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Billet de blog 9 juillet 2022

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Manifeste amoureux

Amour, je voulais t'écrire une lettre d'amour et c'est un manifeste qui est venu.

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© err

Amour, je voulais t'écrire une lettre d'amour et c'est un manifeste qui est venu. Comme toi et beaucoup d'entre nous, j'ai appris à faire comme il faut. À écouter la ligne directrice au sein de la famille, de l'école, de l'entreprise et de l'État. 

J'ai joué les bons citoyens en respectant les règles en vigueur pour vivre cette société idéale promise. J'ai donné de moi-même, avec parfois la peur de ne pas être à la hauteur. 

J'ai suivi les lois d'un monde aux faux airs de royaume mais aux vrais airs d'enfer, où ceux qui y sont rois, se sont dévoilés à ne montrer qu'un seul visage, celui de l'avidité, loi universelle de leur royaume dont je ne veux pas être le sujet. 

La corde qui m'attachait à cette vie-là est devenue l'épaisseur d'un fil, prêt à rompre. La parole qui était censée donner la bonne direction du bien commun a sonné de moins en moins juste, trop souvent orientée pour le bien de quelques-uns.  

Aujourd'hui, nous sommes nombreux à vouloir nous échapper du cauchemar et sortir une bonne fois pour toutes de nos programmations, où nos téléphones trop intelligents, contrôlent et mouchardent la plupart de nos choix et nos mouvements. 

Mon "je" est fatigué d'être pessimiste et impuissant. Nous sommes les présumés coupables de tout ce qui arrive, accusés de toute part, y compris par notre mental, le plus impitoyable des procureurs. Un "Je" qui veut définitivement sortir du déni qui consiste à se noyer dans l'abîme du sarcasme et du "à quoi bon" avec un rire distant et moqueur et qui se laisse aller à reprendre dans un confort coupable,  une part du gâteau de la société de consommation pour calmer ses angoisses existentielles. 

Un "je" qui a entendu le coup de sifflet final qui annonce la dernière manche de la partie, celle-là où il nous faudra survivre au manque d'eau, aux famines, aux épidémies, aux guerres, aux migrations et aux désastres écologiques en tout genre. Un tableau bien sombre mais un ultime round qui peut s'avérer libérateur si nous trouvons la bonne direction avec de nouvelles façons de vivre en ce monde. Il en va de notre survie afin d'éviter le "grand remplacement" de notre espèce par d'autres qui viendront s'installer à notre place laissée vacante dans l'écosystème par notre extinction. 

Les désastres climatiques et environnementaux font voler en éclat, les uns après les autres, nos zones de confort. Face à nous même et pour continuer à aller de l'avant, nous allons chercher l'énergie à l'essentiel de notre existence, d'une simplicité perdue, d'une part sauvage qui serait restée intacte. 

Nous en avons conscience, c'est ici au cœur de la forêt, en pleine nature, les pieds nus au contact du sol, avec nos sens remis en éveil, que nous reprendrons le goût des choses simples, de l'essentiel. À contempler la beauté de la nature, à passer nos jours et nos nuits au rythme des saisons en faisant corps avec la nature qui nous guide comme un livre ouvert, à observer attentivement les phénomènes qui s'y entrecroisent, aux innombrables correspondances avec notre propre nature qui nous fait mieux nous connaître. 

Nous avons sans doute enfoui un peu vite cette part du sauvage qui nous faisait un peu honte, le regardant avec dédain comme un arriéré crotté de boue, qui n'était plus digne de vivre dans le monde moderne scintillant de toutes ces perfections illusoires. 

Pourtant nous sommes bien, humains, les membres d'un même monde, animal, végétal et minéral dont nous nous sommes affranchis. Évoluant ensemble sur une même terre, qui dans son impitoyable mouvement oscillatoire nous en a fait voir de toutes les couleurs dans nos jeunes années d'évolution d'espèce. 

De notre téméraire descente de l'arbre où nous vivions protégés sous sa canopée, nous nous sommes retrouvés marchant à découvert dans les hautes herbes de la savane, proies des prédateurs en tous genres à l'affût d'un repas fait de notre chair humaine. Curieux de ce nouveau monde mais effrayés par ses dangers, nous nous sommes au fil du temps protégés, sécurisant nos espaces vitaux au point de nous couper de tout.

Ne nous laissons pas entraîner dans le sarcasme et la dépression face aux désastres. Dès maintenant, soyons prêts  pour la dernière manche sous les meilleurs auspices, avec les meilleurs atouts en main, afin de créer sans attendre le monde que nous souhaitons. 

Préparons nous, à la compétition qui s'annonce, parcourons les collines avant de gravir les montagnes, repérons les risques, anticipons les événements, tout en prenant soin de ne pas plaquer les préconçus et les peurs qui n'attendent rien d'autre que de s'auto réaliser. 

Au contact de la nature, retrouvons la réactivité et l'adaptation aux aléas où nous saurons réagir avec calme et détermination avec comme étoile du nord qui guide dans la nuit, le seul et unique repère dans notre ciel, celui d'être authentiques avec nous-mêmes.

En surfeurs, laissons nous glisser sur la crête de la vague qui nous emportera au gré des ondulations de la justesse du moment. Laissons nous porter par le flux de la vie, nous devons réapprendre à travailler simplement avec les pouvoirs qui sont en nous et que nous avions mis en veilleuse. 

Amour, soyons les nouveaux alchimistes à revisiter la mémoire des textes, à relire et écouter les sagesses du monde, à réinvestir cette part inaltérée du sauvage pour retisser le lien universel à la nature et, in fine, à notre propre nature. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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