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Billet de blog 13 mai 2013

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La société est morte, vive la société!

Je suis venu sur Médiapart avec l’arrière pensée de trouver un lieu pour débattre des idées exposés dans le second texte de ce blog. Je n’en écrirai pas d’autres avant plusieurs mois, d’où l’appellation de Monoblog. Que je ne puisse pas, à moi seul, corriger le dévoiement de notre relation au temps qui, sous le joug de l’instantané, nous éloigne de notre humanité faite d’un chevauchement de longue vies et de longues gestations, n’empêche pas de pratiquer pour soi et de se faire prosélyte d’une autre façon d’aborder le temps, d’aborder l’espérance dont il constitue la matière première.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis venu sur Médiapart avec l’arrière pensée de trouver un lieu pour débattre des idées exposés dans le second texte de ce blog. Je n’en écrirai pas d’autres avant plusieurs mois, d’où l’appellation de Monoblog. Que je ne puisse pas, à moi seul, corriger le dévoiement de notre relation au temps qui, sous le joug de l’instantané, nous éloigne de notre humanité faite d’un chevauchement de longue vies et de longues gestations, n’empêche pas de pratiquer pour soi et de se faire prosélyte d’une autre façon d’aborder le temps, d’aborder l’espérance dont il constitue la matière première. L’espoir n’est pas un horizon, c’est un organe vital qui nous fait jouir de notre pensée maintenant, il ne peut subsister sans être irrigué par le temps. Tout concoure aujourd’hui à nous pomper le temps, le sang de l’esprit.

Est ce le meilleur endroit alors qu’il semble que l’esprit Front de gauche si ce n’est le Front de gauche lui même est omniprésent sur ce site et risque de le verrouiller ?  Je ne peux pas le dire actuellement mais j’ai pu vérifier, en produisant quelques commentaires décalés, que les lecteurs de Médiapart ne sont pas unanimes. Certains d’entre eux sont là pour utiliser un outil d’expression dont la conception rend difficile son complet accaparement par une seule tendance idéologique. La faiblesse numérique de ce noyau de lecteurs libres lui fait courir le risque de l’extinction par abandon de la place, surtout si Edwy Plenel persiste dans le ton de son article précédant la manifestation du 5 mai. Ce serait dommage, car il ne fait pas de doute que c’est au sein de ce noyau – tel qu’il est présent ici et ailleurs – que peut naître une véritable réflexion sur l’engagement, une force pour déciller les yeux de ceux qui, constatant les trahisons de la gauche, en déduisent qu’il faut revenir aux conceptions antérieures à ces trahisons alors qu’elles ont creusé le chemin qui ne pouvait conduire ailleurs qu’à la trahison. Le renouvellement à gauche est indispensable mais pas plus qu’il ne peut se contenter de corrections à la marge du libéralisme, il ne peut renouer avec l’idéologie du grand soir.

Le ton employé ici peut paraître bien assuré. Il est loin de l’être, il croque avec ardeur dans quelques bouts de réalités mais sa quête est plutôt animale, plutôt celle d’un sanglier qui cherche sa pitance avec son groin que celle d’un politologue qui la trouve de colloque en colloque.

C’est pourquoi toutes les rencontres sont possibles, y compris avec ceux qui se trompent, y compris avec ceux qui nous trompent. L’humanité est une et indivisible, sa merveilleuse incandescence spirituelle, son effroyable goût pour le meurtre, son accablante soumission aux objets, sa belle générosité, sa présence sont le patrimoine commun de chacun de nous. Nous sommes le bien et le mal, nous sommes de droite et de gauche, nous sommes autoritaires et fraternels. Ces tensions ne sont pas paralysantes. Acceptées (sans être nécessairement entièrement décryptées) elles permettent le recours nourricier à de multiples sources d’apparences contradictoires, par exemple, en relation avec ces tensions, la dialectique marxiste et l’idée de péché originel.

Le titre de ce pré-texte emprunte une formule qui sous la forme «le Roi est mort, vive le Roi», signifiait rupture et continuité, mort et vie, vanité de l’individuation. Nous sommes dans le moment d’une telle rupture, tout est à refaire, rien de ce qui nous a fait n’est à nier.

Les propositions qui suivent pour aborder cette rupture, dont la nécessité est  unanimement reconnu en même temps que la certitude de notre incapacité à la conduire sans énormes catastrophes, seront jugées simplistes tant elles sont simples.

Elles sont simples, elle font appel à l’esprit de mesure, elles ne proposent pas de destruction radicale. Elles seront jugées utopiques car la mesure est la radicalité la moins admissible, la plus nuisible à ceux qui jouissent sans entrave de nos faiblesses et sont, je le redis, membre à part entière de la communauté. Plus encore, expression la plus vive, dessin le plus visible, des failles de cette communauté. Assembler les hommes et leurs histoires dans un grand tout n’oblitère pas le regard sur les fossés qui le traverse. Pour faire simple (encore) je synthétise ces fossés sous cette formule : nous sommes passé d’une société du dressage à une société de l’élevage. Je ne peux développer maintenant cette idée. Comme toutes les grilles de lectures elle présente l’inconvénient que son application sur le réel délimite des cadres qui semble correspondre à une peinture exacte de la société car nous confondons volontiers la limite de nos pensées avec celles du paysage. Mais enfin cette conception trouve tant d’échos dans la réalité que cette grille me semble plus descriptive que d’autres. Les acteurs de l’élevage sont les éleveurs et les troupeaux, le moyen principal est la clôture. Cette grille permet de faire le tri de la plupart des actions humaines : sont elles plutôt émancipatrice des troupeaux ou plutôt perfectionnement de leur clôture ? Dans bien des cas elles sont à la limite des deux, c’est l’affaire de presque rien. Aussi si simple, si rustique que soit ma réflexion, elle s’alarme souvent de choses d’apparence secondaires et qui ne le sont pas lorsqu’elles signent l’appartenance à l’une ou l’autre des formes d’action vue sous cet angle.

Nous reparlerons de tout cela si quelques personnes ont envie d’en parler. Je vais essayer pendant quelques temps d’attirer ici des lecteurs qui voudront bien prendre le temps de lire le court manifeste qui suit. Je ne vous fais pas le coup de la contribution au smilblick, nous verrons bien. J’ai juste envie d’être là, quelques temps, avec à la main mon petit drapeau blanc, envie de participer à la grande et indispensable négociation de paix sociale qui commence. J’espère des commentaires assez nombreux (avec le temps) et assez riches pour permettre une réécriture collective de ce petit manifeste. D’avance mes amicales salutations à ceux qui voudront participer, en particulier à ceux dont les désaccords argumentés m’aiderons à progresser.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.