'est-à-dire réduire leurs coûts de production du même montant, même si cela peut se faire d'autres manières (innovations techniques, concentrations/licenciements, etc.) ou mourir, car les actionnaires vont rapidement se rabattre sur les entreprises dont le coût de production moyen s'établira à 5€ qui garantit une meilleure rentabilité des titres.

Dans cette situation finale d'équilibre, on notera que l'entreprise qui a été un temps favorisée par rapport à ses concurrents par des coûts de production inférieurs aux coûts moyens de production est revenue désormais à une situation comparable à celle qui précédait la baisse des charges sociales, où elle n'avait aucun avantage.

La baisse des charges sociales n'est donc qu'un avantage différentiel (par rapport aux autres entreprises) extrêmement limité dans le temps. Dès lors qu'elle se généralise, l'avantage disparaît…

On peut même extrapoler en disant qu'une hausse des charges sociales, à condition qu'elle soit généralisée, ne pénaliserait pas la compétitivité des entreprises. Elle n'entraînerait qu'une répartition différente du profit de la vente entre les capitalistes (qui en auraient moins) et les salariés (qui en auraient plus).

Le rôle réel de la baisse des charges sociales n'est donc pas la compétitivité des entreprises, mais une meilleure répartition en faveur des capitalistes du profit de la vente.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte