Je ne savais pas que Bayrou – en tant que « commissaire au plan » - avait fait une « note » pour « éclairer » (lol) le gouvernement et autres sur la nécessité d’une réforme des retraites le 8 décembre 2022.
J’en ai eu connaissance car sur Twitter un gars de droite m’a donné cette intervention de Bayrou comme argument ultime. Me suis bien marré.
Ecoutez ce passage :
https://twitter.com/ralifromparis/status/1636830304999555074
Avec éventuellement cette « note » de Bayrou : https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2022/12/hcp_note_retraites.pdf
En fait on a le droit à une manipulation exceptionnelle de début à la fin. Bayrou parle en fait des déficits de la caisse CNRACL (agents publics, hôpitaux et collectivités) et de ceux des « caisses » de l’Etat.
Pour la CNRACL, les déficits sont surtout prévus de par les hypothèses irréalistes - mais surtout impossibles pour certaines ! - données par le gouvernement au COR pour faire ces projections. Et cela a été dénoncé par le collectif « Nos services publics » (voir lien). Pour résumer, stagnation d’effectifs prévu jusqu’à 2032, c’est pratique car ça permet évidemment d’engendrer de gros déficits pour une caisse où les employeurs cotisent à plus de 30 % (20 et quelques pour le privé). Même conséquence avec la paupérisation – historique ! – prévue entre 2023 et 2027. Sauf que cette paupérisation se base – par exemple et entre autres incohérences – sur l’absence de passage d’échelon pour les fonctionnaires pendant 5 ans … ?! On ne rit pas …
Pour les « caisses » de l’Etat, c’est le même principe :
- d’un côté pour les fonctionnaires de l’Etat (dont les enseignants) hypothèses de stagnation d’effectifs et paupérisation identiques, mais avec des déficits qui ne sont que virtuels, puisque, pour résumer, correspondant en fait à des économies faites par l’Etat sur les traitements indiciaires ! Raison pour laquelle le COR ne prend pas ces déficits en compte – qu’il qualifie pudiquement de « paradoxal » - puisqu’ils ne correspondent à aucune réalité !
- de l’autre côté, les déficits des régimes spéciaux : des déficits actuels qui sont là aussi virtuels et qui vont en s’améliorant tous les ans de par l’application des changements de réglementation, notamment le recul de l’âge de départ à la retraite …
Remarque, pour plus de précisions : concernant le calcul des déficits virtuels pour les « caisses » de l’Etat, le principe est le suivant : on applique le même taux (dit « implicite », celui qui aura permis l’équilibre du régime) de cotisation de l’Etat pour ses fonctionnaires que l’année précédente, puis on regarde s’il donne un déficit ou un excédent l’année suivante. Or, comme l’Etat ne revalorise – et n a prévu de ne revaloriser – que par primes les années jusqu’en 2027 (avec très légère reprise à partir de 2027), les recettes ne peuvent que baisser, créant ainsi ces déficits non seulement « artificiels », car créés par l’Etat, mais surtout « virtuels », car correspondants en fait à de plus grandes économies faites sur les rémunérations et/ou sur les montants des futures pensions. Eh oui, il faut oser utiliser ces « déficits » …
Bref, Bayrou fait des résultats du COR l’interprétation la plus manipulatrice que l’on n’aura jamais vue, en comptant explicitement des déficits virtuels dans son exposé … plus c’est gros … !!!
En fait le gouvernement avait aussi utilisé une partie de ces déficits virtuels, mais en n’allant pas jusqu’à ces « 30 Md€ », « se contenant », dans la courbe présentée par E. Borne, de compter ceux des caisses des fonctionnaires d’Etat … Et il n’est donc pas étonnant que même le gouvernement n’ait pas été jusqu’à aller reprendre ce discours aussi grossièrement mensonger de Bayrou !
Par contre, pour les électeurs de droite et les macronistes, ça se boit comme du petit lait …
Voir la synthèse du collectif « Nos services publics » :
https://files.umso.co/lib_ufoFEvhlRMwflNFx/xet42tajprwssv3r.pdf
Et les autres publis sur le sujet, voir éventuellement historique sur ce groupe ou à partir de ma page.
