Debunk du mail d'E Macron reçu par les personnels du MEN le 16 septembre, concernant la revalorisation à venir
La partie dont il est question ici :
« Le ministre entamera prochainement les concertations avec les organisations syndicales afin de poursuivre la revalorisation générale de la rémunération des enseignants initiée il y a deux ans. Il s’agit d’un investissement massif pour la Nation, que nous assumons. Le salaire des enseignants aura ainsi augmenté d’environ 10% et aucun professeur ne débutera sa carrière à moins de 2 000 euros nets à compter de la rentrée 2023. À cette revalorisation générale et inconditionnelle sont susceptibles de s'ajouter des augmentations plus importantes encore dans le cadre du pacte que nous vous proposons. Tous les enseignants qui le souhaitent pourront en effet s'engager dans des missions supplémentaires, par exemple du remplacement, du suivi individualisé, de l’accompagnement à l’orientation ou à l’insertion professionnelle ou des tâches de coordination. Ce travail, que beaucoup d’entre vous accomplissent déjà, sera désormais reconnu et rémunéré. L’augmentation du salaire des enseignants qui accepteront ce pacte pourra ainsi aller jusqu’à 20%. »
Une étude de texte pour montrer la confirmation de la réalité de la revalorisation - prévue actuellement - à venir, qui a déjà été dénoncée depuis ... avril !!!
En fait E Macron reprend ni plus ni moins la même rhétorique que lors du débat des présidentielles d’avril, puis du discours devant les recteur en aout.
1) « afin de poursuivre la revalorisation générale de la rémunération des enseignants initiée il y a deux ans »
Formulation très fallacieuse, déjà utilisée en avril et en aout comme pour le reste, dans le sens où il n’y a toujours pas/jamais eu de revalorisation « générale » des enseignants, mais seulement du début de carrière. Et quand on sait que cela ne sera jamais « général », on flirte avec le mensonge, mais qui ne peut donc pas être prouvé …
2) « Il s’agit d’un investissement massif pour la Nation, que nous assumons. » A voir la tête de cet « investissement massif » dont il y aura un aperçu plus loin …
3) « Le salaire des enseignants aura ainsi augmenté d’environ 10% » La perle ! Le summum de la formulation implicite très trompeuse ... c’est qu’il y a du boulot !
a) Le « des» est essentiel. Ca parait quasiment impensable, surtout pour les plus incrédules d’entre nous ( ce que j’étais il n’y a pas si longtemps encore !) et pourtant E Macron avait déjà sciemment utilisé le « des » ou « les », voire « de nos » en avril et en aout pour en fait dire « une partie des» … et je rappelle qu’après le débat d’avril l’équipe d'E Macron avait bien débunké cette formulation qui a été un des éléments de tromperie principaux, et qui ont ainsi déclenché le relais des fake news par les médias … bref, l’utilisation de « des » pour « une partie » de est de fait redoutable dans la tromperie que cela occasionne, et qui aura bien sûr trompé la majorité des médias et des enseignants déjà en avril, puis en aout, puis maintenant … l
D’ailleurs, on sait bien, même Pap N’DIaye l’é dévoilé clairement, qu’il n’est pas question que les fins de carrière reçoivent quoi que ce soit. E Macron parle donc bien uniquement d’ « une partie des enseignants » - en l’occurrence uniquement des échelons 2 ! – avec dégressivité pour une autre partie, et il confirme une fois de plus qu’il fait plus que flirter avec le mensonge pour qu’une bonne partie des enseignants (et des syndicats ?) tombent une fois encore dans le panneau, attendant sagement septembre 2023 au lieu de s’ « indigner » et se mobiliser, devant tant de mépris et de mesquinerie … ce billet et les autres ont pour but d’éclairer le plus de monde possible ….
Voir le billet sur cette revalorisation.
b) C’est surtout dans l’utilisation du futur antérieur « aura ainsi augmenté » qui révèle la volonté de tromper subtilement. Il ne faut pas oublier le contexte décrit par les phrases précédentes : « la revalorisation générale de la rémunération des enseignants initiée il y a deux ans ». Ainsi E Macron se réfère au début de cette période ! Ce qui implique que sont comptés dans ces 10 % la reval de 3,5 % du point d’indice ! D’ailleurs, pour rappel, E Macron avait précisé cette prise en compte implicitement en aout en utilisant l’expression « statu quo ante » … là encore, voir le billet reval pour plus de précision …
4) « et aucun professeur ne débutera sa carrière à moins de 2 000 euros nets ».
Alors d’abord pour rappel l’exploitation du debunk d’avril confirmait bien qu’il s’agissait de rajouter ces 10 % à l’échelon 2, et pas à l’échelon 1. L’expression utilisée pour implicitement le dire est donc « qui débutera sa carrière », comme cela avait déjà été systématiquement utilisé. Un stagiaire n’est donc pas considéré comme ayant commencé sa carrière …
Ensuite, pour que l’on arrive à ces « 2000 € net » en rajoutant « « environ » 10 % », il est montré (voir billet reval) qu’il ne fallait en fait ne rajouter qu’un peu plus de 7 % pour y arriver pile, et en incluant bien sûr les primes Grenelle, mais aussi l’ISO ou ISAE ! … Avec même la possibilité que la prime informatique mensualisée ait été incluse …
Mais alors en tenant compte de la reval de 3,5 % du point d’indice, la revalorisation pour atteindre ces « 2000 € nets » ne correspondrait plus qu’à 3,5 %, d’où une probable réelle prévision de 4 à 5 % pour dépasser une peu ces 2000 € …. Là encore, voir le billet reval pour les détails …
5) Concernant les 10 % possibles supplémentaires conditionnés à des missions supplémentaires, on a de toute façon une valeur qui ne peut être que complètement aléatoire … puisque les rémunérations de ces missions non seulement ne risquent pas de dépendre de l’échelon (donc le % d’augmentation sera différent suivant le traitement indiciaire), mais qu’il y aura probablement possibilité de cumuler au moins 2 de ces missions … mais bon, « 10 % », c’est tellement racoleur …
6) « L’augmentation du salaire des enseignants qui accepteront ce pacte pourra ainsi aller jusqu’à 20%. » Donc un "20 %" qui ne concerneraient que les échelon 2, avec d'abord les 10 % précédents … heu en fait « plutôt » les disons 8 % réellement prévus avant la reval du point, plus un autre « 10 % » complètement aléatoire, pour E Macron ça fait donc « jusqu’à 20 % » « satu quo ante » ! … et donc en fait « jusqu’à 14 à 15 % » supplémentaires « POST » reval. Quand aux autres ... no comment !
Alors qu’en est-il réellement de l’ « investissement/effort massif pour la Nation » prévu ? Sachant qu'E Macron ne raisonne qu’à partir d’avant la reval du point d’indice, et qu’en toute logique il y aura une autre revalorisation du point d’indice en 2023 – une fois de plus bien en dessous de l’inflation prévue – probablement dans le même ordre que ces précédents 3,5 %, on va arriver à un « investissement » très proche de 0 en septembre 2023, concernant le partie "inconditionnelle" ! Bon aller, « au pire » ptet quelques dizaines de millions d’euros …
Cet "investissement massif" ne fait finalement référence qu'à la partie "conditionnée', et dont le montant dépendra donc de la volonté des enseignants à accepter ou non de travailler plus pour ... compenser les pertes dues à l'inflation !
Et je ne parle même pas de la quasi-certaine non reconduction de la prime GIPA, qui sera la pierre angulaire qui permettra justement à l’Etat de faire ces énormes économies …
Bref, E Macron fait le forcing en mettant sur papier exactement la même com’ trompeuse qu’il aura distillée oralement en avril et en aout. Cela « à la hauteur » des sommes colossales mises en jeu, des milliards d’euros qui seront en fait économisés par l’Etat, et qui seront redirigés d’une manière ou d’une autre vers le privé … la fin justifie donc les moyens, aussi mesquins et déloyaux soient-ils.
Les syndicats se feront-ils une fois de plus berner ?!