Mais, pure vanité sans doute, je veux encore tenter quelque chose avant de retourner à un silence qui ne m’effraie pas, c’est la substance première de la vie. Mon intention est de proposer la création d’un PVC. P pour parti, les deux autres soumis à la perspicacité des éventuels lecteurs avant l’éclaircissement, objet du prochain post. Je donne quelques pistes, ce n’est pas Parti Vraiment Communiste ni Parti de la Vie Courante.Le PVC aura pour objectif et pour mission, grâce à l’expertise attestée par son sigle, de dresser la liste des gadgets politiques en matière plastique, et surtout de débusquer le père Ubu répandu dans tous les autres partis. La tâche est sérieuse, urgente, elle requiert un groupe un peu étoffé de gens bien décidés.
Avant cela, l’épisode Hamon m’a suggéré le texte précédent. Le léger ébranlement du PS mérite attention et si aucune illusion n’est possible sur le retrait de Mélenchon, on peut agir sur une partie de son électorat pour qu’il préfère un pas dans la direction qu’il souhaite plutôt que deux dans la direction contraire avec Macron, trois avec Fillon, quatre avec Le Pen.
Je suppose que les très irritables militants du Front de Gauche qui répandent ici leur diatribes répétitives ne sont pas représentatifs, que la majorité des membres de ce parti pense et s’exprime avec mesure et respect pour ses interlocuteurs, a des idées bien arrêtés sans croire que ceux qui n’ont pas les mêmes sont nécessairement des crapules. Il n’empêche que la colère, qui a toujours nuit à la cause sociale, maintenant qu’elle dispose du fameux «temps réel» fait plus que lui nuire, elle la détruit radicalement. L’emportement est toujours plus prompt, plus inspirant, plus prolixe, plus étouffant.
Il s’en suit que le recours aux réseaux sociaux dans lesquels les journalistes ne cessent de puiser de l’information revient à ne connaître et comprendre de l’opinion que ce que l’on comprend de la circulation en observant les deux ou trois pour cent d’excités qui klaxonnent pour deux secondes de ralentissement et éventuellement jaillissent en fureur de leurs voitures sous le prétexte le plus futile.
La colère est nécessaire, elle devrait être le foyer intime qui introduit dans l’émerveillement de vivre, duquel ne peut se passer l’engagement pour un monde meilleur, un devoir de résistance aux renoncements. Exposée comme elle l’est aujourd’hui, outre qu’elle témoigne d’un manque de tenue qui en annonce d’autres, elle devient une addiction. On a absolument besoin d’un fournisseur, d’un ennemi. Notre peur de le perdre lui dénie le droit d’évoluer. C’est un traître, ce sera toujours un traître. Il faudrait s’attarder sur cette rhétorique du traître qui permet d’évacuer tant de questions qu’il est confortable de ne pas se poser : pourquoi les « valeurs » de gauche sont systématiquement préemptées par des «traîtres »? Quels sont les caractères de l’humanité qui font que la bonté n’y pénètre pas comme un âne dans un moulin ?
On ne peut pas définir le mélenchonisme par la seule colère mais il ne fait guère de doute qu’elle en constitue un ingrédient fait pour neutraliser durablement l’action politique. La colère ensemence les vastes champs du monde numérique, elle y fait un bruit qui donne aux propos modéré (ce qui ne signifie pas dépourvus de conceptions radicales) la même chance que celle d’entendre et comprendre Mozart à coté d’un marteau piqueur. Faut il s’étonner que Mélenchon, comme tous les autres, ne prononce pas un mot sur cette situation, sur notre aptitude à accepter l’inacceptable, à la nier en qualifiant de «vieux con » ceux qui la dénonce au motif qu’il faut «vivre avec son temps» ? La question n’est pas d’être pour ou contre le déchaînement de la liberté d’expression, qui endiguerait un tel raz de marée ? Elle est de situer la politique dans un autre espace qui offre un contre point, une source d’équilibre avec des forces incontrôlables. Faire de la politique en courant derrière la réalité c’est aller à l’encontre de ce qu’elle devrait être. Le «dégagiste» Mélenchon (et son hologramme) est sur la même ligne que les autres, il met ses pas dans ceux de machineries technologiques dont le but à peine inavoué est de soumettre l’humanité à l’élevage.
Le but de la politique est de lui proposer l’élévation. Elever, le même mot, deux démarches radicalement différentes. Dés qu’ils sont dominants et sans contrôle, l’état, la religion, l’entreprise ou la technologie tendent à élever selon le premier sens. Le rôle de la politique n’est pas de luter contre ces instances mais d’offrir aux personnes les moyens d’être d’en être indépendantes. La colère empêche une vraie culture autour de ce fondement de la vie commune, elle contribue à ce que rien ne change, la manière Mélenchon est une garantie, entre autres, de tranquillité pour les asservisseurs.
Est ce bien utile de dire ces choses ? Il faut forcément en douter. Alors je joue aux dés la publication de mon appel à former le PVC. S’il ne se manifeste pas au moins deux personnes qui désirent en prendre connaissance, je le laisse au fond de ma poche.