Je fais le serment, en compagnie de tous ceux qui voudront bien, de voter pour le candidat qui inscrira cette mesure de salut public à son programme et s’engage à désigner un ministre des farces et attrapes dont le rang protocolaire précéderait celui du ministre des us et coutumes.
Il n’aura pas échappé à ceux qui font semblant de s’intéresser à l’actualité, que la campagne pour les élections présidentielles bat son plein. Pour la séquence en cours, les candidats ont anticipé à de multiples reprises sur le premier avril, raison de plus pour le rendre férié. S’il le devenait, en échange de quelque autre dont la signification échappe à la plus grande part de la population, il faudrait le mettre à profit pour organiser le premier tour des élections. Ce serait, pour une fois seulement, un petit décalage. Ne pas tenir ses engagements pendant 59 mois au lieu de 60 ne serait pas préjudiciable au bon fonctionnement de la démocratie.
De mauvais esprits tiennent la démocratie pour une farce que les puissants jouent aux faibles. Ils n’ont pas entièrement raison. On ne saurait mieux mettre en valeur sa possible utilité qu’en désignant, au bon soin d’une primaire mitoyenne, un candidat chargé de l’ancien rôle de bouffon. Avec un candidat disposant de ce titre officiel, les autres seraient dispensés de tenir ce rôle.
On ne voterait pas directement pour ce personnage, il serait crédité des voix des abstentionnistes inscrits sur les listes électorales. Le rôle de la primaire serait de choisir un candidat suffisamment répulsif pour que le risque de le voir élu détourne les citoyens de l’abstention.
Supposons que cette importante réforme soit déjà applicable (je plaide coupable, je ne l’ai pas proposé à temps) et que la primaire ait désigné Bernard Tapie ou Robert Hue. Nous serions contraint de nous pencher sur les personnalités qui se présentent à nos suffrages, et en cherchant bien, y trouver de quoi provoquer notre enthousiasme.
Tenez, au hasard, prenons Macron. Il ne nous surprend pas, il fallait bien que l’indigence de la pensée politique accouche un jour d’un candidat qui fasse de l’indigence son programme, il ne fallait pas sortir de St Cyr pour comprendre que c’était l’avenir. Sans le bouffon, vous vous dites : il est candidat c’est son droit, mais que tant de gogos qui se disaient dégoutés de la politique adhèrent à un projet qui se propose de persister en un peu pire dans le genre de politique qui les en a dégouté vous laisse pensif. Vous ne creusez pas davantage, le 23 avril, vous restez chez vous. Avec le bouffon, vous n’avez pas le choix, il faut choisir. Vous vous penchez sans intérêt mais consciencieusement sur les autres candidats et cette recherche vous conduit fatalement à découvrir ce que vous ignoriez, par fier dédain, et à prendre fête (du 1 avril) et cause (toujours) pour un sauveur.
Je reconnais que l’exercice serait difficile. Vous avez également remarqué que par un assez curieux phénomène de sélection surnaturelle, les candidats dits principaux, à l’exception de celui qui rime avec peine, avec haine, portent tous des patronymes dont la terminaison consonnent avec ce qu’ils pensent de leurs électeurs. Pas besoin de les écouter longtemps pour entendre que lorsqu’ils évoquent leurs « concitoyens » ils prononcent les quatre syllabes de ce mot mais n’en pensent que la première. Et les candidats dits petits ne sont pas en reste. Tout de même ne les mettons pas tous dans le même panier. Il faut en sortir Jean Lassale, Il force notre respect. Dés que j’aurai créé, comme j’en ai la ferme volonté depuis 20 ou 30 ans, le PVC, le seul parti à ne pas pratiquer la langue de bois, je le solliciterais pour en être membre d’honneur. Il s’agirait avec ce Parti des Vieux Cons, de refuser de se faire refiler n’importe quoi sous couvert de modernité. La vraie, la seule modernité, c’est le premier avril férié.
Justement un poisson à accrocher dans le dos de Robert Hue, avant de vous mettre En Marche pour la journée. Pourquoi soutient-il Macron ?
Parce que macron à la noix de coco, bien sûr.
Vous aller me dire que c’est pas bien madelin de faire des jeux de mots sur les noms mais c’est pas bien méchenlon non plus.