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Billet de blog 6 mai 2008

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Pour Francine

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Frédéric H. Fajardie est mort le 1er Mai 2008. Beaucoup ont souligné l’ironie du sort d’un auteur de roman noir attaché à la lutte des classes, aux épisodes révolutionnaires, au monde du travail, aux humiliés des bagarres économiques. Fajardie a commencé à écrire à l’extrême fin des années 70. Comme beaucoup, il a connu une légère éclipse durant les « années d’hiver » des 80’s pour revenir, éclatant, avec les premières contestations sociales des années 90.

Auteur monstrueusement prolifique, dont on peut préférer l’œuvre noire à ses dernières reconstitutions historiques, dont on aimerait nuancer quelques assertions politiques à la hache, Frédéric Fajardie n’a eu comme dédicataire de son œuvre qu’une seule personne, une femme, sa femme, épousée en 1978 : Francine.

Nous sommes sans doute quelques-uns à avoir lu Fajardie adolescents. A avoir rêvé, comme dans ses romans, faire sauter à la dynamite les salauds qui avaient humilié un ouvrier, à aimer son commissaire Padovani et sa cohorte d’inspecteurs gauchistes, à apprécier les Dodge et les grosses bagnoles américaines que seul Jean-Pierre Melville savait filmer, à avoir cru que la vitalité d’un petit nombre pourrait changer le monde, à avoir ressenti le frisson romantique de l’activisme littéraire.

Ce matin, je ne peux m’empêcher de penser : Et Francine ? Nous ne l’avons jamais vue et nous l’aimons par cette drôle d’accoutumance avec les romans de Fajardie. Francine, l’Egérie légère qui montre ses bas. Francine, l’amour éternel, la force désirante et désirée. Francine a perdu le créateur qui lui a dédié plusieurs dizaines d’ouvrages. La longue et méchante maladie de Fajardie nous a privés de Francine à jamais.

Dans les nombreux hommages qui tenteront d’ensevelir la hargne de Fajardie, il manquera toujours un peu de cette peine infinie que les lecteurs de Frédéric ont eue à perdre Francine.

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