Tandis qu'Ursula von der Layen et l'équipe de bras cassés qui compose la délégation européenne (c'est à dire les commissaires européens) est à Kiev pour "réaffirmer le soutien de l'Europe à l'Ukraine" , il n'échappe à personne que cette visite fut-elle nécessaire pour garantir la paix aux européens par le biais de l'Ukraine porte en revanche une résonance sociale pour le moins ambiguë : il s'agit aussi de réaffirmer la voie libérale que devront emprunter les ukrainiens au moment de la reconstruction de ce pays.
La lutte contre la corruption -indispensable dans un état de droit et pourtant gangréné par une culture politique indigente- est la face émergée d'un iceberg ultra libéral qui masque une volonté de saper les droits sociaux sur le continent européen.
Les français (mais à n'en pas douter une bonne partie des travailleurs européens) sont pris au piège d'une philosophie mortifère qui consiste d'une part à soutenir leur gouvernement dans cette guerre où la violence d'un état dirigé par des voyous cleptocrates (voir l'excellent livre de Catherine Belton : "Les Hommes de Poutine") et d'autre part à les combattre sur leur propre sol (moins la guerre) dans une lutte sociale inégale. Il suffit de lire l'article (dans ces mêmes colonnes) sur les grèves au Royaume Unis mais aussi de se "pencher" sur l'état actuel du troisième pilier institutionnel que sont les forces sociales ou tout simplement les travailleurs de toutes générations confondues. Que ce soit l'Espagne (où Sanchez est particulièrement impopulaire), l'Italie ou l'Allemagne il n'échappe à personne que le rouleau compresseur de la Commission européenne est là pour nous rappeler que l'harmonisation (doux euphémisme pour un nivellement par le bas) des régimes de retraites ne doit souffrir d'aucun retard au calendrier de l'ordolibéralisme dut-il y avoir une guerre au porte de cette Union.
Poutine a quant à lui déjà sabré les régimes de retraites des travailleurs russes et un accroissement des inégalités dans ce pays où une minorité pioche allègement dans les richesses naturelles de ce pays pour mieux se remplir les poches et acheter qui des yachts, qui des villas, qui des châteaux en Italie, aux iles Vierges, en Espagne, aux Emirats...et en France.
Pourquoi dès lors, ne pas clore ce chapitre cynique et indigne et vendre une fois pour toute ces biens et en faire bénéficier les victimes de cette guerre (les Ukrainiens), renflouer (si tant est qu'on veuille nous le faire gober) les régimes de retraites des pays "à harmoniser" et soutenir une véritable politique d'éducation pour les futurs générations de jeunes russes dont les cerveaux passent à l'essoreuse jour et nuit. Mais également mettre en œuvre un mieux disant social en Europe en imposant des normes sociales qui tournent le dos à l'hypocrisie ambiante.
J'en veux pour preuve, les ouvriers ukrainiens contraints de choisir entre des patrons baltes prêts à les embaucher au noir ou quémander des aides sociales. Cela se passe aux Chantiers de l'Atlantique à Saint Nazaire.
Dès lors le livre vert sur le vieillissement publié début 2021par la Commission Européenne est une mine d'or pour qui voudrait enfin distinguer entre une politique sociale souveraine dont le COR serait par la publication de ses rapports le garant et surtout l'alibi et une technocratie aveugle dont les modèles philosophiques sont Margaret Thatcher, Ronald Reagan, Gerhard Schröder, Sarkozy et Hollande (et sa loi travail).
Cette "convergence des luttes" entre la Commission et les chefs de gouvernement est bien plus concrète que la convergence des luttes entre forces sociales.
Pages 16 & 17 de cet opuscule, il y est bien précisé que l'orientation voulue pour l'age de départ en retraite des travailleurs européens devrait être de...70 ans.
Bonne lecture
livre vert vieillissement