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Billet de blog 19 septembre 2022

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Journalisme et vie privée - L'affaire Quatennens

Tentative de compréhension de l'article du Canard Enchaîné sur "l'affaire Quatennens". (premier billet oblige, veuillez m'excuser pour le côté brouillon et s'il vous plaît, soyez indulgents)

Éric SKWÉRÈS

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Commençons par un peu de contexte :

Céline Quatennens et son mari Adrien voient arriver un divorce à l'horizon. Ressentant le besoin de se "prémunir en cas de litige autour de ce divorce", elle décide de déposer une main courante, en précisant ne vouloir "ni porter plainte, ni suites judiciaires". Puis dans un communiqué commun des deux époux, il nous est précisé que "faire fuiter dans la presse le contenu d'une main courante, contre la volonté clairement exprimée de la personne l'ayant déposée" n'était donc pas du tout l'intention de Madame Quatennens.

Communiqué disponible sur le Twitter d'Adrien Quatennens, en cliquant ici.

Faisant fi de ce souhait, Le Canard Enchaîné a décidé de rendre publique cette information, exposant ainsi, contre sa volonté, Céline Quatennens à la vu et au jugement de tous. Un choix qui, je l'espère, a longuement été débattu en interne, avant que l'article ne soit publié.

L'article en question :

Illustration 1

Si j'ai bien compris le fonctionnement de Mediapart, pour qu'un article y soit publié, deux conditions doivent être requises :

- que les informations révélées soient vraies ;

- que les informations révélées soient d'intérêt public.

Je vais donc essayer d'analyser cette article dans un premier temps, selon ces conditions, et dans un second temps, selon la légitimité/la pertinence de l'article en question.

Dans le cas présent, les informations révélées sont vraies, et d'ailleurs reconnues par Adrien Quatennens lui-même (ce qui ne l'excuse en rien, ne fait pas non plus de lui quelqu'un de courageux, il n'a fait que le strict minimum), et puisqu'elles concernent un élu de la République, elles sont d'intérêt public.

Cependant, qu'en est-il de la pertinence et de la légitimité de ces informations ?

Que nous apprend vraiment cet article ?

"Adrien Quatennens, est soupçonné de s'être livré à des violences conjugales"

"Céline Quatennens [...] affirmait [...] ne vouloir "ni porter plainte ni suite judiciaire""

"Sandrine Rousseau va sûrement applaudir"

Nous avons donc, dans l'ordre, des faits d'une extrême gravité commis par un élu de la République, un non-respect de la parole de la victime et une pique à l'encontre de Sandrine Rousseau dont je ne comprends toujours pas pourquoi le palmipède la mêle à cette histoire.

Autrement dit, un travail digne de Twitter, mais totalement indigne d'un journal, qui plus est d'un journal comme le Canard Enchaîné, dont on est en droit légitime d'attendre plus que ça.

Pourtant, je pense qu'un article était bel et bien nécessaire, mais pas CET article.

J'en arrive donc à la question qui me trotte dans la tête depuis la lecture de l'article, pourquoi avoir publier un tel article ?

Un élément de réponse possible me semble trouvable du côté de l'emploi fictif par Le Canard Enchaîné de l'épouse d'un ancien dessinateur de l'hebdomadaire. Plus d'informations à ce sujet dans ces articles :

Le Monde

Mediapart

Ce qui me dérange dans cette affaire, c'est la réponse qu'en a apporté le palmipède, à savoir qu'aucune victime ne souffrait de cet emploi fictif, alors que j'en vois de bien nombreuses pour ma part, à savoir chaque personne ayant les capacités et la volonté de remplacer ce dessinateur, ce qui doit représenter un nombre assez conséquent de gens.

Choisissant donc de traiter ce sujet "par-dessus la jambe", Le Canard Enchaîné n'a pas brillé, et s'est donc vu pris dans une polémique qui, pour un journal pareil, risque de laisser dans les années à venir, une trace indélébile.

C'est donc dans cette trace que je pense trouver un élément de réponse, ou tout du moins, une question à laquelle j'espère trouver une réponse. À savoir, serait-il possible que, Le Canard Enchaîné, pour tenter de faire oublier cette polémique et prouver qu'il reste un vrai journal d'investigation, se soit donc empressé de sortir cet article, sans prendre le temps de lui accorder le sérieux que mériteraient pourtant de telles informations ?

C'est donc sur cette question, pour le moment sans réponse que s'achève ce billet, dans l'espoir de lire les commentaires de quelques-un·e·s qui m'aideront à éclairer ma lanterne.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.