Le mag en ligne :
https://www.snes.edu/publications/lus-et-lus-mag/lus-mag-n853-du-14-decembre-2024/
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- « LE SNES-FSU EST ATTACHÉ AU PRINCIPE DE CARRIÈRE ET AU DROIT À LA PENSION DE RETRAITE, »
Heu ? le contraire aurait été quelque peu gênant, non ? Surtout pour la pension, imaginez …
- « la faiblesse des rémunérations est devenue insupportable, particulièrement depuis la récente crise inflationniste » : Non, concernant les débuts de carrière, ça a été pas mal. Concernant les milieux et fins de carrière ? Le SNES ne s’est pas du tout montré indigné quand, rien que sous Macron, il a été procédé à non pas une, non pas deux, mais à trois revalorisations DEGRESSIVES successives ! Le SNES avait même souligné les efforts faits pour les débuts de carrière, « oubliant » de dénoncer par contre les conséquences de la politique salariale indigne appliquée aux enseignants, et qui va évidemment se poursuivre : les gagnants du moment seront les plus grands perdants de demain ! Mais ce n’était visiblement qu’un détail, c’eut été dommage de gâcher la « fête », évidemment !
La fin de cette page 13 nous met par contre en haleine au vu du programme proposé !
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Ca commence même très fort avec un titre racoleur « UN DÉCLASSEMENT ORGANISÉ » … oula, va-t-on avoir droit à des révélations que jusque-là le SNES s’était gardé de révéler ?! J’ai hâte !!
- « Les avancées salariales pour les milieux de carrière qu’a pu amener la mise en œuvre du protocole PPCR en 2016 ont été neutralisées par l’inflation record de ces dernières années »
Surtout un certain B. Schwengler (« le salaire des enseignants : la chute !) qui avait étudié le sujet était arrivé à la conclusion que le PPCR impliquait en moyenne une augmentation de la rémunération d’un peu moins de 4 % en moyenne sur … toute une carrière ! Avec d’ailleurs plus de la moitié sur les deux ou trois premières années, de par les points d’indice octroyés rapidement, ainsi que les transferts primes points.
La « naïveté » syndicale à cette période aura consisté à laisser croire, au moins implicitement, que cela pouvait compenser l’inflation sur de nombreuses années … évidemment que non ! Il semble donc que, depuis, le SNES ait enfin atterri. Il en aurait été bien sûr autrement si cela s’était accompagné de la ré indexation du point d’indice sur l’inflation …
-« Les hausses du point d’indice de 3,5 % en juillet 2022 puis de 1,5 % en juillet 2023 ainsi que le doublement de l’ISOE en septembre 2023 ont constitué une réponse très insuffisante dans un contexte de forte inflation. »
Peut-on juste parler de « réponse insuffisante », lorsque les « revalorisations » sur la période considérée ont eu comme conséquence de … faire perdre plus encore en pouvoir d’achat pour la très grande majorité des enseignants ?!
- « Cette prime est insuffisante pour rendre l’entrée dans le métier attractive, avec un salaire qui demeure en dessous de 2 000 € (1,17 SMIC). »
C’est vrai que pour le SNES, les primes ne font pas partie du salaire … ça donne quand même des formulations des plus fallacieuses ! A croire que le SNES finalement serait capable de refuser des revalorisations si elles n’étaient pas indiciaires … d’autant plus étonnant qu’elle n’a JAMAIS refusé de primes ! Quant à celle des 500 € pour 3 HSA, c’est une autre histoire …
Je ne vois pas trop l’intérêt de se focaliser sur ce point, sinon de relativiser les primes, de finalement considérer qu’avoir des primes ou rien du tout, c’est kif kif ?! En ce qui me concerne, et je pense une majorité de mes collègues, j’aimerai bien avoir les 1000 balles de primes qui me manquent comparativement aux cat A équivalentes ...
-« De plus, elle provoque un tassement de la progression salariale au cours de la carrière puisqu’il faut ensuite 17 ans pour gagner 400 € de plus par mois. »
« Tassement salariale » ? Sans blague ?
Et le SNES oublie visiblement que la revalorisation suivante, elle aussi avait eu le même effet ! Le SNES joue ici manifestement le jeu du naïf, comme s’il ne savait pas que, tasser notre progression salariale », c’est juste la stratégie salariale qui nous est appliquée depuis surtout Sarkozy ?! On est dans ce qui est un stratagème : ne pas dénoncer clairement ce qu’il se passe … mais pour quel but ?!
Il fallait lutter contre cela et le SNES n’a JAMAIS mis son véto sur ces primes dégressives, ce qu’il aurait pourtant fallu faire lors de la première prime Grenelle ! Et en rappelant que la première revalorisation dégressive avait été distribuée sous Sarkozy en 2011 et, vous savez quoi … sous forme indiciaire !
Ensuite : dire qu’il faut ensuite 17 ans pour gagner 400 € de plus est très trompeur, c’est en fait la même « erreur » que l’on retrouve systématiquement dans toutes les publications sur le sujet. Car on parle alors, implicitement, à euros constants. Or, puisque le point est gelé, et que cela ne risque pas de cesser, ces 400 € actuels correspondront à beaucoup moins dans 17 ans, dépendamment des niveaux d’inflation. C’est exactement le même piège concernant les montants des futures pensions donnés par les simulateurs de pensions pour les fonctionnaires en général, et dont je n’ai jamais vu nos chers syndicats le dénoncer. C’était l’occasion de le faire, encore une occasion manquée !
- Concernant la GIPA : « Mais le gouvernement a annoncé la supprimer dès 2024, faisant ainsi d’une pierre deux coups : des économies sur le dos des fonctionnaires et la suppression d’un indicateur de leur paupérisation. » …
Je rajouterai : … avec la complaisance implicite du SNES ! Que j’avais contacté, entre autres syndicats, pour leur fournir un argumentaire sur les manipulations de Kasbarian concernant cette GIPA. Il aurait alors fallu dénoncer ce qui était une injustice basée sur des manipulations crasses, qui auront même surpassé celles de l’IFRAP sur le sujet, c’est dire ! Mais, pour ceux qui ne seraient pas au courant : nos chers syndicats ne vont pas sur ce terrain-là … dénoncer des manipulations de notre cher gouvernement alors même qu’elles sont évidentes, factuelles, étayées, irréfragables … mais vous n’y pensez pas !!!
En précisant qu’il aurait surtout fallu demander non pas la reconduction de cette GIPA, mais son adaptation, et ce depuis longtemps. Comme par exemple le demandait la Cour des Comptes en 2015 déjà, en incluant les primes dans le calcul. Oh, je précise qu’on parle bien ici de cette prime, pas de revalorisation salariale …
Non, rien de tout ça, le SNES a laissé couler bien comme il faut.
- « Cela rappelle qu’une indemnité peut être supprimée du jour au lendemain par un gouvernement »
Mouais alors on parlait d’une indemnité très particulière, qui plus est devenue inadaptée !
On a ensuite cette courbe montrant la perte du « salaire » moyen par rapport au SMIC depuis les années 70, ce qui n’est pas du tout pertinent : non seulement la paupérisation indiciaire a concerné tous les fonctionnaires, mais si les primes avaient compensé le problème aurait été à beaucoup relativiser !
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- « Rappelons par ailleurs que les indemnités ne comptent pas dans le calcul de la pension et qu’elles accentuent les inégalités entre les personnels. La mise en place de primes obéit à une logique managériale libérale. Augmenter la part de l’indemnitaire dans les rémunérations permet d’affaiblir le statut du fonctionnaire, en le soumettant davantage à la pression hiérarchique. »
Moi je ne comprends pas pourquoi le SNES insiste lourdement sur l’aspect négatif de ces primes … ce n’est pas comme si cela concernait TOUS les agents publics ! Le SNES fait son exposé sur le sujet comme si les enseignants devaient refuser ces primes, alors qu’on croirait en creux que cela ne se passe pas du tout ainsi pour les autres agents ! Quel est le but ? De finalement se résigner à ne pas avoir de primes, en se consolant en se disant que c’est finalement « tant mieux » ?!
Mais, surtout, le SNES « oublie » trois points importants, essentiels :
- d’abord quand on fait allusion aux primes de la grande majorité des autres fonctionnaires, on pense évidemment à la RIFSEEP : c’est la prime qui creuse l’écart de rémunération principal avec les cat A qui nous sont équivalents. Or, contrairement à ce que laisse supposer implicitement le SNES, cette prime est composée en grande majorité de l’IFSE qui n’est soumise à aucune « logique managériale », « pression hiérarchique », à aucune obligation de rentabilité par exemple. Seule la partie variable, le « complément indemnitaire annuel » (CIA), et soumise à des obligations de résultats – et de façon souvent très relative – et donc ne constituant qu’une infime partie de cette RIFSEEP. Et c’est justement cette RIFSEEP qui aura définitivement entériné le déclassement salarial des enseignants par rapport à leurs homologues des autres cat A. C’est ce que nos chers syndicats auraient dû demander, A MINIMA, par égalité – pour éviter la discrimination ! Pourquoi ne pas être clair sur cette prime, et la réalité de son application ?!
Oh, petit « détail » : la majeure partie de la catégorie B touche cette RIFSEEP … et la catégorie C aussi !
- Pour moi le plus énorme : comment le SNES ne peut-il pas mentionner le fait que c’est évidemment la paupérisation salariale des enseignants qui aura permis par contre de revaloriser – par primes indemnités justement - la majorité des autres catégories de fonctionnaires … ?! Le SNES serait donc capable d’affirmer – comme il le fait donc ici implicitement – que cela ne serait pas la réalité ?
Ce n’est même pas une « idée », et c’est encore moins la mienne originellement même si c’est ce que j’ai rapidement compris, mais ce que disait simplement le même B. Schwengler dans le même livre : la paupérisation des enseignants a permis les revalorisations dites « catégorielles », donc des autres fonctionnaires. En précisant l’origine de cette stratégie : dans les années 80, la désindexation du point était accompagnée d’une volonté : celle de maitriser la masse salariale des fonctionnaires de la FPE, en fait en la gardant plus ou moins constante. Ainsi pour procéder à des revalorisations, sacrifier la catégorie qui comportait le plus de personnels (plus d’un tiers) était la meilleure des stratégies, si tant est que cela pouvait fonctionner … et cela a ainsi parfaitement fonctionné depuis si longtemps ! Le pire, c’est que cela continue …
Mais pour le SNES, donc, cela n’existe pas … A quoi joue-t-il donc ?!
- Enfin, oui le SNES précise bien que « les indemnités ne comptent pas dans le calcul de la pension », mais pourquoi ne pas être plus clair et précis : le fait de ne revaloriser sous forme de primes au lieu de l’indiciaire implique d’énormes économies en futures pensions, de par le système de calcul spécifique pour les fonctionnaires. 5 % de revalorisation par primes plutôt qu’en indiciaire ? Ce sera directement 5 % de baisse des futures pensions, qui seront ensuite versées pendant environ 25 ans en moyenne ! C’est une des nombreuses raisons pour lesquelles les pertes en niveaux de salaires des enseignants de milieux et fins de carrière sont d’autant plus inadmissibles en n’étant même pas compensées par des primes/indemnités !
Cette partie me parait donc des plus suspectes, comme s’il fallait justifier de cette absence de primes qui serait de toute façon à éviter coûte que coûte, et surtout, en inventant en creux une réalité qui n’existe pas, et en éludant celle qui existe !
- « Depuis la rentrée 2023, l’octroi de parts fonctionnelles de l’ISOE dans le cadre du Pacte en est l’illustration : il ne s’agit pas d’une revalorisation, mais d’un travail supplémentaire contractualisé, l’agent·e n’étant rémunéré·e qu’en échange d’un accord avec son supérieur hiérarchique direct. »
Evidemment, et c’est contre cela qu’il fallait lutter avant tout ! Je rappelle d’ailleurs le contexte, factuel : Macron avait fomenté une stratégie de manipulation en faisant croire qu’il y aurait « 10 % pour tous les enseignants », à des fins électorales et pour mieux rendre inaudibles les enseignants jusqu’en septembre 2023. Or, il y a eu une boulette de la part de l’équipe de campagne de Macron DES LE 22 AVRIL 2022 : ils ont révélé la supercherie, via une interview par des journalistes de l’Obs, dont le titre de l’article était on ne peut plus explicite : « Non, E. Macron ne revalorisera pas tous les enseignants de 10 % ». Les syndicats avaient alors – TOUS – décidé courageusement de … ne rien faire, évidemment, pendant plus d’un an ! Pour mieux s’indigner ensuite – et encore très modérément – de la supercherie en septembre 2023, et trop tard évidemment…
Enfin, « trop tard » … car c’est à ce moment que l’on nous a imposé dans la foulée ce pacte ! Et dont l’enveloppe aurait pu quasiment couvrir ce qui manquait pour atteindre les 10 % prévu initialement ! Mais là encore, nos chers syndicats ont été sympas : plutôt que de faire ce qu’il aurait fallu faire, c’est-à-dire refuser catégoriquement cette arnaque et demander que le président respecte sa promesse, ils ont préféré courageusement, et pour se payer une facile bonne conscience, appeler à « refuser ce pacte » ! Sachant pertinemment comment les choses allaient évoluer. A moins de le faire exprès ? Et, évidemment, en sachant qu’un des nombreux buts du pacte allait fonctionner à merveille : diviser pour mieux régner. Cela n’a pas loupé, évidemment.
La responsabilité syndicale est de 100 %. Mais il est plus facile de laisser une bonne partie des délégués/représentants jouer au jeu facile du « mais regardez ces « pacteux », tout est de leur faute ! », accentuant ainsi les divisions … Le gouvernement les remercient encore !
- « hausse immédiate de 15 % du point d’indice et indexation sur l’évolution des prix »
Ah, s’il n’y avait pas les fameuses revalorisations hors sols, ce ne serait pas le SNES !
Déjà, comment peut-on, étant syndicat enseignant, demander une revalorisation pour l’intégralité des 5,7 millions d’agents publics en premier lieu ?! La question c’est même pas « où est l’intérêt ? », c’est plutôt « pourquoi se tirer une balle dans le pied dès la première revendication ?! ».
- « refonte des grilles indiciaires, avec un salaire d’entrée dans le métier à 2 500 € net pour les professeur·es certifié·es, CPE et Psy-ÉN (2 750 € pour les agrégé·es), et un gain indiciaire d’au moins 40 points à chaque changement d’échelon. »
C’est mieux, mais donc en deuxième point, et pourquoi ne pas faire plus « sérieux », plus entendable, en proposant le classique « plan pluriannuel de revalorisation » ?!
Vient ensuite la liste de tout ce qui tendrait parfaite la résolution de la « question salariale », avec en prime d’autres idées comme celle de la fusion de la CN avec la HC : c’est de toute façon ce qui est très probablement prévu par le gouvernement, et pas pour une amélioration. L’augmentation du taux d’accès à la CE. Ces deux derniers points étant dérisoires, à partir du moment où il n’y a de toute façon aucune compensation de l’inflation. Idem pour la suite : s’il y avait une priorité, c’est d’abord d’arrêter de perdre en niveaux de salaire tous les ans !
Et comme le volet de la question salariale semble être clos, je m’étonne de la non évocation de cette non revalorisation depuis un an déjà (2 % d’inflation) et prévue pour les deux années suivantes … ?!
Remarque : le titre « POINT D’INDICE : COMBIEN ? QUELLE VALEUR ? » est en décalage, car il n’en est pas question dans ce paragraphe, à part le graphique montrant l’évolution du PI depuis 1963, sans donc de lien avec le reste … ?!
Et à propos, il faut faire une remarque importante, qui donne lieu à pas mal de relativisation de nos pertes salariales : comparer nos pertes à l’inflation non compensées n’est qu’une possibilité. Car il faut rappeler que depuis plus de 30 ans les salaires du privé ont toujours augmenté en moyenne pus que l’inflation, tout comme le SMIC, d’ailleurs. Les enseignants sont donc d’autant plus déclassés lorsqu’on les compare aux salariés du privé. Mais il y a aussi ce qui me parait le plus pertinent : comparer les évolutions depuis 40 ans avec les personnels de cat A équivalents …
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Vient la partie consacrée aux contractuels, à la façon dont l’Etat veut les gérer, avec « À l’opposé, le gouvernement veut inscrire le recours au contrat pour les agents publics comme une modalité ordinaire, en concurrence avec l’emploi titulaire. En prônant la « souplesse managériale », il ne se cache même pas de vouloir disposer ainsi de personnels plus flexibles et soumis à la merci de l’administration. » Il y a de ça, oui, mais il semble évident qu’il y a aussi et surtout la volonté de mettre à terre les titularisations, et ce pour des raisons avant tout économiques !
Il y a alors retour sur les primes ! Et sur la volonté de les intégrer dans le salaire comme lors du PPCR, ok, et une partie très intéressante : « Avec la FSU, le SNES s’oppose aux projets récurrents d’individualisation de la rémunération : déjà en 2001, le comité interministériel de la réforme de l’État théorisait une rémunération en trois parties dépendant respectivement de l’indice, de la fonction, de la performance. La part discrétionnaire aurait alors crû considérablement, en dehors de tout contrôle. »
Il semble bien que la FSU fasse allusion à la RIFSEEP, ou une prime comparable ?! Mais qu’est-ce à dire, on pourrait croire que, contrairement à ce qu’il s’est donc passé pour la grande majorité des autres fonctionnaires, la FSU aurait donc bel et bien refusé l’instauration de cette prime ?! Ce n’est pas clair du tout, alors si quelqu’un pouvait nous éclairer …
Pour moi cette prime n’a JAMAIS été proposé aux enseignants, jusqu’à preuve du contraire ! D’ailleurs, le gouvernement a toujours proposé puis imposé, justement, donc on l’aurait eue …
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Et nous abordons le volet des pensions, avec la dernière phrase : « Si l’on doit réfléchir sur les retraites du public et du privé, ce ne peut être que sur la base d’objectifs convergents notamment en termes de taux de remplacement et de niveau de vie pour les futures retraité·es. »
Phrase qui fait apparaitre, si je puis dire, le manque important dans tout ce paragraphe : jamais il n’est question de pertes en niveau de pension … ?!
Car se baser sur le taux de remplacement ne peut qu’amener des raisonnements et résultats biaisés, surtout avec la méthode de calcul de notre pension, basée sur le dernier TI : trivialement, moins on aura eu de primes, et meilleur aura été notre taux de remplacement. Alors même que le TI aura pu ne quasiment pas évoluer, à euros constants, durant la carrière, avec des pertes salariales énormes si il y avait eu au contraire une augmentation progressive du taux de primes, et alors ensuite un taux de remplacement bien plus faible, mais au final une même pension !
Alors oui, prendre aussi en compte évidemment le « niveau de vie des futurs retraités », mais pourquoi ne pas vouloir justement aborder le sujet des pertes de pensions – plus énormes encore que les pertes salariales – qui auront donc justement fait chuter le niveau de vie des futurs retraités ? Il est facile alors de décréter, dans l’absolu, d’un « niveau de vie » qui serait acceptable ou non, en effaçant ainsi implicitement le déclassement de ces retraités sur plus de 30 ans … Pourquoi donc ?!
Il n’est donc alors pas surprenant que le SNES ne dénonce même pas cette pourtant évidente réalité : les pertes en futures pensions sont égales au niveau de l’inflation non compensée. Soit, rien que sous Macron, plus de 12 % de pertes déjà …
Page 18 : Interview d’Emilien Ruiz, historien

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« privilégier les primes plutôt que le traitement indiciaire produit des inégalités. Dans la catégorie A, par exemple, les primes sont limitées chez les enseignants, et élevées chez les non enseignants. Dans les années 1990- 2010, le pouvoir d’achat des premiers a ainsi diminué quand celui des seconds augmentait ». C’est bien le problème !
Il est dommage qu’E. Ruiz ne donne pas plus d’informations sur les décisions politiques prises concernant les rémunérations des enseignants, il n’en donne que les conséquences … Par contre la formulation « privilégier les primes plutôt que le traitement indiciaire produit des inégalités » est donc bien faite pour signifier une inégalité – un traitement discriminatoire – catégorielle !
Avec pour terminer le graphique montrant l’évolution de la dépense intérieure d’Education en pourcentage du PIB : contrairement à ce que laissent entendre les différents politiques du camp macroniste, on a bien eu des baisses régulières de cette part depuis 2000, hors crise des subprimes et Covid ... ou comment le sacrifice de l’EN publique se résume parfaitement en un seul graphique !
En faisant remarquer que, si la moyenne des rémunérations reste un peu au-dessus de celle de la catégorie B, et vu que notre progression salariale ne fait que s’aplatir, cela signifie que les plus anciens restent encore bien au-dessus et le resteront jusqu’à la retraite, par contre les plus jeunes resteront bien en-dessous pour le reste de leur carrière … à moins de se gaver de pactes !
Une conclusion …
Différents passages de ce dossier me donnent l’impression que tout est fait pour relativiser le fait de ne pas avoir, comme finalement le grande majorité des autres personnels de la FP, des primes qui auraient permis de compenser l’inflation depuis plus de 30 ans. Quitte à présenter en épouvantail la partie de primes qui serait « soumise à la pression hiérarchique », par exemple. Alors que non seulement cette partie de la prime existante – la RIFSEEP et sa partie le CIA – est très limitée, mais qu’en plus il se serait agi de ne demander que la partie fixe, l’IFSE … ou simplement une « prime de rattrapage » ?! Elle laisse même supposer, dans une formulation ambigüe, qu’elle aurait refusé l’application de cette prime pour les enseignants en 2001 … ?!
Ce serait plutôt le contraire : JAMAIS il n’a été prévu d’instaurer le RIFSEEP aux enseignants, et le SNES ne reconnait pas non plus une réalité qui serait dérangeante à reconnaître, et qui explique plus trivialement pourquoi les enseignants n’ont pas cette prime : depuis 40 ans déjà, la paupérisation des enseignants a permis justement de revaloriser d’autres catégories de fonctionnaires, à tour de rôle, en respectant un principe budgétaire érigé en dogme : maintenir la masse salariale de la FPE plus ou moins constante ! Et c’est bien en sacrifiant salarialement ceux qui représentaient, et représentent encore, plus d’un tiers de la FPE que cela était possible !
Le SNES laisse donc plutôt à penser que c’est finalement une bonne chose que de ne pas avoir de primes, quitte à éluder une réalité qui interfèrerait négativement avec ce « récit », où il est sciemment « oublié » que la grande majorité des fonctionnaires touchent cette prime qui aura compensé beaucoup de choses, dont surtout cette fameuse RIFSEEP.
Et je crois que c’est finalement la meilleure façon d’endormir ses syndiqués sur cette « question salariale », que de les soumettre à une revendication salariale unique : de l’indiciaire sinon RIEN ! Et comme c’est « rien », ce n’est pas grave, parce que si c’était les primes, ce serait limite pire que RIEN !
Je comprends mieux l’état d’esprit des syndiqués FSU dont souvent cette relativisation transparait, je comprends mieux aussi pourquoi on en est là, je comprends mieux comment on endort plus facilement, comment les choses ne peuvent pas changer dans ces conditions …