Ce texte est la traduction d'un article paru en ligne sur le site de l'hebdomaire allemand "Die Zeit". L'article est si pertinent et si édifiant que je n'ai résisté à l'envie de le traduire pour vous. Elle, cette traduction, a été faite à la cantonade, vous en excuserez les éventuelles imperfections.
Tout ça a brusquement changé à la fin du mois de juillet, après que le médecin américain blanc Kent Brantley ait été infecté par le virus Ebola. Le tabloïd allemand, Bildzeitung titrait à sa une "le gentil docteur et le méchant virus. Un américain infecté par le virus Ebola alors qu'il soignait des enfants au Libéria !". Brantley a été expatrié aux Etats-Unis et a été traité avec un médicament jusqu'ici pas certifié. Il a survécu puis s'est présenté à la presse en adressant ses remerciements à Dieu, aux médecins et à toute l'équipe soignante. C'était de forts moments médiatiques, qui ont consacré plusieurs pages dans les journaux et ont provoqué des interviews dramatiques mettant en scènes le médecin et son épouse ("j'ai vu comment il s'occupait des malades sur lesquels on avait déjà diagnostiqué le virus d'Ebola et je savais comment ça se terminerait, je savais que tout le monde en arriverait là". L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'ouest a provoqué avec le cas de Kent Brantley un véritable séisme médiatique.
Presque simultanément, au même moment où Brantley était évacué le célèbre virologue libérien, Cheik Omar Khan, l'expert le plus connu du virus Ebola au Libéria mourrait. Sa mort a été annoncée en seulement quelques lignes. Le blanc fait l'objet de toute l'attention, le noir pas du tout. Le blanc était visible, le noir ne l'était pas. Le blanc a survécu, le noir non. On pourrait résumer ainsi cette histoire pourtant elle serait incomplète.
Parce que la distance entre "eux" et "nous" n'est pas seulement comprise comme celle séparant l'Occident de l'Afrique. Les pronoms "eux" et "nous" existent aussi à l'intérieur des sociétés africaines touchées. Parce qu'il existe un fossé entre les élites locales et les populations.
Traduit par Eric Tchuitio Tanké