16 Octobre 2020, Conflans-Sainte-Honorine. Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie au collège du Bois d'Aulne, est assassiné puis décapité par un jeune homme âgé de 18 ans, Abdoullakh Anzorov. Depuis ce terrible attentat, maints symboles furent érigés. Samuel Paty fut nommé Chevalier de la Légion d'Honneur, son fils sera élevé au rang de Pupille de la Nation, des lieux se verront renommés en son honneur, etc...
Hier, Dimanche 16 Octobre 2022, deux ans après ce drame, d'autres "hommages anniversaires" lui furent rendu. En voici quelques-uns de nos politiciens : Jean-Michel Blanquer, ancien Ministre de l'Éducation Nationale ici, Pap Ndiaye, actuel Ministre de l'Éducation Nationale là, et Emmanuel Macron, actuel Président de la République là.
Les hommages en eux-mêmes sont un "passage obligé" pour eux. S'iels en avaient fait l'économie, nous les aurions pointé du doigt. Mais est-ce vraiment ce que mérite Samuel Paty ? Lui, que l'on décrit comme un héros, ce professeur qui, avec force et courage, a fait de son mieux pour élever ces élèves, au-delà de l'obscurantisme dans lequel veulent nous voir sombrer les intégristes religieux...
Tout cela n'est rien d'autre que vaines paroles, vides de réel sens, poudre aux yeux. Ces mots tiennent plus d'une tentative de se donner bonne conscience que du réel hommage. Samuel Paty n'était pas un héros, c'était un professeur comme les autres, un humain comme nous, victime de ce qu'il peut y avoir de plus abject en nous. Que nous lui rendions hommage, c'est tout naturel, mais si c'est à coup de piètres symboles, il sera mort en vain.
En deux ans, qu'avons-nous fait ? Qu'a fait notre gouvernement ? Elleux, qui sont "au-dessus" de nous, qui de part leurs pouvoirs, ont la possibilité de changer les choses, elleux qui sont censés nous représenter nous, le Peuple ? Qu'ont-iels faits ?
Iels ont rendu hommage. Prononcé de bien belles paroles, loué ce "soldat de la laïcité" tombé au combat en défendant les valeurs de notre nation. Iels ont élevé l'homme au rang d'icône, de modèle... Mais à nouveau, il ne s'agit là que de mots.
Les Suffragettes usaient en leur temps de ce slogan "Deeds, not words" soit "Des actes, pas des mots".
Quels sont donc les actes de notre gouvernement pour éviter qu'un tel drame se reproduise ? Redorer le blason de l'enseignement pour que les professeur·e·s accèdent au respect qu'iels méritent ? Accorder de nouveaux moyens à nos éducateur·rice·s pour nous protéger contre l'intégrisme religieux ? Améliorer leurs conditions de vie pour qu'ils puissent être au maximum de leurs capacités dans leur travail ? Non. Non et non. Mille fois non, et encore non.
Iels auraient pu le faire, iels auraient dû le faire. Mais comme à chaque fois, avec ce gouvernement qui force plus qu'il ne marche, les réponses ont été bien différents.
La répression, l'amalgame, la stigmatisation... Tels sont leurs actes, leurs réponses. Iels n'aident pas les victimes, iels punissent les "coupables". Iels ont entretenu la confusion entre "musulmans" et "islamistes". Iels ont empoisonnés nos esprits, nous ont fait basculé dans la division, nous ont poussé à nous entre-haïr les un·e·s et les autres. Iels ont alimenté la doctrine du pire, du tous contre tous. Iels ont laissé l'extrême-droite prendre de plus en plus de place dans nos vies, pire encore, leurs ont même fait la courte-échelle ! Et aujourd'hui, beaucoup trop parmi nous ont peur de certain·e·s des nôtres. Mais de quoi avoir peur ? D'une couleur ? D'une culture ? Non, d'une idée. Une idée fausse. Cette idée que l'Étranger n'est pas comme nous, ne peut être comme nous. Et cette idée, d'où vient-elle ? De l'autre côté du barrage !
En ce lendemain d'hommage à "Monsieur Toutlemonde", je ne puis penser à autre chose qu'au "choix" que l'on nous a imposé en ce 24 Avril 2022. Un choix, un droit, que la majorité des nôtres ont refusé. Et pour ceux qui on choisit de faire ce choix, vivant ce droit plus comme un devoir qu'un réel droit, qui ont fait barrage, la désillusion est là, une nouvelle fois. Iels ont voté contre le fascisme et iels écoutent nos dirigeants prononcer de belles paroles, mais aucun acte concret pour faire reculer l'extrême-droite.
Car c'est là qu'est le danger qui nous guette. À notre extrême-droite que tant de pseudos-intellectuel·le·s ont banalisé, à qui tant de médias ont tendu le micro, à qui nos politiciens ont permis l'installation massive jusque dans notre assemblée nationale. Ce 16 Octobre 2020, c'est des mains de l'extrême-droite que mourrait Samuel Paty. Une extrême-droite que "notre extrême-droite" ne voit pas comme telle. Pour elleux, ce jeune homme n'est qu'un "étranger de plus". Mais non ! C'est un jeune homme d'extrême-droite. Une extrême-droite plus religieuse que nationaliste, mais une extrême-droite quand même. Une extrême-droite qui nous pousse vers la division, vers la haine de notre prochain. Une extrême-droite qui trouve, en notre gouvernement cynique, un formidable allié. Un allié qu'iels détestent par principe, mais un allié véritable.
Mais, ce 16 Octobre 2022 n'était pas que le jour hommage à Samuel Paty. Ce jour-là, à Paris (et aussi ailleurs en France), une marche contre la vie chère et l'inaction climatique a eu lieu.

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Bien qu'ayant pour base ces deux mots d'ordre, cette marche fut aussi une marche contre le fascisme, pour le féminisme, contre les "gifles", etc... Bref, une marche pour plus d'égalité, de justice, de dignité. Une belle marche.
Mais à droite de l'échiquier, on trouve le peuple laid, on trouve la gauche vulgaire. Poussant leur mauvaise foi loin, très loin, iels sont allés jusqu'à instrumentaliser la mort de Samuel Paty pour dénigrer cette marche.
S'iels avaient vraiment à cœur les intérêts de notre nation, iels auraient joint la marche, emmenant avec elleux l'hommage à l'enseignant, comme d'autres ont profité de cette marche pour dénoncer plus que la vie chère et l'inaction climatique. Mais non, iels ont montré du doigt, hué, conspué les marcheurs. Iels les ont pris de haut, se moquant de leur "faible nombre". Que ces marcheur·euse·s aient été 30 000 ou 140 000, qu'importe. Iels étaient là, fier·e·s, la tête haute, à se battre pour eux, pour les autres, pour nous, pour TOUS.
Une marche pour TOUS est un bien meilleur hommage que les mots creux des politiciens. La mémoire de Samuel Paty est bien plus vivace parmi la foule des marcheur·euse·s que parmi le désert des "sachants" immobiles. Car oui, lutter contre la vie chère lui rend hommage ! Lutter contre l'inaction climatique lui rend hommage ! Lutter contre le patriarcat lui rend hommage !
N'en déplaisent à ces méprisant·e·s, nos causes n'ont pas à être antagoniques. Notre force est le nombre, et c'est dans l'union que nous pourrons le plus être entendus. Toutes les luttes qui méritent d'être menées ont leurs place dans toutes nos marches, nos manifestations, nos grèves. Ielles veulent nous diviser ? Nous resterons solidaires. Nous n'abandonnerons aucunes luttes sur le bord du chemin sous prétexte qu'elles bousculent le confort de certain·e·s. Nous ne marchanderons pas avec l'extrême droite, nous n'ignorerons pas l'impuissance de la droite à combattre le fascisme.
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !